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Rédigé à 10:20 dans Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Fleur Pellerin, ministre chargée des PME, a annoncé en ouverture des Assises de l’Entrepreneuriat que le gouvernement veut adapter la réglementation pour permettre le financement participatif (crowdfunding). Comme l’indique L’Express « Le gouvernement compte « regarder dans le cadre du groupe de travail sur le financement quels pourraient être les verrous réglementaires … Continue reading →
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Rédigé à 10:43 dans Pret participatif, Microfinance, P2P Lending | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Tous les éléments de description du contexte des paiements Square sont résumés dans un précèdent article « Quel marketing pour quels acteurs dans le modèle Square / Paiement électronique ? » Cet article compare la situation du paiement Square like par rapport à la segmentation du marché US et celui de la … Continue reading →
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Rédigé à 10:42 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Le NFC (Near Field Communication) est une technologie de communication pour échanger des données à courte distance. On le trouve dans la carte Navigo de la RATP de même que dans le paiement sans contact.
Cela fait longtemps que l’on parle du paiement sans contact et que l’on prévoit son futur déploiement mais jusqu’à présent les expérimentations conduites, notamment à Nice, n’ont pas été significativement probantes en matière d’adoption des usages par les utilisateurs. Après le « pic des attentes exagérées » (au sens du cycle d’adoption des technologies du Gartner), le sens du vent a tourné et maintenant on prévoit plutôt l’abandon du NFC…
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Rédigé à 15:09 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Le "Crowdfunding Camp Paris 2 - 2013, Année du Crowdfunding ? " s'est tenu à La Cantine, le lieu collaboratif des acteurs du numérique de Silicon Sentier, le 14 décembre 2012, à la suite du 1er crowdfunding camp qui y avait eu lieu en juillet 2012, dans le cadre de la semaine européenne du crowdfunding et avec le collectif FinPart et l'Association Professionnelle Financement Participatif France qui regroupe les acteurs du crowdfunding en France (http://finpartfrance.org/ ou http://crowdfundingfrance.org/).
J'ai participé à 3 ateliers dont les comptes-rendus sont ci-dessous répartis en 3 billets distincts afin d'en faciliter l'appréhension :
LA SUITE SUR MON NOUVEAU BLOG : http://nicolasguillaume.fr/crowdfunding-camp-paris-2-2013-annee-du-crowdfunding/
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Rédigé à 14:13 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Résumé des précédents épisodes :
LA SUITE SUR MON NOUVEAU BLOG : http://nicolasguillaume.fr/quel-marketing-pour-quels-acteurs-dans-le-modele-square-paiement-electronique/
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Rédigé à 17:35 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Une affaire est instruite en justice en ce moment très représentative des dérives de la finance actuelle...mais pas dans le sens où on peut le penser.
Il s'agit de l'affaire "Doubl'O", du nom du produit financier éponyme commercialisé par les Caisses d'Epargne.
LA SUITE SUR MON NOUVEAU BLOG : http://nicolasguillaume.fr/doublo-les-derives-de-la-finance-mais-pas-dans-le-sens-que-vous-pensez/
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Rédigé à 11:28 dans Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Les services de type « Square Like » que j’ai présenté précédemment dans plusieurs billets :
entament maintenant leurs déploiements en Europe :
(Vous avez remarqué, la France est n’est pas cité ?).
Je pensais que le paysage des services « Square like » s’était éclairci (cf mon article précédent) mais apparemment c’est plutôt le contraire. Des positions contradictoires sur le sujet apparaissent entre les principaux réseaux d’acceptation Visa et Mastercard.
LA SUITE SUR MON NOUVEAU BLOG : http://nicolasguillaume.fr/mouvement-dans-les-services-square-like-en-europe/
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Rédigé à 18:27 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Le paysage des nouveaux services de paiement électroniques connait une certaine effervescence marqué par le lancement de nombreux nouveaux services (en France : Kwixo, S-monet, Buyster, Skimm, Flashiz,….) et surtout par la percée effectuée par Square aux USA dans le "blind spot" des paiements par carte bancaire des petits marchands ou marchands ponctuels qui a inspiré de nombreux autres acteurs (Mpowa au UK, i-Zettle en Suède, Payleven en Allemagne, Payplug en France, Syspay,…).
Cet article fait suite à trois précédents :
Le présent article revient sur les deux points les plus polémiques à savoir :
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Rédigé à 18:34 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
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Mon blog Typad reste en ligne mais je n'y publierai plus que les entêtes de mes billets avec un lien de redirection.
Tous mes billets ont été migrés sur nicolasguillaume.fr mais les liens internes aux billets n'ont pas été mis à jour (je le ferai au fil de l'eau)
Le nouveau blog apporte différentes améliorations :
Je traiterai essentiellement des thèmes "Banques", "Financement participatif" et "Paiement" sur ce blog à l'avenir.
Les futurs billets sur le sujet "Mail et productivité collaborative" seront publiés sur le blog du projet ActivityInbox que je développe par ailleurs. ActivityInbox est un service pour mieux exploiter ses activités et ses relations à partir de sa messagerie. J'ai présenté le projet à NextMail’11, the First International Workshop on Next Trends in Mail (August 22, 2011- Lyon, France) - au 2011 IEEE / WIC / ACM International Conferences dans ce billet.
Vous pouvez vous inscrire pour la future beta privée à cette adresse : http://beta.activityinbox.com/
Les billets précédemment rédigés sur d'autres thèmes sont catégorisés en "Autres".
Mes activités sont en haut à droite :
J'ai crée ce blog en octobre 2006 et en reparcourant les billets, j'adresse deux clins d'œil à :
Rédigé à 04:57 dans Personal considerations | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Le futur du paiement est déjà écrit : il réside dans dématérialisation des paiements; sans espèce, sans chèque et sans carte. Comme l'illustre la publicité télévisée de Boursorama Banque où le client utilise son compte bancaire directement pour payer visuellement chez le boulanger.
Ce futur est encore relativement lointain car notamment :
Le business model du paiement est néanmoins en train de se transformer.
La transaction de paiement en elle-même ne représente plus le principal potentiel de marge. La "commodisation" des paiements carte a commencé notamment à travers la pression règlementaire sur la baisse des taux applicables aux paiements par carte, que ce soit aux USA (Amendement Durbin) ou en Europe (baisse de la commission interbancaire de paiement en France ou suppression des interchanges avec SEPA).
Malgré cette “commodisation” l’industrie est loin d’être en péril. Ses acteurs génèrent des milliards de chiffre d’affaires et pèsent des dizaines de milliards de capitalisation. Cette vision est plutôt celle d’un VC qui regarde le potentiel de croissance des nouveaux acteurs et les multiples de capitalisation qu’ils peuvent atteindre.
Face à cette commodisation du paiement, les potentiels de marge se situent maintenant dans :
Le paiement électronique (via un service électronique sur mobile ou internet) bénéficie d'un potentiel :
Le problème du paiement électronique réside dans la difficulté d’acquisition des clients comme vu précédemment. Cette acquisition est d'autant plus difficile sur la base native du compte bancaire (par fourniture d'un RIB). C'est pourquoi la quasi-totalité des services de paiement électronique, à commencer par Paypal, basent leur acquisition sur la carte de paiement (plus facile à communiquer pour le client), charge ensuite de transformer le lien carte en lien compte bancaire. Dans un environnement bancarisé comme le notre, la carte bancaire restera longtemps encore un "objet ou une étape transitionnel" obligatoire pour accéder au paiement électronique. Un service qui réalise l'acquisition d'une base de clients en paiement électronique génère donc de la valeur indépendamment du service qu'il rend par ailleurs.
Le problème de l'acquisition se retrouve aussi coté commerçant pour couvrir les scénarios de paiement électronique en magasin ou sur un site eCommerce (le commerçant doit être équipé pour processer un paiement électronique).
Les données de la transaction de paiement possèdent une valeur intrinsèque indépendamment du paiement car elles permettent un suivi systématique et fin des clients et des événements d'achat.
Des investissements importants sont réalisés par les commerçants pour identifier les clients, les qualifier et adapter l'offre qui leur est faite pour favoriser leur fidélisation, leur réachat et leur montée en valeur. Ces investissements s'effectuent dans des ordres de grandeur bien supérieurs aux commissions de paiement car ils sont générateurs d'une augmentation des revenus (ou à tout le moins d'une non érosion dans un monde très concurrentiel).
Ces dispositifs marketing sont aujourd'hui pour une grande part indépendant des paiements. Ils sont basés sur des cartes de fidélité personnelles, d'accumulation d'achats ou de point, des coupons ou des promotions distribuées par différents canaux, etc… Leur efficacité est bridée par leur niveau d'adoption. Peu de marques à l'exemple d'Yves Rocher ont réussi à développer le reflexe systématique pour le client de se présenter en caisse avec sa carte de fidélité.
Le rattachement du marketing à l'acte de paiement permet de systématiser les dispositifs marketing à l'ensemble des clients sans solliciter leur initiative active.
L’avantage dans ce cas de bénéficier d'un dispositif électronique communiquant est de développer un marketing “push” en pre-paiement de l'acte d'achat.
Une solution alternative est de baser ce marketing en post paiement sur la gestion des débits ou des relevés cartes :
Là encore l'adoption est le point critique :
Ce type de solution n’est efficace que pour des distributeurs liés à un point de paiement, autrement dit des enseignes. Pour développer un marketing de ce type, les vendeurs de produits doivent nécessairement se raccrocher au ticket de caisse qui détaille chaque produit (comme cela est le cas dans les caisses d’hypermarché qui éditent des coupons ou génèrent des points de fidélité selon les achats effectués).
Dans ce contexte, Square apporte un modèle d'adoption original et très efficace.
Square est un service de paiement qui permet de réaliser un encaissement par carte bancaire sur un terminal non dédié, smartphone iPhone ou Android, iPod Touch ou tablette iPad, grâce à un dispositif enfichable simple de lecture de la piste magnétique de la carte bancaire distribué gratuitement et une application téléchargeable par tout un chacun.
Square a connu un démarrage fulgurant aux USA et a conquis en deux ans 1 millions de marchands et 2 millions 6 mois plus tard (sur un total de 8 millions de marchands aux USA pour un marché potentiel des “petits marchands” évalué à 28 millions). Le volume de transactions annuelles générées est de 6 Milliards $ en croissance forte. En plus de sa présence en ligne, Square est maintenant distribué dans plus de 20.000 magasins aux USA et inclus dans l’offre pro de l’opérateur telecom T-mobile. La startup a levé 100M$ et finalise une nouvelle levée de 250 M$ pour se développer à l’international avec une valorisation entre 2,5 Md$ et 4 Md$. Square représente l’illustration du “Financial Breakthrough” (percée en finance) c’est-à-dire d’une activité qui a le potentiel à 5 ans à modifier le paysage actuel comme l’a déjà par exemple réalisé Paypal. Un autre indicateur clé de succès est le développement de la concurrence : Paypal, Intuit Gopayment, revcoin,i-zettle (qui vient de lever 25M€), Cellfony, mpowa, , voire des systèmes hybrides comme Emerit (similaire aux expérimentations menées en France dans le cadre du programmeADS+).
Cet article fait suite à un premier article publié dans la Revue Banque et un second sur le blog de Finthru décrivant plus en détail le modèle de Square.
Le modèle d'acquisition de Square est basé sur l'acceptation de la carte bancaire via un dispositif enfichable dans un smartphone ou une tablette, largement et facilement distribuable de manière indifférenciée avec le téléchargement d'une application et une inscription en ligne.
Square vise avant tout le segment des petits commerçants ou commerçants occasionnels non équipés qui inclut notamment le sous-segment des professionnels en mobilité (plombier, baby-sitter, vente à la production, vide-grenier, traiteur chinois, vente ambulante,…). Ces commerçants ne sont pas couverts par les offres traditionnelles bancaires car ils ne satisfont pas les contraintes fixées (immatriculation,…), n'atteignent pas le minimum de volume d'activité ou ne veulent pas accepter la tarification.
Square dispose aussi de deux autres produits en plus du paiement :
Le cycle d'adoption se déroule alors comme suit :
Ce cycle d'adoption est d'autant plus intéressant qu'il permet aussi un élargissement au-delà du segment initial ciblé :
Un autre segment qui n'existe pas aujourd'hui mais qui va être amené à se développer est celui des nouveaux scénarios de vente avec des vendeurs en magasin disposant d'un smartphone ou d'une tablette permettant de conseiller, prendre commande voire payer comme cela existe déjà dans les magasins Apple Store.
Là encore Square dispose d'un atout car il supporte nativement les smartphones et tablettes. L'intégration dans l'écosystème du magasin (interaction avec la caisse, d'autres moyens de paiement ou système marketing ainsi que de futures applications de conseil et de prise de commande client) reste néanmoins à définir et expérimenter.
Square montre une formidable traction aux USA et il a généré un grand nombre de concurrents. Le cycle d’adoption des paiements électroniques semble être initié pour les pays développés…et cela se fait par le bas comme au Kenya.
Rédigé à 11:59 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
L'association finpart (financement participatif) a sorti le "Livre Blanc Finance Participative Plaidoyer et propositions pour un nouveau cadre règlementaire" qui fait suite au manifeste et à la pétition en faveur du financement participatif (que je vous invite à signer) lancé lors de l'évènement Financement Participatif à la Bourse de Paris le 26 Mars 2012.
