Une des affirmations les plus répétées sur l'avenir de l'internet est que demain nous disposerons d'une connexion haut débit en toute situation (Always Online Real Time Access) et que cela transformera la manière d'envisager les applications (propos, par exemple, par Tariq Krim, le CEO de Netvibes à l'IE Club, le 26 sept 2006).
Une telle affirmation me parait très incertaine pour plusieurs raisons :
- Les connexions fixes existantes ne diposent déja pas du niveau de qualité satisfaisant.
- Nous bénéficions avec l'ADSL d'une connexion haut débit peu chère et largement accessible, par contre la qualité de service n'est pas managée. Les fournisseurs d'accès pourraient s'engager sur la disponibilité technique de la connexion (maintien et remise en service de la ligne et débit physique assuré) mais ils ne peuvent s'engager sur la disponibilité de la bande passante pour les applications qui la consomment. Cela nécessiterait soit une gestion de bout en bout de la chaîne par l'opérateur (certain y pensent et considèrent que leur valeur ajoutée est là car ils sont les seuls à pouvoir le réaliser) ou alors que la qualité de service soit intégrée nativement dans les protocoles de connexion de bout en bout (ce qui est attendu de IPV6).
- La conséquence de cela est que nous ne bénéficions pas d'une qualité constante de connexion. A l'image des applications locales qui continuent de "ramer" avec l'augmentation continue de la puissance des PC, l'augmentation continue de la bande passante n'empêche pas la consultation internet d'être parfois désastreusement lente. Les capacités ouvertes sont notamment consommées par le nombre croissant d'internautes et la gourmandise des applications videos, peer to peer et autres.
- Les connexions en mobilité vont se développer accentuant le problème
- Le modèle du "network computer" à la base de cette vision, promu il y a dix ans par Oracle, faisait l'impasse sur les pc portables considérés comme insignifiants à l'époque. Aujourd'hui, la donne a changé. En entreprise, sans parler des populations en mobilité effective (hors site), le développement des situations professionnelles de déplacement à l'intérieur d'un site (utilisation de pc en réunion, plateau projet, bureau virtuel,....) et la baisse du couts des matériels poussent à l'adoption croissante des pc portables. La même tendance est à l'oeuvre chez les particuliers. Le pc portable qui représente environ 40% des nouvelles machines vendues croit trois fois plus vite que les machines de bureau.
- Qui dit portable dit couverture wifi parfois imparfaite, bande passante et qualité de connexion plus restreintes par rapport à une connexion filaire et coupures éventuelles lors des déplacements. Toutes choses qui ne feront qu'aggraver les constats précédemment exposés.
- La visibilité sur l'horizon d'adoption des technologies de connexions combinées 3G et plus / Wifi est encore faible
- La solution devrait venir de la diffusion généralisée de connexions combinées 3G et plus / Wifi-Wifi enhanced-Wimax. Plusieurs points restent ouverts sur ce sujet : le calendrier de déploiement de la 3G est très progressif, les débits attendus sont encore restreints, la qualité de service est un challenge constant, le coût du service élevé (70€/mois la connexion 3G data illimité chez Orange à ce jour), la sélection du meilleur mode de connexion n'est pas automatique,... Au final, il est difficile de déterminer à quel horizon l'adoption des ces technologies rendra possible d'un point de vue technique, économique et d'usage la vision initiale.
Au final, l'avenir semble plutôt être à un estompement des frontières entre application internet et application locale. Une application sera déployée et mise à jour automatiquement à partir d'internet. Elle consommera des informations, des données ou des services présents sur internet et s'appuiera sur une infrastructure internet. Elle pourra s'éxécuter en mode connecté ou déconnecté et tirera pleinement partie des capacités d'interaction et de richesse graphique de son environnement local. Le meilleur des deux mondes plutôt que le recyclage d'un vision d'il y a dix ans. Et en plus, c'est pour tout de suite (Gartner le prédit pour 2007).
Combien tout ce beau déferlement technologique va nous coûter en impôts et à titre personnel ?
Rédigé par : giao | 03 janvier 2007 à 11:47