(disclaimer : J'ai participé à la rédaction de ce Livre Blanc dont j'étais en charge des groupes "Collecte" et "Prêt")
Ce Livre Blanc a été discuté lors du Crowdfunding Camp qui s'est tenu le 9 juillet à la Cantine.
Quelques questions pour préciser certains points suite aux échanges du Crowdfunding Camp
La règlementation actuelle repose sur le schéma de relation entre un gros acteur (qui commercialise des produits financiers) avec plusieurs petits acteurs (les épargnants-investisseurs). Elle est donc totalement orientée vers la protection des épargnants, considérés comme passifs, en imposant aux commercialisateurs d'assurer par eux-mêmes la protection des épargnants, voire à l'insu de la volonté de ces derniers.
La finance participative repose sur un autre modèle de relation de petits acteurs à petits acteurs. Ce type de modèle ne pouvait pas être pris en compte par la règlementation car il n'existait pas précédemment. Si l'on se projette des dizaines d'années en arrière, à l'époque où les fondements de la règlementation actuelle ont été mis en place, on ne pourra pas trouver d'exemple de financement participatif. Les seuls modèles auxquels il est possible de se référer sont :
Ce qui a changé la donne c'est internet à la fois dans sa dimension technique (accès à l'information, la mise en relation à grande échelle des individus) mais aussi dans sa dimension comportementale (le pouvoir accru donné aux utilisateurs ("empowerment"), l'acceptation de révéler plus d'information pour en attendre un retour collaboratif). Cela change les schémas de relations entre les acteurs en faisant émerger un nouveau schéma de petits acteurs à petits acteurs. Il ne s'agit plus de financer de gros projets dont la complexité ne peut être appréhendée que par des experts mais des projets à taille compréhensible par les internautes et pour des montants limités pour chaque contributeur, l'extension d'internet permettant de rassembler un grand nombre de contributeurs.
Internet n'est néanmoins pas une caractéristique constitutive du financement participatif. Un groupe de business angels ou des investisseurs locaux peuvent très bien s'organiser de manière physique pour faire du financement participatif. Ce modèle de communauté connait néanmoins une extension limitée et internet permet justement de l'étendre au-delà de cette barrière.
Internet crée un nouveau modèle de relation différent avec des avantages et des inconvénients spécifiques :
Un autre point hors de compréhension de la règlementation actuelle est l'aspect secondaire de l'instrument d'investissement par rapport à l'affectation au projet. La volonté de l'internaute sur un projet qu'il comprend et qu'il veut soutenir est d'investir sur ce projet et d'en attendre un retour (ou pas en fonction des modalités présentées par le projet). Le choix de l'instrument d'investissement (don, prêt, capital mais il peut en exister aussi de nombreuses autres : avances, part de coopérative,…) est secondaire, charge au projet de réaliser son objectif avec un risque assumé par le contributeur. Dans la règlementation actuelle, ce schéma n'existe pas. On choisit avant tout un instrument d'investissement (don, prêt, capital et autres) et cet instrument d'investissement fixe l'ensemble des modalités de son investissement. Il n'est donc pas possible de modifier les modalités d'investissement au départ ou lors du cycle de vie du projet, ni de les panacher. Par exemple en répartissant un investissement entre capital, prêt et avance remboursable ou en transformant un prêt en capital ou du capital en prêt. Modalités qui n'ont certes pas de sens pour une société coté ou un projet d'autoroute émettant des obligations mais correspondent à la réalité pour des projets de taille et de périmètre beaucoup plus limités. Un projet d'entreprise en création peut ainsi être financé par du don, des avances remboursables (pré-ventes), du capital puis du prêt ou une combinaison de l'ensemble de ses moyens dans les toutes premières phases de son développement.
Ce problème est encore plus flagrant dans le financement des projets "solidaires". Un contributeur qui veut soutenir un projet doit choisir entre du don (sur une plateforme de "don contre don" comme Ulule ou Babeldoor), du prêt sans intérêt (sur une plateforme comme Babyloan ou MicroWorld) ou du capital (comme par exemple un OPTF (Offre au Public de Titres Financiers) telle que la propose l’organisation de développement durable "Terre de lien"). Chaque service se retrouve en fait "spécialisé" par le positionnement du porteur de projet en terme d'instrument financier. Le cas de l'OPTF (Offre au Public de Titres Financiers) "Terre de lien" est très révélateur. Pourquoi un organisme solidaire utilise t-il un support d'investissement en capital normalement éloignée de la sphère solidaire ? Tout simplement parce que, très pragmatiquement, c'est celui qui offre les modalités de collecte et d'affectation des fonds les plus souples et que la règlementation n'offre pas de moyen alternatif commode de financer en direct des projets.
Un autre cas de figure qui marque bien ce problème est celui des projets de recherche dans le domaine de la santé. Un particulier peut vouloir soutenir la recherche fondamentale sur une pathologie très pointue et très précise sous forme de don (ce qui exclut un don à une association et une fondation qui elles-mêmes réaffectent les fonds sans référence aux projets menés). Il peut vouloir soutenir une startup qui développe un traitement innovant sous forme de capital. Et il peut soutenir la mise sur le marché d'un traitement abouti d'une entreprise innovante sous forme de prêt. Pour une même thématique et un même contributeur, différentes formes d'investissement sont donc nécessaires pour s'adapter à la réalité.
On pourrait aussi envisager d'appliquer le financement participatif à des projets d'investissements publics notamment au niveau local, mais là on est un peu dans la science-fiction et cela pose des problèmes autrement plus conséquents qui n'ont plus rien à voir avec la règlementation financière.
Les contraintes amenées par la règlementation sont les suivantes :
Chaque instrument (don, prêt, capital) ayant ses propres règlementations qui s'appliquent aussi notamment en matière fiscale.
Le régulateur belge a fait une présentation complète de ce qu'impliquait une activité de crowdfunding au regard de la législation belge. Les principes et textes de loi seraient similaires en France (modulo les modalités nationales de transposition des directives européennes qui rendent très difficile le déploiement d'un service d'un pays à l'autre en Europe.).
Pour plus de détail sur la comparaison des différentes règlementations :
Je propose trois critères principaux pour caractériser la finance participative :
La transparence des projets correspond à la possibilité de consulter des informations unitaires sur les projets présentés à financement. Cela ne préjuge pas du niveau d'information qui peut varier en fonction des modèles (du business plan complet d'entreprise pour du financement en capital comme Wiseed à la catégorisation du projet selon des critères fermés pour du prêt comme Lending Club), ni de l'origine des projets (des projets à financer comme Wiseed ou des projets déjà financer à refinancer comme Babyloan ou Kiva). Le projet présenté doit avoir une unité appréhendable en totalité. L'affectation des fonds doit être claire et ne pas ménager une pluralité de projets ou d'activités différenciées, à la différence des sociétés coté en bourse.
Le contributeur doit être à même d'exercer un choix, de manière directe ou indirecte, sur la sélection des projets qu'il finance. Ce choix peut être indirect dans le sens où un contributeur peut sélectionner un ou plusieurs projets sur la base de critères (localisation géographique, type de projet, montant, etc…) sans qu'il ait nécessairement à se prononcer projet par projet. Il est aussi possible que ce choix soit inscrit dans une logique de mutualisation des projets qui est parfois rendue obligatoire par la règlementation financière (c'est le cas pour les prêts professionnels pour FriendsClear). Cette capacité de choix au niveau unitaire du projet n'existe dans aucun produits financiers traditionnels.
Le contributeur doit conserver, de manière facile (typiquement via un compte sur internet) la traçabilité unitaire, projet par projet, des choix et des financements qu'il a effectué et cela a minima sur la durée de vie du projet ou la durée de conservation de l'instrument qui a été utilisé en support de son financement. Cette traçabilité n'existe dans aucun produits financiers traditionnels.
Un autre critère important pour différencier la finance participative c'est la notion de seuil. La finance participative ne se conçoit que pour des projets d'ampleur limitée (appréciable et évaluable par la foule sans nécessiter le recours à des instruments de professionnels tels les "prospectus") et pour des participations individuelles de montants limitées (l'effet de financement par la foule).
Le courtier en financement participatif rassemble en une seule entité, l'ensemble des capacités nécessaires pour réaliser des opérations de financement participatif - dans le strict cadre du périmètre du financement participatif tel que définit plus haut - :
Il ne peut utiliser ces capacités que pour des projets de financement participatif et dans la limite des seuils fixés.
Cette proposition nous parait la plus compatible avec la règlementation existante. La notion de courtier existe depuis longtemps dans la règlementation et s'applique à la fois dans la sphère financière et non financière (courtier immobilier).
La règlementation admet déjà de nombreuses catégories spécialisées de courtier par exemple sur le marché monétaire, le marché des changes, les instruments financiers à terme-options, etc...
La règlementation admet aussi déjà des exemptions par exemple sur le statut d'Etablissement de Monnaie Electronique .
La règlementation a aussi déjà autorisé des dispositifs avec des périmètres d'opération similaires mais plus limité et plus spécialisé que celui du courtier participatif par exemple pour les plateformes de prêts solidaires.
L'aménagement de la règlementation pour permettre aux startups et petites entreprises d'accéder à des financement de type crowdfunding est aussi un mouvement qui s'observe aux USA avec la promulgation du JOBS Act (Jump Our Business Startup) et que d'autres pays ont en préparation (différentes initiatives au niveau de la Commission Européenne, de l'European Crowdfunding Network ou d'Eurada sont aussi en cours).
Cela permet d'ouvrir au financement des catégories d'entreprises, des entreprises dans des phases amont de développement ou des projets situés hors critères habituels de financement au moment où les acteurs bancaires et financiers connaissent des évolutions structurelles (Bales III, Solvency II) susceptibles de remettre en cause leurs capacités traditionnelles de financement de l'économie et de la société.
Rédigé à 11:49 dans Banque, Finance, Assurance, Pret participatif, Microfinance, P2P Lending | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Si vous ne savez pas ce qu'est Square, j'ai écrit avec Frédéric Baud de Financial Breakthroughs un article de présentation dans la Revue Banque qui est un prérequis pour la suite de cet article.
Square représente l'illustration du "Financial Breakthrough" (percée en finance) c’est-à-dire d'une activité qui a le potentiel à 5 ans à modifier le paysage actuel comme l'a déjà par exemple réalisé Paypal.
Pour donner un ordre de grandeur, Square a conquis aux USA 1 million de clients marchands (sur un total de 8 millions pour un marché potentiel des “petits marchands” évalué à 28 millions).
Avec une telle traction, il est légitime de se demander pourquoi ce modèle n’a t-il pas déjà été mis en œuvre en France.
De manière assez consensuelle, les différents acteurs (en place) s'accordent à dire que ce n'est pas possible car :
Je vous rassure tout de suite, on disait aussi cela de Paypal en France lorsqu'ils se sont lancés et aujourd'hui les banques se demandent pourquoi elles n'ont pas fait leur Paypal à l'époque (et maintenant c'est trop tard !). Rappelons aussi que Paypal fait ses transactions uniquement sur internet (sans aucun contrôle "physique" de la carte) et que son taux de commissionnement est de 2,75% (et pourtant ça marche !). Je rappelle aussi que Paypal est en train de faire “descendre” ses transactions sur des terminaux de paiement physiques en magasins. Apparemment le taux de commission de 2,75% qui côtoiera sur le même terminal la carte bancaire ne repousse pas les marchands.
Sur le premier point du modèle de la transaction, deux facteurs sont à considérer dans l'analyse :
La fraude et l'acceptation s'envisagent très différemment selon la position que l'on adopte sur la chaine de valeur du paiement.
La fraude est l'épouvantail des paiements. Le taux de fraude global est extrêmement faible dans les transactions avec carte à puce + saisie du code (0,012%) alors qu'elle est significativement plus élevée à distance (0,26%).
Ce taux de fraude “brut” amène deux remarques :
- Il peut être significativement plus élevé au démarrage s’il est géré en interne au service car il nécessite un processus d’apprentissage (et donc une solidité financière pour y faire face). Ce n’est pas le cas si la transaction est “réencapsulée” dans une transaction de paiement bancaire dans laquelle la banque gère la fraude (mais cela se retrouve en taux de commission). La fraude a constitué le problème initial de Paypal et celui-ci s’est imposé car il a réussit à la gérer en interne et la contenir à un niveau compétitif.
- Il peut être significativement inférieur lorsque les transactions se font dans un “vertical” dont on maitrise les composantes. Là encore Paypal est un bon exemple d’un “vertical”. Square en est aussi un bon exemple car il s’agit de transactions dans lesquelles on contrôle physiquement la détention de la carte bancaire et que l'on peut confronter à l'identité de son porteur, voire y ajouter des interactions complémentaires de contrôle. En tout état de cause, un niveau de sécurité bien supérieur à une simple transaction internet.
L'acceptation de la transaction est probablement le problème le plus important. Toutes les transactions de paiement finissent par aboutir à des virements entre banques et donc il faut que les transactions "entrent" dans les banques. Hors celles-ci mettent des conditions pour accepter ces transactions et a contrario se ménagent des possibilités (anticoncurrentielles diront les médisants) de rejeter certaines transactions. Il est donc nécessaire d'entrer dans un modèle (dans le sens du schéma standard de la transaction) pour pouvoir réaliser des opérations.
Pour mieux comprendre, détaillons les différents schémas de transaction possibles :
Ce qui donne le tableau suivant :
Quelles conclusions en tirer ?
- Le modèle puce + code sur terminal dédié fermé n’est pas le modèle unique, de nombreuses variantes existent qui présentent des niveaux de sécurités proches
- L’internalisation de la gestion de la fraude permet de s’affranchir d’un modèle standard de transaction
- L’acceptation bancaire reste un point clé car il faut trouver une banque acquisitrice des transactions reçues. Ce point n’est cependant pas totalement bloquant notamment au regard de la remarque précédente. D’autres acteurs, à commencer par Paypal ou des nouveaux opérateurs de paiement l’ont fait.
L'autre remarque habituelle porte sur le caractère non compétitif de Square par rapport aux solutions de terminaux de paiement proposés par les banques :
Je n'ai pas d'élément comparatif sur le taux de pénétration des terminaux de paiement aux USA et en France mais la clientèle visée par Square aux USA (commerçants ambulants, petites boutiques, services de type baby-sitter, taxi, etc…) ne me semble pas présenter un taux d'équipement remarquable en France. Les banques sont d'ailleurs assez réticentes sur ces segments à proposer des terminaux de paiement moins pour des raisons de rentabilité que de risque lié au renforcement de la règlementation contre la fraude et le blanchiment. Les conseillers clientèles ne sont, par ailleurs, pas forcement bien formés sur ces solutions et les procédures commerciales pas toujours très bien standardisées. Par rapport à un parc de 8 millions de marchand aux USA, Square a équipé 1 millions de "nouveaux" marchands et considère le marché pertinent à 28 millions d'unité. Cela laisse un potentiel de marché très significatif même dans un marché un peu plus acquis aux banques.
Il ne faut pas non plus négliger que Square recouvre en fait deux segments de marché :
Ce second segment est plus lent à se développer car il correspond à une évolution du rôle du vendeur dans le processus commercial favorisé par l'émergence de nouveaux types d'interaction lié aux mobiles et aux tablettes et non pas simplement à une problématique de paiement. Les dispositifs de type Square introduisent néanmoins des possibilités d'accompagnement complet du cycle de vente, notamment pour les clients à haut potentiel, de coupe-file et de délestage des caisses qui ont du sens dans ces nouveaux scénarios.
A coté des vendeurs en magasins, il y a aussi la possibilité de réaliser le paiement par un employé sur le lieu du client notamment lors de la livraison ou de l'exécution de la prestation (par exemple une entreprise de plomberie ou de baby-sitter comme aux USA où Sittingaround donne des dispositifs Square à tous ses baby-sitters).
Une autre possibilité encore plus anticipatrice est de rendre le client capable d'effectuer sa transaction de paiement directement sur son propre mobile en magasin.
Sur l'équation économique de Square par rapport aux solutions de terminaux de paiement bancaire, il faut, au delà du taux facial (0,5% pour un marchand standard compétitif contre 2,75% pour Square), raisonner en cout complet.
Coté Square :
Coté terminal de paiement bancaire :
Sans compter :
En cout complet sur son segment Square résiste très bien à la comparaison avec la concurrence des terminaux de paiement.
La proposition de valeur de Square ne se limite pas non plus à l'intégration du paiement avec les fonctions commerciales. Elle apporte aussi une solution très innovante et différenciante pour le client final pour les transactions récurrentes et la fidélisation des clients : Pay with Square.
Pay with Square permet pour un client ayant déjà réalisé une transaction chez un marchand et ayant activé la fonctionnalité d'être identifié par proximité à partir de son smartphone et de pouvoir payer en donnant simplement son nom. La photo du client s'affiche alors sur le terminal de paiement et le vendeur valide que c'est bien la personne qu'il a en face de lui.
Pay Per Square permet de rendre le paiement complètement transparent pour le client final tout en lui procurant plus de valeur ainsi qu'au commerçant (il dispose de l'historique de ses paiements par commerçant et de promotions ciblées et d’une recherche des magasin par proximité).
Et derrière l'abandon de la carte bancaire, ce qui se profile c'est la désintermédiation du rôle des banques dans le paiement.
Paypal et Groupon ont bien senti cette tendance et ont lancé leurs propres solutions comme Square.
En conclusions :
Au final, la principale barrière à l’entrée est le niveau des capitaux nécessaires car :
- Il y a une nécessaire phase d’apprentissage sur la fraude qu’il faut pouvoir couvrir
- C’est un business de déploiement de masse et il faut pouvoir subventionner les dispositifs diffusés et les coûts marketing afférents.
A la question qui peut payer pour déployer ? Square a déjà répondu : ils ont levé 100 M$ et se préparent à lever encore 150/250 M$ pour continuer leur déploiement à l'international. Une percé en finance (Financial Breakthough) se déroule sous nos yeux.
Rédigé à 00:59 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (9) | TrackBack (0)
Confrontées à une détérioration sans précèdent de leur image, les banques se sont engagées dans un exercice d'empathie et de transparence avec leurs clients. Les campagnes de BNP Paribas “Parlons vrai, Vous avez de vraies questions, aujourd'hui une banque vous donne les vraies réponses” et du Crédit Agricole “Le bon sens a de l’avenir” l’illustrent.
Mais au-delà de l'exercice marketing, certes méritoire et nécessaire, la capacité des banques à expliciter et rendre compte de leur activité relève du domaine de l'extrêmement difficile.
Cela est du à :
La logique massification
La banque traditionnelle est basée sur la « massification » entre les flux collectés et les projets financés. Cette massification a des avantages : elle joue un rôle de transformation des caractéristiques de risque, rendement et échéance des actifs. Ce qui est le rôle fondamental des banques. Elle réalise la transformation entre de petits montants collectés et des gros montants financés, entre des dépôts de court terme et des financements de long terme, entre des collectes avec un faible niveau de risque et des projets à fort niveau de risque. Elle a aussi des inconvénients intrinsèques : manque de transparence et de traçabilité des fonds apportés pour le déposant, absence de contrôle de l’affectation des fonds, couts d’intermédiation importants et faible personnalisation des produits proposés (le coté "boite noire" des produits d'épargne). Ces caractéristiques sont assez naturellement liées au caractère de fongibilité de l'argent et des actifs financiers qui fonde la logique de massification. Cette logique conduit les banque à raisonner en terme d'actifs consolidés sans distinction ("ségrégation") des actifs unitaires qui en sont sous-jacents. A la base même, les banques ne collectent donc pas l'information élémentaire non financière sur les activités qu'elles financent. Elles ne disposent pas plus de capacité d'exploiter les données qui leur permettraient cette traçabilité granulaire et multicritères de leurs actifs sous-jacents voire d'utiliser ces données pour regrouper et gérer de manière fine ces actifs.
Le caractère secret et arbitraire, attribut règlementaire des banques
Rien n'interdit réellement à une banque d'être transparente et de baser ses choix sur des critères explicites et affichés. Dans la réalité ce n'est pas le cas car la règlementation offre aux banques toutes possibilités de ne pas le faire. Et la situation est même pire, car la régulation (règlementation + action du régulateur + jurisprudence) promeut une interprétation stricte de ces principes que les banques, privilégiant toujours la prudence, appliquent avec zèle. Le secret bancaire, initialement conçu pour protéger les clients, sert ainsi à s'opposer à toute communication d'information jugée non pertinente (à l'image du "secret défense"). La complexité inhérente à l'activité fait le reste pour considérer comme non pertinent un large champ d'information indépendamment de ce que le client pourrait (hypothétiquement) en penser. Le régulateur est, en outre, attaché à ce que les banques puissent, sans avoir à donner d'explication, arbitrer sur l'opportunité ou pas de distribuer des produits financiers et plus particulièrement les crédits afin de garder toute latitude d'orienter les politiques des banques qu'il supervise.
La distorsion entre la représentation règlementaire et l'expérience de la réalité
La règlementation a tendance, et plus particulièrement en France pays de tradition jacobine peu enclin à la responsabilisation personnelle, a considérer le consommateur comme un être passif, dépourvu de toute initiative et devant être protégé indépendamment de sa volonté. Dans cette perspective, la règlementation pousse à l'adoption d'une lecture très simplificatrice des produits financiers par les clients. Cette approche a cependant été fortement remise en cause par la crise qui a mis à mal un certain nombre de ses présupposés.
Choix et Transparence / Traçabilité de l’affectation des fonds
Les banques peuvent-elle échapper à cette situation ? Peuvent-elle retrouver de la transparence ou, a minima, de la lisibilité pour rendre compte de leur activité ?
Deux types de réponse sont possible :
Ces deux types de réponse peuvent elle-même s'exprimer selon deux axes :
Le tableau suivant illustre ces différents cas de figure :
Choix de l'affectation des fonds | Choix et Transparence / Traçabilité de l'affectation des fonds | |
Macro (gouvernance) |
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Micro (clients et produits) |
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|
En terme de gouvernance, les banques mutualistes ont remis sur le devant de la scène la spécificité de leur système de gouvernance, un temps délaissé, et entendent en faire un argument commercial (cité dans les publicités TV Crédit Agricole et Crédit Mutuel), voire même aussi leur organisation en caisses régionales (utilisé dans les publicités presses du Crédit Agricole, voir aussi ce film du Crédit Agricole Pyrénées Gascogne faisant partie d'une initiative "Une banque qui aime son territoire" ). Elles réinvestissent sur cet aspect tant pour développer le sociétariat (le Crédit Agricole s'est ainsi fixé de passer de 32% de sociétaires à largement plus de 50%) qu'en revitaliser le fonctionnement (pédagogie, professionnalisation, utilisation d'internet,…) (par exemple le portail d'information du Crédit Agricole). Ce mode de gouvernance fonde le caractère "responsable" de la politique financière appliquée par la banque qui est décidée et revue par ces instances mutualistes.
Ce domaine du contrôle de la gouvernance n'est néanmoins pas réservé aux banques mutualistes puisque la banque anglaise Co-operative Bank (qui est une banque commerciale) s'est aussi fixée des principes éthiques clairs et étendus sur lesquels elle fait reposer son positionnement.
Le Crédit Coopératif, qui est une banque mutualiste, va plus loin puisqu'il se positionne de manière plus focalisée sur les associations et les activités sociales mais surtout il affiche sa volonté de rendre compte de son activité en toute transparence en décrivant précisément l'affectation de tous les fonds (p36-37 de la présentation du Groupe) et en donnant un niveau de détails et de certifications externes avancés.
Concernant les produits financiers qui permettent aux clients d'exercer des choix d'affectation des fonds, il s'agit avant tout des produits "fléchés" ou des produits de partage :
Dans la dernière case qui associe choix de la politique et transparence / traçabilité de l'affectation des fonds, il n'existe à ma connaissance qu'un acteur bancaire : La Nef, une banque éthique (rattachée opérationnellement au Crédit Coopératif) qui publie annuellement pour ses sociétaires un document décrivant en détail l'ensemble des prêts accordés (avec le nom, la localisation, le montant du bénéficiaire et la description du projet – voir ci-dessous)
Pour obtenir le choix au niveau de granularité le plus fin des projets et une transparence / traçabilité totale de l'affectation des fonds par contributeur, il n'y a que la finance participative (FriendsClear, Babyloan, MyMajorCompany, Kickstarter, Ulule,…) mais là aucune banque ne le fait (aucune banque française, une banque européenne ayant semble t-il un projet en la matière…).
Rédigé à 18:20 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance, Pret participatif, Microfinance, P2P Lending | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Ce billet est la reprise d’un article publié initialement dans QG-Numérique :
http://www.qg-numerique.org/fr/innovation/tribunes/356-la-revolution-du-financement-participatif
Née dans la deuxième moitié des années 2000, la finance participative qui permet de financer des projets en direct auprès d’un grand nombre de personnes (« crowdfunding ») est devenue maintenant un phénomène significatif dans le monde anglo-saxon avec des services tels que Kiva (300 M$ de prêts accordés depuis 2005 par 750.000 internautes), Lending Club (40 M$ de prêts / mois à mars 2012), Prosper (12 M$ de prêts/mois), Zopa (10 M£ de prêts / mois) ou encore Kickstarter (150 M$ de collecte prévue sur 2012).
Convaincu de ce potentiel, le gouvernement américain vient d’introduire dans la loi JOBS Act (Jump Our Business Startup), la levée des contraintes réglementaires sur le crowdfunding pour favoriser le financement des startups et projets créateurs d’emplois.
Bien qu’avec un temps de retard, le mouvement touche l’ensemble des pays du monde où des versions locales des services de crowdfunding se développent. C’est aussi le cas de la France où, à la suite de MyMajorCompany, pour le financement en coproduction d’artistes, se sont développés des services comme Babyloan, MicroWorld (prêts sans intérêt), Ullule, KissKissBankBank, Babeldoor (financement contributif), FriendsClear (prêts avec intérêt) ou Wiseed, Finance Utile (financement en capital) et beaucoup d’autres…
Le financement participatif est fondamentalement novateur car il procède d’une triple évolution : technique, sociétale et financière.
Evolution technique d’abord car son développement est lié à la capacité de diffusion et d’échange apportée par l’extension d’internet. Précédemment, seuls les titres de presse possédaient la capacité de récolter des fonds de montant unitaire faible mais auprès d’un grand nombre de personnes par « souscription publique ». La collecte de financement pour des projets de petite taille était sinon restreinte à des cercles proches, familiaux, amicaux ou communautaires (« love money »). Internet permet de mettre en contact des porteurs de projets et des personnes intéressés à les soutenir dans une sphère numérique qui s’étend maintenant aux dimensions de la planète entière. Internet apporte aussi des possibilités de mise à disposition et de partage d’une masse accrue d’information sur les projets, de consultation à n’importe quel moment et de suivi dans le temps des projets ainsi que d’interactions démultipliées au sein de cette communauté.
Evolution sociétale ensuite car, au-delà des possibilités techniques, c’est l’adoption des usages qui prime. Les activités de financement sont parmi les plus « sensibles » à réaliser de manière virtuelle car elles nécessitent d’établir un lien de confiance. Force est de constater qu’internet est maintenant utilisé de manière courante par l’ensemble des tranches de la population, dans un nombre croissant de pays du monde et pour des opérations de plus en plus sophistiquées comme les opérations financières. Evolution qui se traduit aussi par un autre aspect important de l’implication croissante dans les communautés et les réseaux sociaux et l’acceptation croissante à exposer des informations personnelles. Phénomène parfaitement illustré par la croissance exceptionnelle de Facebook qui compte aujourd’hui 850 millions de membres avec des niveaux d’activité élevés (50% des utilisateurs se connectent une fois par jour et l’utilisateur moyen est connecté à 80 pages, groupes ou événements).
Evolution financière ensuite car la finance participative adopte un modèle radicalement différent de la finance traditionnelle. Cette dernière est basée sur la « massification » entre les flux collectés et les projets financés. Cette massification a des avantages : elle joue un rôle de transformation entre des petits montants collectés et des gros montants financés, entre des dépôts de court terme et des financements de long terme, entre des collectes avec un faible niveau de risque et des projets à fort niveau de risque. Elle a aussi des inconvénients : manque de transparence et de traçabilité des fonds apportés, absence de contrôle de l’affectation des fonds, coûts d’intermédiation importants et faible personnalisation des produits proposés. La finance participative est fondée sur le modèle inverse : transparence de l’affectation des fonds (les projets sont visibles comme les montants collectés par chaque projet et les contributions unitaires), choix des projets et traçabilité des montants affectés.
Ces principes fondamentaux se déclinent en une grande variété de modèles :
- Le financement contributif (Kickstarter, IndieGoGo and RocketHub, Ullule, Babeldoor) permet de financer de manière philanthropique un projet en échange de rétributions souvent symboliques mais qui peuvent aussi s’apparenter à de la pré-commande.
- Le prêt sans intérêt (Kiva, Babyloan, MicroWorld) permet de financer des projets auprès d’Institution de Micro-Finance dans les pays en voie de développement ou plus récemment des projets locaux de personnes dans des situations de réinsertion ou d’exclusion.
- Le prêt avec intérêt (Lending Club, Prosper, Zopa, FriendsClear, Smava) permet à des investisseurs de prêter en direct à des projets qu’ils peuvent sélectionner selon leurs caractéristiques (risque, rendement mais aussi type de projet, secteur d’activité, localisation, profil du porteur de projet, etc…) et percevoir en retour les intérêts du prêt.
- La coproduction (MyMajorCompany, Sellaband,…) permet de sélectionner l’artiste à financer et d’être associé à son succès via des clauses de reversements sur le chiffre d’affaires généré.
- Le financement en capital (Wiseed, SeedUps,…) permet d’abaisser le mécanisme de l’investissement en capital risque dans des startups à des investisseurs plus nombreux et apportant des montants unitaires moins élevés.
La finance participative permet ainsi de toucher de nouveaux types de projets à financer qui ne l’auraient pas été par la finance traditionnelle, notamment des projets de petite taille ou ne répondant pas aux critères standards (projets innovants, solidaires, portés par des porteurs de projet atypique, en phase amont d’amorçage,….).
Elle permet d’impliquer, de donner le contrôle et de rendre acteur des décisions de financement un grand nombre de contributeurs de petits montants.
Aujourd’hui et grâce à l’investissement du grand public français (environ 35 000 internautes solidaires), les plateformes de crowdfunding françaises ont permis de réunir plus de 6 millions d’encours cumulés permettant le soutien de près de 15 000 porteurs de projets en France et partout dans le monde. Elles affichent des taux de croissance de 100 à 200% par an.
Bien plus qu’aux Etats-Unis, des contraintes réglementaires entravent le développement de la finance participative en France (collecte et conservation des fonds, « syndication » pour regrouper les contributeurs par projets, lourdeur des règles d’appel public à l’épargne,…) car la réglementation a été élaborée dans un contexte où celle-ci n’existait pas.
Rédigé à 07:06 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance, Pret participatif, Microfinance, P2P Lending | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
Suite aux réflexions au sein du groupe “Digital 4 Change Finance” (D4CF) (groupe ouvert) et du BarCampBankParis7, les acteurs du financement participatif (“crowdfunding” ou financement direct de projets) ont lancé un manifeste pour l’appui au financement participatif.
“Les acteurs du financement participatif souhaitent attirer l’attention des pouvoirs publics et des citoyens sur les opportunités que présente le soutien direct et de proximité pour le développement de projets. Ce nouveau mode de financement complète l'offre qui existe en mobilisant de petits montants individuels favorisant le développement de projets entrepreneuriaux utiles, en phase d'amorçage ou d’expansion.
Ce manifeste réunit à la fois des porteurs de projets en quête de financement, des gestionnaires de plateformes web, des investisseurs individuels, des business angels, et des citoyens souhaitant maîtriser l'utilisation de leur épargne, désireux de contribuer au développement de projets entrepreneuriaux dont ils se sentent proches et dont ils souhaitent suivre et mesurer l'impact.”
Le texte complet du manifeste est consultable ici, signé par les principaux acteurs du financement participatif en France (Babyloan, FriendsClear, Babeldoor,Wiseed, France Angels,…). Une version en anglais est aussi disponible.
Une manifestation de soutien au Manifeste et aux acteurs du Financement participatif est organisée le lundi 26 mars à la Bourse de Paris pour proposer aux élus de la Nation une série d'amendement à la Loi afin de soutenir le développement du financement participatif en France.
Quel est le problème règlementaire du financement participatif ?
Des dispositifs de mobilisation de l’épargne populaire dont la destination est “fléchée” existent déjà mais :
- Ils sont toujours indirects avec des systèmes de fonds collecteurs et de déversement dans des vases communicants (les fameux fonds “90-10” de l’épargne salariale – plus de précision dans mon cours sur les sources du financement participatif sur slideshare) et sans traçabilité de bout en bout.
- Ils sont toujours intermédiés, c’est à dire confié à la responsabilité de gestionnaires professionnels dont les décisions ne sont pas opposables.
De nombreux dispositifs tirent parti de ce contexte : les fonds “d’Epargne Salariale Solidaire” comme “Insertion Emploi”, les OPTF (Offre au Public de Titres Financiers) de Terre de Lien et d’autres organismes de l’économie durable et sociale, des réseaux comme France Initiative comptent également lancer des FCP d’épargne salariale (source : Benoit Granger), etc… sans compter les dispositifs institutionnels de mécénat d’entreprise et autres.
Le problème se pose, a contrario, sur les projets de petits montants financés en direct qui sont dénaturés par les mécanismes d'intermédiation et qui se retrouvent en porte à faux par rapport à la règlementation si ils l’outrepassent. La règlementation ayant été toute entière bâtie autour de ce modèle d’intermédiation, elle génère tout un ensemble de problèmes pratiques à tous les étages pour les activités de financement participatif.
Et cela est le cas y compris pour le don car lorsque l’on collecte en direct pour un projet avec lequel on n'a pas de lien institutionnel et que le projet n'a pas lui même de statut institutionnel autorisant la collecte, on est en pleine application de la règlementation anti-blanchiment (et le faire par carte bancaire n’y change rien).
La loi n'interdit pas explicitement le financement participatif, mais elle ne l'autorise pas non plus explicitement (en ce pays de droit objectif) et le régulateur a toute latitude pour utiliser tout ce qui est à sa disposition et d'en déplacer librement les curseurs d’application (on voit bien à quel bénéfice).
Pour sortir de cette situation et pour favoriser positivement le développement du financement participatif, nous souhaitons “Un cadre législatif et règlementaire qui prenne clairement position en faveur du financement direct, en tenant compte de ses spécificités et du fait qu'internet modifie et élargit les possibilités et la notion de communauté.”
Une formulation plus détaillée pourrait en être la suivante (il s’agit d’une proposition de ma part et non de la position officielle du groupe – les convergences qui apparaissent sont normales puisque j’ai été impliqué dans les échanges) :
L'apport de financements par des particuliers pour des montants limités pour financer des projets de montant limité de toutes natures (lucratif ou non lucratif) quelque soit la forme du financement (don, participation, prêt, capital ou autres) et le caractère lucratif ou non lucratif de ce financement est autorisé lorsque le particulier dispose des capacités à :
Des seuils pourraient être fixés à préciser pour ces opérations (seuil par projet et par apporteur de fonds unitaire et cumulé des opérations sur l’année). Les seuils actuels prévus par la règlementation, notamment la Directive Prospectus (levée de capital sans appel public à l'épargne) continuant de s’appliquer.
Cette autorisation est donnée dans le respect des règlementations existantes applicables à chacune des opérations (collecte de fonds, attribution de prêt, intégration de capital, fiscalité, etc…).
Les opérations de collecte de fonds pour les opérations de financement direct par des particuliers de projets telles qu'elles sont définies en (1) s'effectuent avec des contraintes allégées :
Pour les opérations de financement direct de particuliers tel que défini en (1), il est donné la possibilité au service de regrouper l'ensemble des particuliers contributeurs en une société en participation à laquelle est affectée les fonds apportés et dont la gérance est assurée par le service qui est à même de déléguer toute action à ses employés ou à des tiers (par exemple recouvrement).
Remarque : Il s'agit d'un modèle similaire au modèle du "producteur" et du contrat de "coproduction" tel qu'utilisé dans le cinéma ou la chanson et notamment par My Major Company où le “producteur” est “le chef d’orchestre” de l’utilisation des fonds.
Le service est autorisé à conserver les fonds en transfert sur les opérations de financement ou de reversement des fonds tant que ces fonds sont strictement identifiés aux opérations de financement participatif et conservés sur des comptes séparés.
Les services dont l'activité est réduite aux opérations d'intermédiation mettant en relation porteurs de projets et particuliers financeurs sont exonérées des agréments correspondant aux opérations génériques qu'ils réalisent (collecte d'argent, vente de produits financiers, placement de financement de projet, gestion des flux financiers correspondants) lorsque ces opérations sont strictement liées à leur activité première telle que définie en (1). Cela concerne notamment les agréments de Prestataire de Services de Paiement, Prestataire de Services d'Investissement ou tout autre. Les agréments nécessaires à chacune des types d'opérations spécifiques de financement (octroi de prêt, constitution de fonds de placement, intégration de capital,…) continuent de s'appliquer.
Cette dispense d'agrément peut être accordée en contrepartie de la satisfaction d'un certain nombre de conditions qui peuvent être regroupées dans une charte.
Par exemple la P2P Finance UK Association propose les règles suivantes :
http://www.p2pfinanceassociation.org.uk/rules-and-operating-principles
Rédigé à 19:55 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance, Pret participatif, Microfinance, P2P Lending | Lien permanent | Commentaires (4) | TrackBack (0)
Frédéric Baud vient de publier, dans le cadre de Finthru, un nouveau livre blanc sur “L’impact de l’hyperconnectivité sur la banque de détail”.
Finthru (abrégé de Financial Breakthroughs -"Percée en Finance"-) est une petite structure – à laquelle je suis associé - fondée sur l'accumulation d'une expertise poussée des sujets financiers et bancaires. La production de livre blanc librement distribuable est à la base d'une démarche cherchant à faire partager des synthèses sur les sujets impactant pour le secteur bancaire dans un horizon de 3 à 5 ans. Puis d'accompagner, la réflexion et l'application des plans stratégiques qui permettront de saisir les opportunités qui se présentent.
Si vous désirez aller plus loin ou organiser une présentation en interne à vos équipes, contactez Frédéric Baud à [email protected].
Vous pouvez consulter les conclusions, télécharger le sommaire et acheter l’étude complète sur le site de Finthru : http://finthru.wordpress.com/2012/02/08/livre-blanc-impact-de-lapparition-de-lhyper-connectivite-sur-la-banque-de-detail/
Alors que l’évolution, voire la réinvention de la relation bancaire est un sujet constant dans la banque (voir cet article), Frédéric montre comment la capacité récente d’être constamment connecté et les usages relatifs de réception constante d’information et d’interaction “lâches” sont en fait “disruptifs” de la relation bancaire traditionnelle et ouvrent la possibilité de créer de nouveaux modèles, à la fois pour les acteurs traditionnels (banques universelles et banques spécialisées notamment en ligne) mais aussi pour de nouveaux entrants (“Category Killer”) [certains segments qui gagneraient à ce modèle sont évidents sur le marché].
Et notamment “Pour un nouvel entrant, l’apparition de l’hyper-connectivité est l’occasion de proposer à des segments de population déjà très avancés un service de banque au quotidien complètement repensé. En construisant une offre de compte courant gratuit, associée à des nouveaux services en synergie avec ce nouvel usage de relation constante, le nouvel entrant proposera un modèle économique semblable au modèle freemium si fréquent sur Internet.” (extrait).
Frédéric a aussi réalisée une présentation au BarCampBankParis7 disponible sur slideshare.
Ce livre blanc est le troisième après :
“L’Impact des Acteurs Non-Bancaires sur le Paysage du Paiement de Détail”
et “L’Impact du Mobile sur le Paiement de Détail”.
Une présentation sur “L’Adoption utilisateurs de la Gestion de Finance Personnelle bancaire (PFM)” est aussi disponible.
Rédigé à 17:58 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
A l’invitation d’Emmanuel Papadacci, je suis allé à la présentation à l’agence alpha de CAStor (CA Store) la marketplace d’applications que lance le Crédit Agricole et qui s’appuie sur un socle d’API donnant accès aux données bancaires.
Ce projet est un des premiers de la structure d’innovation récemment crée du Crédit, le Lab 1885 (de la date de création du Crédit Agricole).
Le Crédit Agricole va donner accès aux données bancaires via un SDK reposant sur le socle d’API utilisées pour le développement de son application “Mon budget ”. Cette application est la première de la catégorie bancaire sur mobile avec 300 à 500.000 clients uniques l’utilisant par mois.
CAStor comprendra aussi un “appstore” pour mettre à disposition les applications développées auprès des clients du Crédit Agricole, soit 20 millions de clients dont 6 millions d’internautes actifs.
Les applications développées et diffusées seront indépendantes de l’appstore ; ce seront des applications iOS, Android ou web exécutées dans leurs environnements respectifs. Des applications non bancaires (sans accès aux API de données) pourront aussi être développées et diffusées dans CAStor.
Les clients ne paieront pas les applications bancaires (les applications non bancaires pourront être payantes) mais seront prélevés sur leur compte d’un “pass” forfaitaire mensuel à deux niveaux (limité ou illimité a priori en fonction du nombre d’applications souscrites, voire de leur consommation) qui leur permettra d’utiliser librement les applications. L’application sera gratuite le 1er mois pour le client (il s’agit de l’application d’une règle Groupe généralisée sur les services : le client a 30 jours de droit à l’essai et de renonciation).
A CAStor est associé une coopérative qui regroupe les sociétés développant des applications qui assurera la gouvernance du système.
Les revenus générés par les prélèvements seront répartis entre la maintenance et l’évolution des API, le fonctionnement de la coopérative et les développeurs d’applications en fonction de l’utilisation. Les règles tarifaires sont en cours de finalisation.
Un qualification des applications sera effectuée par le Crédit Agricole pour s’assurer du respect des règles légales (protection des données) et de la charte de développement (agrégation de comptes tiers et concurrence étant interdites entre autres).
Une dizaine d’applications développées par le Crédit Agricole seront présentes au lancement orientées notamment consultation de compte et réalisées par des premiers partenaires tels que Widmee, Webzinemaker et Tikimove.
Cette initiative est une des première, voire la première expérience au monde de “Bank As A Service” dont le concept a mis du temps à murir (j’avais fait une présentation en 2007 sur le sujet consultable sur slideshare).
Elle permet d’apporter une réponse au problème des banques dans la capacité marketing à créer, tester et faire évoluer constamment de nouveaux services et s’adapter au mieux au besoins des utilisateurs dans leurs usages en évolution (voir cette présentation sur l’adoption utilisateur).
En même temps et à l’image d’Apple, le Crédit Agricole conserve la maitrise de son appstore et des conditions qui s’y appliquent et y introduit une dimension de “communauté” (via la coopérative réutilisant les valeurs mutualistes du groupe).
J’ai plusieurs fois eu la discussion sur la possibilité qu’émerge une approche “Bank As A Service” par rapport à l’incertaine capacité technique et la réticence des banques à aller dans cette voie.
Le modèle de pur “Bank As A Service” avec une simple mise à disposition des API bancaires par les banques contre facturation ne me semble pas réaliste. Cela ouvre la porte à une désintermédiation et à une concurrence antagonistes avec la culture des banques.
Le modèle inverse d’appstore interne uniquement alimenté par des équipes internes de la banque ou avec des applications achetées à l’extérieur mais rebrandées aux couleurs et aux formats internes ne me semble pas non plus une approche porteuse.
Ne reste que la solution de l’ouverture d’API dans le cadre d’un écosystème managé et au sein d’un appstore contrôlé qui associe, dans un cadre contraint mais existant, le potentiel complémentaire de chaque acteur.
Cette approche reste cependant focalisée pour le moment sur les usages clients en front-office. Les prochaines étapes à envisager seront :
- Le lien avec la vente de produits bancaires traditionnels à partir des applications (le commissionnement et les modèles de courtage)
- Des API transactionnelles notamment sur les opérations de paiement
- Les approches de verticalisation (reconstruire une expérience bancaire spécifique pour certains segments clients).
Je vous recommande l’article sur le blog C’est pas mon idée pour d’autres détails.
Rédigé à 02:51 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (7) | TrackBack (0)
Comme chaque année depuis 3 ans, je réalise un cours intitulé “Social Banking et Financement participatif” à l’Université Paris-Dauphine.
J’en profite pour mettre à jour le support dont c’est la 3e version (à la manière d’Olivier Ezratty et son Guide des Startups).
Il est disponible sur slideshare.
Qu’est-ce qui a changé par rapport à la précédente version ?
- Une introduction sur l’innovation en banque de détail et le “Financial Breakthrough” (perçée en finance), concept que je développe dans FinThru la structure de conseil à laquelle je suis associé (voir notamment ce billet).
- Une nouvelle typologie du financement participatif (que j’avais introduite dans un précèdent billet).
- De nouveaux éléments sur le contexte règlementaire et les évolutions nécessaires de ce contexte. Je développerai plus à l’issue du BarCampBankParis7 et la publication du “Manifeste pour un nouveau cadre législatif favorisant le financement participatif” qui a été développé par le groupe Digital 4 Change Finance (D4C Finance) auquel FriendsClear participe avec les autres acteurs de la place.
- Une remise à jour profonde de la présentation des services de prêts participatifs (P2P Lending) puisque l’actualité a été riche aux USA notamment avec Lending Club qui connait une croissance très importante (+104% en 2011) ainsi qu’en France avec le lancement de la nouvelle formule de FriendsClear, bénéficiant d’une autorisation spécifique de l’Autorité de Contrôle Prudentielle de la Banque de France, et de prêt d’union (et, plus anecdotiquement, le lancement du service de prêt participatif de la Nef – très directement inspiré de la formule initiale de FriendsClear que nous étions allé leur présenter).
- Le rajout d’un cadre pour structurer le cas qui clôture le cours sur le “Prêt sans taux d’intérêt à effet de levier”.
Des liens vers des références détaillées sur le financement / prêt participatif, P2P Lending sont listés dans le billet de présentation de la version précédente.
N’hésitez pas à me faire part de vos retours et questions éventuelles pour enrichir ce support en direct ou via ce formulaire.
Rédigé à 15:36 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance, Pret participatif, Microfinance, P2P Lending | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
"C’est un système vieux comme le monde : pour financer l’achat d’un bien, d’un appartement ou monter un commerce, on fait appel à la famille ou à des amis. L’idée : trouver de l’argent très facilement et à un taux très avantageux. Ce système s’appelle « la tontine ». Il a fait les beaux jours des communautés asiatiques ou africaines qui se prêtent ainsi de l’argent. Mais désormais, tout le monde y a recours. La tontine se modernise en passant même par des sites Internet spécialisés" comme le site FriendsClear.
FriendsClear passe à la TV ! Dans l'émission Capital du 4 décembre 2011 ("Argent : quand le business se fait en famille", sujet "Tontine : petits prêts entre amis").. Vous pourrez revoir la vidéo du sujet sur la tontine et les petits prêts entre amis sur M6 Replay (video : cliquez sur CHAPITRES : 2 Petits prêts entre amis).
Comme Joseph Chevalier vous souhaitez emprunter pour financer le développement de votre petite entreprise ? Déposer votre dossier dès maintenant !
Sujet d’importance s’il en est : Jean-Christophe Capelli a blogué pour l’occasion !
Si vous êtes intéressé, voyez aussi le site de l’expérience de la Tontine des blogueurs.
Rédigé à 20:08 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance, Pret participatif, Microfinance, P2P Lending | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
J'ai participé à la (très intéressante et très bien fréquentée) conférence "Directive sur la Monnaie Electronique : Quelles transformations attendre sur le marché des paiements ? " organisé par Marwan Farah par Kurt Salmon, en partenariat avec Wragge & co le 29 novembre 2011.
Il y était question de la transposition en France de la 2e Directive Européenne sur la Monnaie Electronique (DME2).
La 1ere Directive Européenne sur la Monnaie Electronique (DME1) a été publiée le 27/10/2000 et transposée en droit français à la date limite du 27/04/2002.
Seuls 3 établissements de monnaie électronique (EME1) ont été accrédités par l'autorité de régulation française (ACP) depuis.
A ma connaissance, aucun autre acteur EME1 français n'a acquis en France ou en Libre Prestation de Service en Europe un agrément EME1.
Toutes les banques disposent de la capacité à être EME1 mais aucune, à ma connaissance, n'a utilisée cette faculté.
Paypal, l'acteur le plus connu de monnaie électronique disposait d'une licence EME1 acquise en Angleterre en 2004 et a acquis le statut de banque établie au Luxembourg en 2007.
Il existe par contre des acteurs EME1 qui fournissent des services de monnaie électronique (compte de monnaie électronique, paiement mobile, collecte, émission de carte prépayées, carte cadeau,….) qui sont intégrés par des acteurs français dans leurs propres offres (liste non exhaustive à titre d’illustration) :
Ces services sont aussi offerts par certaines banques (répertoriées comme de véritables établissements de crédit) pour des offres tiers, par exemple :
Attention : Il existe aussi un autre statut de Prestataire de Service de Paiement (PSP), distinct de l'EME1 et aux capacités plus réduites, qui a connu plus de succès, y compris en France.
Laetitia de Pellegars du cabinet Wragge & Co a livré à titre de comparaison les chiffres suivants en nombre d'acteurs agrées :
UK | FR | |
PSP | 90 | 12 |
EME1 | 35 | 3 |
Ces éléments sont donnés sous toutes réserves. N'hésitez pas à porter à ma connaissance des acteurs que j'aurai ignoré.
Vous pouvez consulter :
La DME1 n'ayant pas permis le développement attendus des nouveaux services de monnaie électronique, la Commission Européenne a corrigé le tir avec la DME2. Celle-ci a été publiée le 16/09/2009 et devait être transposé à la date limite de septembre 2011. La transposition n'a pas été effectuée dans les délais. Un créneau de transposition existerait en décembre 2011 avec la loi Lefebvre, sinon cela la décalerait en décembre 2012.
Les acteurs présents qui sont intervenus m'ont eu l'air relativement peu optimistes sur les chances de transposition rapide de la Directive car :
Les propos du gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, ne laissent aucun doute sur l'absence de "traction" des instances décisionnaires sur ces nouveaux services. Je préfère citer "Lors d'une conférence de presse de présentation du rapport de l'Observatoire de la sécurité des cartes de paiement, le gouverneur a remis en cause le choix du Crédit Agricole d'avoir abrité son projet au sein FIA-NET Europe, filiale du Crédit Agricole enregistrée au Luxembourg : « Si les gens sont assez bêtes pour aller choisir des moyens de paiement proposés avec des niveaux de sécurité moindres (qu'en France), on ne peut rien faire » (source : cbanque)(sidérant !).
Après cela, il ne faut pas non plus s'étonner que la Commission ouvre une enquête en matière d'ententes et d'abus de position dominante sur les paiements électroniques (cf ref1 et ref2).
La non transposition de la DME2 semble aussi poser problème pour la distribution par des tiers des services EME1 (qui concerne comme cité un certain nombre d'acteurs français) car il s'agit d'un point couvert par la DME2 mais sur lequel la DME1 semble laisser planer un certain flou juridique (je pense qu'il faut comprendre "laissé à l'appréciation des modalités des autorités de tutelle" qui peuvent donc changer les règles, voire les opérationnaliser à leur convenance).
Sur l’impact des acteurs non bancaires sur le paysage du paiement de détail, je vous recommande le livre blanc éponyme de Finthru (dont je fais partie).
Internet et la société numérique posent un problème spécifique aux autorités de tutelle financière.
Cela pose deux questions fondamentales :
L'enjeu principal derrière ces questions est la réglementation antiblanchiment (3e Directive)
L'antiblanchiment est devenu, après le 11 septembre 2001, une priorité principale pour la régulation dans l'ensemble des pays développés. A l'image de Al Capone aux USA qui a été condamné pour fraude fiscale car ses autres crimes n'avaient jamais pu être prouvé, les gouvernements ont décidé de se battre contre le terrorisme, le trafic de drogue et autres avec l'arme qu'ils maitrisaient le mieux : la finance.
Cela se décline avant tout dans le principe de "Know Your Customer" : le banquier doit savoir qui est exactement son client et s’assurer que les opérations financières qu’il accomplit ne sont pas illégales.
Les banques prennent cette règlementation très au sérieux car elles ont une obligation de résultat en la matière (c’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas dire « nous avons fait tout ce qui était possible pour connaitre nos clients et nous assurer qu’ils ne font pas d’opérations illégales »). Daniel Bouton, l’ancien président de la Société Générale, s’est ainsi retrouvé en garde à vue dans l’affaire dite du « Sentier » bien que sa banque n’ait rien fait d’illégal mais on lui reprochait justement que celle-ci ne s’était aperçue de rien.
Cela amène donc les banques à être beaucoup plus pointilleuses sur les formalités à accomplir dans leurs contrôles. Ce qui peut parfois virer au burlesque puisque la Banque Populaire et le Crédit Agricole ont, par exemple, envoyé des lettres à leurs clients historiques (certains depuis plus de 20 ans) pour leur demander de fournir des pièces d’identité (qu’ils n’avaient plus depuis tout le temps) sous peine de clôture de compte alors qu’ils étaient parfaitement connus de leur conseillers de clientèle !
Ce principe se heurte à un problème sur internet : l'absence d'identité –ou, pour être plus précis, l'absence d'identité forte standardisée -. Il n'existe ainsi pas de Carte d'Identité numérique utilisable sur internet en France (elle est néanmoins en préparation), ni de version numérique des principaux documents justificatifs échangés avec les banques (permis de conduire, justificatif de domicile, justificatif de revenu,…).
Pour plus de détail, je vous renvoie à un de mes billets "Peut-on tout faire en banque sur internet ?"
Les établissement de monnaie électronique et de paiement se voient donc appliquer des contraintes de KYC parfois disproportionnées eu égard aux faits :
Cette situation est d'autant plus décalée que subsistent "dans le système" des instruments de paiement historiques parfaitement légaux mais totalement non conformes aux principes d'antiblanchiment : les espèces et les chèques.
Si aujourd'hui, les espèces et les chèques étaient proposés comme "nouveaux instruments de paiement", ils ne seraient pas autorisés car ne respectant pas la règlementation.
Il est surprenant de voir les efforts du régulateurs pour limiter le développement actuel des cartes prépayées alors que celles-ci ont pour cible de se substituer à des usages “espèces” dont elles ne peuvent qu’améliorer le niveau de traçabilité même si elles ne satisfont pas un niveau de KYC élevé.
L'extinction des chèques et des espèces (comme instrument d'échange, pas comme objet symbolique) est programmée dans l'évolution de la règlementation mais à une échéance extrêmement lointaine. Il n'y a qu'à voir l'échec de l'extinction des chèques en Angleterre, programmée pour 2018 mais qui a du être annulé car des usages n'étaient plus couverts (notamment des usages de "blanchiment" dirais-je)
Le terme "usage de blanchiment" est utilisé ici au second degré, c’est-à-dire qu'il y a des usages qui sont "repérés" comme des usages de blanchiment, notamment du fait du faible niveau de "prescription" de l'instrument, mais qui en réalité sont de "vrais" usage et absolument pas du blanchiment.
Pour citer un exemple personnel, j'ai participé récemment à une tontine (ROSCA : Rotating Savings and Credit Association), la "Tontine des blogueurs". Celle-ci a été filmé pour l'émission Capital du 4 décembre 2011 ("Argent : quand le business se fait en famille", sujet "Tontine : petits prêts entre amis").
J'ai utilisé Kwixo, le service de paiement mobile du Crédit Agricole, pour envoyer de l'argent au trésorier de la séance (100€). Je n'ai eu qu'à saisir son numéro de téléphone et il a reçu une notification qui lui a permis de réaliser la "remise" de la somme sur son compte. A l'issue de la délibération, j'ai "mangé" la tontine, c’est-à-dire que j'ai récupéré la totalité de la somme collectée (400€). Le trésorier a ensuite essayé de me l'envoyer via Kwixo. Le plafond par envoi étant de 300€, il a envoyé successivement 150€ et 250€. Les envois sont partis mais le schéma de paiement (envoi d'un montant, réception d'un autre successivement, montant cumulé excédant les seuils) a du être identifié comme "suspect" d'un point de vue blanchiment et la transaction a été annulée a posteriori.
On voit bien le problème :
Rédigé à 15:21 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
J'ai réalisé cette année une présentation à des banquiers sur l'adoption utilisateurs de la Gestion de Finance Personnelle bancaire (PFM- Personal Finance Management). Je profite du lancement de notre structure d'expertise Financial Breakthroughs et de l'actualisation de la partie Appstore de cette présentation pour la publier sur Slideshare (le lien est ici).
Le PFM regroupe les outils pour analyser ses dépenses personnelles à partir des données de son compte bancaire. Il permet de catégoriser les dépenses, de consolider plusieurs comptes pour avoir une vision unique de ses dépenses, de les visualiser sous une forme graphique et d'en tirer des recommandations.
Le PFM correspond pour la banque à une évolution de fond vers une société basée sur l'information, les services et la virtualisation telle que décrite par le prospectiviste Jeremy Rifkin (L'âge de l'accès, La fin du travail). Dans cette vision les activités exploitant les données des transactions deviennent plus importantes que les transactions elles-mêmes (qui n'en sont que le "débouclage" final). Cette vision est notamment celle développée par Google dont le Google Wallet a pour objectif de capter les données de transaction et les services associés mais sans réellement s'intéresser aux moyens de paiement.
Le PFM n'est donc pas un sujet secondaire pour les banques mais au contraire un enjeu clé à 3-5 ans.
Le développement du PFM se reflète aujourd'hui dans le grand nombre de solutions existantes : Yodlee, Strands, Linxo, Mint, Lodo, Meniga, IND Group, Figlo, Xero, Love Money,…(échantillon non exhaustif des acteurs présents à Finnovate 2011 dont j'avais réalisé une présentation).
Pour plus de détails sur les acteurs, je vous recommande la section correspondante du blog "c'est pas mon idée !" : http://cestpasmonidee.blogspot.com/search/label/pfm
Les solutions de PFM sont en cours de généralisation dans les banques US et en déploiement en Europe notamment en Espagne et en Islande.
En France, on trouve Boursorama (solution développée en interne mais basée sur Yodlee pour la récupération des données) et les acteurs indépendants Linxo, Monyspot et Bankeen.
Pourquoi est-ce important maintenant ?
La consultation de compte est la fonctionnalité dominante aujourd’hui sur les sites bancaires. C'est une fonctionnalité de "faible valeur ajoutée" et l'objectif est :
Le PFM est l'outil adapté pour répondre à ces objectifs.
Les banques françaises n'ont pas montré une grande proactivité sur le PFM et celui-ci est en train d'évoluer rapidement avec le risque de développer un PFM d'une génération de retard. L'approche traditionnelle "nous n'avons pas de recul sur les usages, mettons en place une solution extensive qui fait tout, les utilisateurs y trouveront ce dont ils ont besoin" n'a déjà plus cours. Le "un même PFM pour tous les utilisateurs" ("One fit for all" ) non plus.
Cela n'est pas étonnant car le PFM est un domaine à part entière à lui seul et c'est un sujet complexe :
Il ne faut pas oublier que la capacité d'un outil n'est pas corrélée avec l'usabilité qu'il offre à ses utilisateurs.
Il est donc nécessaire d'adapter le service en fonction de chacun des segments client et du cycle d'adoption utilisateur :
Quelles sont en la matière les meilleures pratiques d’adoption utilisateur ?
Le moteur de recherche de Google et les applications iPhone d'Apple :
A cela il faut rajouter :
Cette approche d'adoption se décline dans le modèle d'appstore popularisé par Apple.
Elle a été mise en place pour le PFM avec le Yoddle Financial Appstore.
Yoddlee est un PFM mais c'est aussi une infrastructure de données bancaires personnelles :
Et maintenant un environnement de développement et de distribution d'applications tierces de PFM.
Cet appstore financier a été déployé récemment de manière opérationnelle par Bank of America.
Cette approche d'appstore n'est pas une surprise car elle est en train de se généraliser :
Pour finir, quelques précisions sur Financial Breakthroughs.
Financial Breakthroughs est une société de conseil originale, fondée par des experts reconnus des sujets financiers et bancaires, appuyés sur un réseau international de correspondants.
La production de livres blancs librement distribuables est à la base d'une démarche cherchant à faire partager des synthèses sur les sujets impactant pour le secteur bancaire dans un horizon de 3 à 5 ans, puis d'accompagner, la réflexion et l'application des plans stratégiques pour saisir les opportunités spécifiques à chaque acteur.
Site web : http://finthru.wordpress.com/
Livres blancs déjà publiés :
Paiements mobiles :
http://finthru.wordpress.com/2011/08/29/livre-blanc-impact-du-mobile-sur-le-paiement-de-detail/
Nouveaux acteurs du paiement :
http://finthru.wordpress.com/2011/10/24/livre-blanc-impact-des-acteurs-non-bancaires-sur-le-paysage-du-paiement-de-detail/
L’horizon de 3-5 ans correspond à un horizon intermédiaire entre l’horizon de développement qui concerne des activités établies mais présentant un potentiel de développement encore affirmé (Carte bancaire, Banque sur Internet, Bancassurance, Courtage financier,…) et un horizon d’innovation radicale à 10 ans ou plus (Extinction du cash, Extinction des chèques, Monnaies virtuelles, Open Banking Data, Bank As A Service,…).
Dans cet horizon peuvent se développer des activités déjà existantes mais dont le potentiel n’est pas encore affirmé. Le meilleur exemple est constitué par Paypal dont l’activité avait été identifiée comme secondaire par les banquiers il y a 3-5 ans et qui maintenant se disent « si on avait fait Paypal il y a 3 ans… ». Et il ne faut surtout pas penser que Paypal est le seul exemple…
N'hésitez pas à me contacter : [email protected]
Rédigé à 01:11 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
Financial Breakthroughs ("Percée en Finance") est une petite structure – à laquelle je suis associé - fondée sur l'accumulation d'une expertise poussée des sujets financiers et bancaires. La production de livre blanc librement distribuable est à la base d'une démarche cherchant à faire partager des synthèses sur les sujets impactant pour le secteur bancaire dans un horizon de 3 à 5 ans. Puis d'accompagner, la réflexion et l'application des plans stratégiques qui permettront de saisir les opportunités qui se présentent.
Si vous désirez aller plus loin ou organiser une présentation en interne à vos équipes, contactez Frédéric Baud à [email protected].
Ce livre blanc “Impact des Acteurs Non-Bancaires sur le Paysage du Paiement de Détail” est le second publié après un premier portant sur “L’Impact du Mobile sur le Paiement de Détail”
Ce livre blanc est librement distribuable sous licence Creative Commons CC-BY-NC-ND, vous pouvez le télécharger à l’adresse http://download.finthru.com/livres-blancs/lb-monnaie-electronique/Impact-des-Nouveaux-Acteurs-Non-Bancaires-sur-les-Paiements-de-Detail.pdf
En voici le résumé :
En 2006, la taille de la masse monétaire M1, utilisée pour les paiements de détails, était de 593,9 milliards d’euro. Avec environ 499 milliards d’euro en dépôt sur des comptes bancaires, cette masse de monnaie scripturale engendrait aux alentours de 5 trillions d’euros de transactions de paiement au travers du système interbancaire.
Depuis une dizaine d’années, le législateur européen a construit les conditions d’entrée de nouveaux acteurs non-bancaires, soumis à des agréments allégés par rapport aux banques qui étaient jusqu’ici les seules à avoir le droit d’opérer des services de paiement. Avec la première directive sur les établissements de monnaie électronique (DME1) datant de 2000, puis de façon plus volontaire avec la directive sur les établissements de services de paiements (DSP) de 2007 et enfin avec la nouvelle version de la directive sur les établissements de monnaie électronique de 2009, la commission a posé le cadre pour une redéfinition concurrentielle de la chaîne de valeur du paiement de détail.
La mise en application en France de ces nouvelles directives a toujours suivi avec un décalage d’au moins 2 ans l’adoption des textes européens. La DME1 était pratiquement restée lettre morte sur le territoire Français, et la DME2 est toujours en attente de transposition. Néanmoins, grâce notamment au passeport Européen, les choses ont commencé à bouger et on peut s’attendre à un impact de ces nouveaux acteurs non-bancaire dans un horizon de 3 à 5 ans.
Malgré la volonté de mise en concurrence, les banques gardent encore de nombreuses fonctions interdites aux nouveaux acteurs : services de paiement bancaires (chèque, virement, prélèvement,..), offre d’épargne ou de crédit. Ces fonctions sont de réels avantages compétitifs au sein de la chaine de valeur du paiement de détail.
Les nouveaux acteurs non-bancaires ont seulement obtenu le droit de venir concurrencer les banques au travers de la détention de monnaie électronique ou de services de flux de paiements. Ils ont en revanche des exigences sur leurs capitaux propres inférieurs à celles demandées aux banques dont la base du métier est la transformation de dépôts en crédits. La dynamique repose donc principalement sur l’ouverture à de petits acteurs, plus agiles de fonctions participant à la chaine de valeur.
L’enjeu est alors pour ces nouveaux acteurs, soit d’importer leur compétence unique acquise sur un autre métier, comme veut le faire Google, soit de développer des nouvelles compétences qui viendraient compléter celles des banques, avant que celles-ci
Rédigé à 15:06 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Cet article a été rédigé en collaboration avec SIA Conseil et est publié conjointement sur leur (excellent) blog Finance & Stratégies (le lien est ici).
Les annonces de lancement de moyens de paiement innovants foisonnent dans les medias. Kwixo, Buyster, Pay2you sont autant de nouveaux services venant alimenter un marché en plein développement, dont la motivation est de proposer des solutions de paiement à valeur ajoutée, alternatives aux services traditionnels offerts par les banques. Pour décrypter le développement de ce nouveau marché, nous nous sommes appuyés sur l’étude d’un panel de services innovants proposés par différents acteurs, qui nous permet de dresser un premier état des lieux.
Les directives européennes monnaie électronique 1 et 2 (DME 1 et DME 2) de 2000 et de 2009 ainsi que la directive européenne sur les services de paiement (DSP) de 2007 instaurent un cadre règlementaire européen autour des activités d’émission et de gestion de monnaie électronique et de prestation de services de paiement. Ces nouvelles directives ont ouvert le champ au développement d’une large gamme de services de paiement novateurs, en s’appuyant notamment sur de nouveaux acteurs : les établissements de monnaie électronique et les établissements de paiement, qui développent ces services en propre ou en marque blanche.
A cet effet, depuis l'application de la directive sur les services de 2006, la libre prestation de services permet à des offres nationales de s'appuyer sur des licences acquises par des prestataires venant d’autres pays de l'Union européenne, proposant une fonction de paiement à des acteurs tiers qui en assurent la commercialisation et l'intégration de services complémentaires. Mais en laissant à chaque Etat la latitude d’ajuster certaines conditions d’agrément et d’exercice (audits de sécurité, seuils d’opérations, contraintes de KYC…), le régulateur a ouvert la porte à l’utilisation massive de ce passeport européen. Ceci est d’autant plus vrai que les dates de transposition sont parfois très éloignées d’un pays à l’autre. Ainsi, certains acteurs n’hésitent pas à demander un agrément en dehors de leur pays d’origine.
On note que les demandes d’agrément viennent majoritairement d’entreprises innovantes dans le domaine de la monétique ou d’Internet. Ces demandes visent à développer des offres variées dans le domaine du transfert de fonds et des flux (virements, prélèvements).
Toutefois, sur un périmètre européen, on constate que les services innovants sont relativement diversifiés en termes :
Le tableau ci-dessous dresse la synthèse d’une étude que nous avons réalisée sur un panel de 16 services innovants.
En termes de cible, l’essentiel des offres proposées sont développées pour le marché retail (offre de services de paiement pour les particuliers et d’encaissement par les commerçants), ce qui permet de toucher un large public et potentiellement de générer d’importants volumes de transaction rapidement.
Les offres pour les grands corporate ne sont donc pas encore très développées en dehors de l’exemple de Slimpay, proposant un service de gestion de mandat. La pénétration du marché y est plus complexe sur ce segment et les activités de gestion des flux financiers, d’importance stratégique, restent traditionnellement confiées à des acteurs reconnus de premier plan.
Bénéficiant de l’essor de la mobilité et de l’Internet, les nouveaux services de paiement se positionnent comme étant flexibles, peu chers et sécurisants. Ainsi, pour les acteurs bancaires dont les services de paiement traditionnels sont occasionnellement incriminés sur ces aspects, il se pose la question du couplage avec ces services alternatifs dans leur offre bancaire. Cette voie, expérimentée à l’étranger, n’est encore qu’à l’état d’esquisse en France.
Dans ce marché, en pleine construction et en recherche de nouveaux modèles, aboutissant à un foisonnement d’offres et d’acteurs, peu ont déjà atteint le point mort de leur activité. La construction d’une base client et d’un réseau d’acceptation assez large, ainsi que d’un système de commission à la fois rentable et attractif pour les utilisateurs n’est pas une alchimie facile à mettre en œuvre. Dans un tel contexte, le développement de partenariats permettrait de mutualiser rapidement les savoir-faire et les bases clients / commerçants ainsi que de consolider un marché dont la fragmentation ne peut être viable à long terme.
Contrairement aux idées reçues, présentant l'ouverture du marché des paiements comme une confrontation directe entre les acteurs traditionnels (banques, systèmes cartes, processeurs de paiement) et les nouveaux entrants, la majeure partie des modèles économiques se situent dans une démarche de complémentarité. Celle-ci est souvent nécessaire pour développer de nouveaux services complets, permettre l’accès aux infrastructures, bénéficier de la marque d'un acteur reconnu et réaliser une pénétration du marché efficace.
Dans ce paysage très dynamique, des niches restent encore à occuper. Cependant, suite à l’ouverture du marché des paiements, une consolidation est à attendre, au détriment des acteurs les moins bien armés. Cette sélection conduirait à terme à une plus grande sobriété des offres et à l’émergence de « champions » sur chacun des segments considérés. La coexistence d’offres similaires auprès des mêmes commerçants et clients parait peu probable car elle ne permettrait pas de générer les volumes suffisants pour chacun. Dans ce contexte, la proposition d’un parcours client séduisant et efficace dès la phase de recrutement, mais aussi la capacité de rétention et de pérennisation des modèles proposés seront autant de facteurs clés de réussite.
Rédigé à 10:40 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
J'ai participé au petit déjeuner "MapReduce, la révolution dans l’analyse des Big Data" organisé par OCTO et Platform le 27 septembre 2011.
MapReduce est la technologie de répartition des traitements sur une multitude de machines bon marchés (“pizza box”) situées dans des data-centers géants développées par Google pour servir d'infrastructure pour l'ensemble de ses services (Search, Gmail,…). Elle est associée à la gestion de fichiers (GFS - Google File System) et la répartition des données (Big table).
Cette technologie a été partagée par Google et a fait l'objet d'une implémentation open source sous l'égide de la fondation Apache : Hadoop. Il est composé de HDFS (Hadoop Distributed File System), Hbase (répartition des données) et MapReduce (répartition des traitements).
Cette technologie est associé aux notions de :
Julien Cabot, Directeur de la practice Capital Market chez OCTO a fait une présentation des "enjeux métiers" pour les entreprises lié aux nouvelles technologies des données représentées par MapReduce.
J'en ai retenu les points suivants :
Ces technologies sont exploitables en cloud privé dans différentes configurations avec des offres d’acteurs tels que Platform, Cloudera, IBM InfoSphere BigInsights, MapR, Hortonworks, etc.
Microsoft a aussi un projet de "MapReduce like" Dryad.
Amazon possède une offre en cloud public Amazon Elastic Map Reduce.
Et il est possible de combiner cloud public et privé.
A quoi cela sert-il ?
Nous vivons dans un monde de plus en plus numérique où chaque utilisateur produit un flux de plus en plus important de données en temps réel et voit des aspects de plus en plus étendu de ses activités s'incarner de manière virtuelle.
On voit déjà tout le potentiel de l'exploitation de ces données et de ce partage (maitrisé) dans des applications comme Facebook (réseau social), Twitter (flux d'information), Foursquare (geolocalisation), Runkeeper (course), Spotify (musique), etc…
Le partage de l'information entre les fournisseurs et les utilisateurs et entre utilisateurs recèle un potentiel d'amélioration gigantesque comme l'illustre le programme de recherche MyData mené en Angleterre.
Et nous ne sommes qu'au début de cette évolution qui est une tendance sociétale de fond (voir ces deux articles "Vers un monde de données" et "La nouvelle science des données"). Je vous recommande aussi le blog d'OCTO (et notamment cet article).
Soit dit en passant, les données les plus riches, celles porteuses de la plus grande valeur ajoutée en terme d'information sur soi sont les données bancaires. Elles en disent bien plus que les données de communications interpersonnelles, d'information ou de géolocalisation. Dans la banque c'est le domaine du Personal Finance Management (PFM) (ou gestionnaire de budget) qui commence à bouger en France avec Money Center de Boursorama et des startups comme Linxo ou Monyspot (et un nouveau pas encore sorti Bankeen – ex Perspecteev, une startup du Camping) (mais nous sommes en retrait par rapport à ce qui existe aux USA et en Europe dont j'ai donné un aperçu lors d'une précédente édition de Finovate.)
Rédigé à 02:07 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance, Internet, Telecom & Media, Personal considerations | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
J'ai assisté à la soirée débat organisée par Olivier Berruyer de (l'excellent) blog Les-crises.fr.
Ses contributions sont rassemblées dans son livre "STOP ! Tirons les leçons de la crise".
J'en tire les quelques réflexions suivantes :
Il y a deux équilibres fondamentaux :
Auxquels sont normalement attachés des mécanismes correcteurs :
Si on considère les zones USA, Europe et Chine, on a du mal à voir ces mécanismes correcteurs à l'œuvre :
Est-ce qu'il est déjà trop tard ?
Il est difficile de répondre à cette question car le vrai problème c'est que l'on ne sait pas quel est le seuil et le timing de décrochage. Si on dispose de temps pour se rééquilibrer ou se préparer à contrôler sa glissade, on peut passer le point d'inflexion, même si, sur le papier, on est hors de la zone d'évolution (le Japon vit bien avec un endettement de 200% du PIB).
Comment en sortir ?
Pour l'endettement, il y a deux manière d'un sortir :
La monétisation consiste à émettre de la nouvelle monnaie pour payer ses dettes. Mais l'augmentation de la masse monétaire à activité constante porte un risque majeur : celui de générer de l'inflation. Jusqu'à présent, ce risque ne s'est pas concrétisé du fait de la pression sur les prix exercée par la mondialisation malgré des injections massives de liquidités. Celles-ci ont généré des phénomènes de bulles, sur l'immobilier, sur les produits cotés et surtout sur les produits financiers dérivés. Le financement des dettes souveraines par la monétisation a déjà été expérimenté : par la Fed lorsque celle-ci était le premier acheteur des émissions de dettes du trésor US ou, plus ponctuellement, par la BCE qui a acheté des titres de dettes souveraines en situation de tension. Une grande partie des émissions de dettes souveraines est néanmoins encore absorbé par le marché. Le passage à un financement exclusif par monétisation exercerait une tension d'une toute autre intensité sur l'inflation.
Et le problème de l'inflation, c'est qu'une fois enclenchée, on ne la contrôle pas. Elle se répand comme la monnaie et les mécanismes de contrôles nominaux (contrôle des prix) ont montré par le passé leur inefficacité. L'inflation permet certes "l'euthanasie des rentiers" mais le remède est pire que le mal car elle lamine tous ceux qui ne possèdent pas de pouvoir de négociation par rapport à leurs revenus (retraités, titulaires de transfert sociaux, fonctionnaires,…). L'inflation est l'équivalent d'un impôt sur les plus pauvres.
Le défaut consiste à dire à ses créanciers que l'on ne peut plus rembourser. Il peut être partiel ou total, porter sur les intérêts seuls ou le capital. Le problème du défaut, c'est qu'après il n'est plus possible de se représenter auprès de ses prêteurs pour leur emprunter avant 20 ou 50 ans. Il faut donc adapter ses dépenses à ses recettes (les impôts). Pour la France, le déficit étant d'environ 100 Mds € en 2011, la charge de la dette étant de 50 Mds €, il faut lever 50 Mds € d'impôts nouveaux par an ou réduire la dépense de 50 Mds € (ou n'importe quel panachage) pour se sortir de la situation par un défaut.
La caractérisation du défaut devient ici primordiale et la Grèce a permit de s'apercevoir combien ce point pouvait faire l'objet de créativité avec des défauts "volontaires" des créanciers ou des défauts "à la carte" (décote du capital, report de la date d'échéance ou "reprise" en dette des remboursements effectués).
Le défaut a cet avantage sur l'inflation que l'on peut essayer de le contrôler, de le gérer de manière sélective. L'inflation n'est jamais contrôlée et elle n'est pas sélective.
Olivier Berruyer utilise une image très concrète de la dette pour les citoyens qui se disent que "ils ne sont pas responsables". La dette est comme impôt que l'on aurait du payer mais que l'on a reporté mais qui reste du. Un impôt reporté qui a été cautionné par les générations de politiques de chaque bord qui se sont succédées depuis 25 ans. Certains précurseurs l'ont fait savoir. Raymond Barre, 1er ministre et ministre de l'économie de Valery Giscard d'Estain l'a dit en 1980. Alain Madelin, ministre de l'économie l'a dit dans les années 90. François Bayrou en a fait un thème de sa campagne en 2007 « Faire payer nos dépenses par nos enfants est irresponsable et criminel" et François Fillon, 1er ministre, l'a affirmé en 2007 "je suis à la tête d'un état en situation de faillite". Mais tétanisés par le tabou de la "rigueur", censé porter à la perte politique toute personne l'évoquant, ils ont eu raison trop tôt, alors que l'opinion le savait mais n'était pas prête à l'entendre.
On voit donc se dessiner un cadre de responsabilité entre des citoyens redevables d'un impôt reporté et des investisseurs s'étant imprudemment avancés à prêter à des états endettés au-delà du raisonnable. Et cela d'autant plus que qu'une partie des citoyens et des investisseurs sont en fait les mêmes.
Les proportions suivantes ont été donnée lors du débat sur l'origine des porteurs de dette française :
Il semblerait que la dette sur la France soit très concentrée en valeur sur une proportion faible (10%) des emprunteurs, détenteurs donc de gros portefeuilles obligataires souverains (des assurances-vie de plusieurs millions, dizaines ou centaines de millions d'euros notamment).
Ce sont des candidats privilégiés pour un "hair cut" (un défaut sélectif) et cela d'autant plus que les règles de garantie permettent, par ailleurs, de protéger la plus grande majorité des investisseurs (seuils de 100.000€ / personne en dépôt, garantie du capital nominal déposé en assurance-vie mais pas des intérêts générés pendant des dizaines d'années).
Un défaut "fiscalisatoire" si l'on peut dire.
Le point clé, c'est qu'il faut se préparer. Il faut avoir des plans, des options à exercer qui servent de "pare-feux" pour éviter une contagion de la crise. Et si elles ne sont pas prêtes à être exécutées, il ne faut pas compter sur elles. Dans la configuration actuelle non intégrée de l'Europe, on voit bien qu'aucune décision n'est possible en mode anticipatif.
Cela peut vouloir dire réaliser des défauts sélectifs ou au contraire circonscrire à la source le facteur de contagion.
Au début de la crise des subprimes aux USA, les prêts concernés représentaient environ 300 Md$. Si tous les pays du G20 s'étaient cotisés pour racheter ce montant, la crise n'aurait pas eu lieu. Au lieu de cela, ces 300 Md$ en ont contaminé de milliers de Mds de produits financiers qui avaient incorporés des tranches de subprimes. Mais effectivement que indirectement des contribuables français payent pour racheter des prêts immobiliers subprimes américains, je ne pense pas que l’opinion ait été prête à comprendre cela. C’était pourtant probablement la meilleure chose à faire.
300 Mds est le montant de la dette de la Grèce. C'est un montant très limité (en comparaison : France : 1800 Md€, Allemagne : 2000 Mds €, Europe : 10.000 Mds€, USA : 15.000 Mds$) que l'on pourrait absorber pour limiter toute contagion. Racheter l’ensemble de la dette grecque, c’est peut être la meilleure chose à faire aujourd’hui, notamment pour les allemands. Le faire comprendre à son opinion, c’est une toute autre affaire.
Se préparer, cela vaut aussi pour les banques qui doivent préparer leurs "testaments" ou comment elles se démantèlent de manière contrôlée en cas de crise systémique. Les banques sont totalement opposées à cette option de se préparer car cela réduirait leur "alea moral" par rapport à l'Etat. Si l'Etat a un plan, il peut décider d'organiser des défauts sélectifs limitant la contagion. S'il n'a pas de plan, c'est tout ou rien pour la banque. Et on sait que l'on ne peut pas jouer l'option rien.
Pour le moment, peu a été fait en ce sens et on n'a pas l'impression que les leçons de la crise de 2007-2008 ont été tirées.
Les autres sujets abordés lors de cette soirée débat (j'essaierai de les développer dans un prochain article) : la compétitivité, l'irrationalité du marché des CDS, le nouveau modèle de croissance.
Olivier organisera une prochaine soirée débat à fin octobre.
Rédigé à 01:49 dans Banque, Finance, Assurance, Personal considerations | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
J'ai donné un cours en MBA Management Global à l’Université Paris Dauphine sur le thème de la Communication et Collaboration en Entreprise.
La présentation est disponible sur slideshare.
J’y traite de :
Le principal point est le constat que la productivité des activités intellectuelles n’est pas abordé de la bonne manière :
- La mesure et la décomposition du temps selon l’approche traditionnelle du “Bureau des méthodes” n’est pas pertinente.
- Les modes de traitement de l’information dépendent d’aspects culturels et générationnels (les Digital Natives ne travailleront pas de la même manière que leurs ainés avec des avantages et des inconvénients)
- De manière similaire, le volume d’emails, au cœur du constat de saturation de l’email, n’est pas absolu : on peut être noyé par 15 emails/jour ou être très à l’aise avec 100 emails/jours. Cela dépend des modes personnels de traitement…et ils sont variés.
- Il faut plutôt privilégier une approche de diversification des modes de traitement, chacun pouvant être plus spécialisés avec un regroupement de ces “gammes” de traitement par type (rôle) d’utilisateur.
Il fait suite à un précèdent cours que j’avais donné en Magistère de Gestion qui avait fait l’objet d’un article : Entreprise 2.0 : les référentiels sortent de l’entreprise.
J’avais déjà traité un certain nombre de thèmes dans des précédents articles :
- Productivité et organisation des activités collaboratives
- La fin du mail dans "l'architecture" de la productivité collaborative
Et plus particulièrement sur la place, les problématiques et les évolutions de l’email :
- Next Generation Mail : Toward a Personal Social CRM (présentation sur slideshare et article téléchargeable en anglais – présenté à la conférence NextMail'11)
- Futur du mail : le Social Personal CRM (le même article en français)
- Productivité du mail (un de mes trois premiers articles “fondateurs” sur le sujet avec une vue très complète de tous les aspects)
- A quoi pourrait ressembler le futur du mail ? (un de mes trois premiers articles “fondateurs” sur le sujet avec une vue très complète de tous les aspects)
- La banqueroute du mail (un de mes trois premiers articles “fondateurs” sur le sujet avec une vue très complète de tous les aspects)
J’ai aussi traité quelques sujets “périphériques” :
- Contact Management et CRM délégué (un article sur la gestion des contacts qui constitue une problématique à part entière).
Rédigé à 19:46 dans Knowledge workers efficiency, Next Generation Mail, Social Personal CRM | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Financial Breakthroughs est une structure de conseil, développée par Fréderic Baud, spécialisée dans le secteur financier sur les évolutions à 3-5 ans entrainant une percée (Breakthrough)- structure à laquelle je suis associé -. Elle s’appuie, notamment à travers les nombreux contacts de Fréderic, sur l’expérience de structures anglo-saxonne similaires dédiées positionnées sur ce segment dont n’existe aucun représentant en France (la bio de Fréderic est dans le livre blanc).
La démarche est de commencer par une synthèse des équilibres en présence dans le paysage actuel - équilibres qui peuvent dépendre du pays concerné - d’analyser les principales dimensions technologiques, économiques et d’usage du secteur, de présenter ensuite les caractéristiques spécifiques de la percée (breakthrough) considérée, puis de décrire les impacts que celle-ci aura sur la dynamique du“L’Impact du Mobile sur le Paiement de Détail” est le premier livre blanc publié par Financial Breakthrough (Finthru). D’autres sont en cours de rédaction (notamment un sur “Adoption d'Internet et Évolutions Règlementaires, Impact sur les Services des
Comptes Bancaires des Particuliers”).
Le livre blanc est téléchargeable sur le site de Finthru.
Il est librement distribuable sous licence Creative Commons CC-BY-NC-ND.
Si vous désirez une présentation en interne à vos équipes, contactez Frédéric Baud à [email protected].
En voici le résumé :
Aujourd’hui, quatre instruments de paiement se partagent la quasi-totalité des paiements de détail en France qui représentent 5,1 trillions d’euros de transactions pour l’ensemble des particuliers et des professionnels. Ces quatre instruments principaux sont les espèces, les chèques, les cartes et les virements. Les espèces, instrument historique, ont encore une présence importante avec environ 65% des transactions en volume et 24% en valeur des actes d’achat. Mais la carte bancaire est devenue l’instrument privilégié du paiement de détail des particuliers avec environ 21% des transactions en volume, mais surtout 36% en valeur. Le chèque, bien qu’en déclin régulier, représente toujours un proche second dans le paiement de détail avec 13% en volume et 33% en valeur. Le virement, premier instrument dans les paiements confondus entre particuliers et entreprises, est quant à lui le parent pauvre du paiement de détail et vient en quatrième position.
Parmi ces quatre instruments, seule la carte démontre un modèle économique auto-rentable, fondé sur l’acceptation des marchands de verser plus de 3 milliards d’euros de commission et sur l’acceptation des particuliers de verser 2,8 milliards d’euros de cotisation. Mais les contraintes de ce modèle économique expliquent également la grande résistance des espèces et des chèques dans de nombreuses catégories de transactions.
Au-delà des différences sur le modèle économique, gratuité ou paiement de commissions, les instruments se distinguent également par les réponses techniques que chacun offre lors des différentes étapes de capture d’une transaction (identification, échange des termes, authentification, approbation, signature, confirmation) et par les valeurs d’usages qu’ils peuvent offrir (anonymat, temporalité entre la livraison et le règlement, suivi dans le temps des différentes transactions).
Rédigé à 12:04 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance, Internet, Telecom & Media | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
I made a presentation “Next Generation Mail : Toward a Personal Social CRM” at NextMail'11, the First International Workshop on Next Trends in Mail (August 22, 2011- Lyon, France) - In conjunction with the 2011 IEEE / WIC / ACM International Conferences on WEB INTELLIGENCE and INTELLIGENT AGENT TECHNOLOGY.
The original article is Downloadable and the slides are on slideshare (and the photos on the NextMail’11 site).
This is the speech text related to the slides :
What is presented here is from a practitioner point of view with a focus on email usages.
QuestionableMail, a startup project to implement some of concepts described here has been launched. There are many questions your email can give you answer, so make it Questionable ! (it is just a project code because it is not fully satisfying on a marketing point of view and the final name could be different).
The background of the topic is the confrontation and the rechallenging between email and social network in term of audience and functionalities.
I will not enter into this debate in details but (if you miss) :
- Email is not dead.
- Email will be not replaced by Social Network.
- Email & Social Network are very similar in their basics (and it is very interesting to compare them in term of messages flow).
My conclusions on Email are the following :
- There is an implicit social network in your email :
- You have in your email a large set of statistical and semantic data as you can find on social network (including relationship network, frequency of contacts, actions, events,etc…).
- Flow overload / Flow filtering : it is the same problem for Email and Social Network :
– The flow overload is not resolved by social network (supposed to be focus only on “prequalified” contacts and better filtered). At the contrary, flow volume increases and the same flow overload phenomenon happens. In social network, flow filtering even becomes a whole new field of applications such as TweetDeck, HootSuite, Seesmic,…
- Attention is not the point :
– The ultimate goal to manage email overload seems to replicate an electronic executive assistant who help you to manage your attention : read this, answer this, do this (such as in the DARPA’s Calo Project – see also PAL : Personal Assistant that Learn). My opinion is that approach is not the good one because of two main problems :
1– High level « Assistant » vs Low level « Messages Flow » :
You cannot use the low level “messages flow” to produce a high level equivalent of an “executive assistant”. A real embodied executive assistant is a very sophisticated and very complex process with a high level of social insight and business knowledge. The two levels are too far each from another. You have to build an intermediary level with human in the middle (with such concvepts as “relationship”).
2 - Not priorized elements
At the contrary of what is often said, in email, we do not only manage high priority messages or subjects. We have also to process non priority messages or subjects. For example when I was in a big corporation, I had to perform yearly or quarterly compulsory trainings such as "ethical code of conduct" and yearly personal assessment. I received a bunch of emails about. All these messages were absolutely not priority (not client or project related). They were self-recalled so I do not have to follow them. But, at a time, I had to treat them. In email you have your classic inbox for day to day, “Getting Things Done” processing messages flow but you do not have another inbox on side for weekly, monthly or quaterly non priority messages flow.
- A CRM approach
Basically, my vision to build the next generation email is that we have to add on top of the classic chronological messages flow, new refined and consolidated views matching more high level users way of thinking (relationship, topics, activities).
This approach is the same used by CRM (Customer Relation Management). In CRM you track and register all elementary interactions flow with client. But after, you do not limit you to a single views of the chronological list of all clients interactions ! You have multiples views of consolidated and reprocessed data to manage all aspects of clients.
The email messages flow, shown in the classic inbox, do not need to be priorized. It needs to be split and specialized into “specialized inboxes” (views).
This approach is a kind of Personal CRM.
There are 3 keys points :
1– From Messages to Contacts :
We are absolutely not interested by messages. We are interested by messages in the context of a relationship with a contact. We need to replace messages in the conversation. The “thread” functionality, Xobni and Gmail people widget are in this way. But I am surprised that a simple mechanism such as capture and track all inbound contact is not generalized in email client (as Kwaga does it with WriteThatName).
2– Relationship Management :
We are too focus on inboud messages, as shown in the classic inbox, whereas we have to consider the whole relationship. And in the same relationship, we have inbound but also outbound messages.
So we have to consider (and manage) also outbound messages especially those we send and the wait for a response.
We have also to consider outbound messages in a proactive way : not only messages waiting a reply but also message we should have to send and we do not send. Gmail does it with its “consider including” functionnality. But it is limited to mail we are writing and not to contact we should have to communicate in order to manage a relationship. In this domain, my favorite question is “Who are the list of contact I should send best wishes ?”
3– Delegation
I will develop the concept of delegation further. Email has a social dimension but not a “share all” in a “fire and forget” way and rather how to share a restricted set of information into enterprise or small group.
I believe this evolution I have described is already on the way to be developed into existing email usage and innovations and I will give you some illustrations of this.
Considering messages flow from email and social network, they are not very different. The first is more focus on message and the scond on contact but their processing is similar.
What is interesting, in the social network messages flow (we consider facebook) is messages flow is reprocessed based on semantic and historical data to improve its relevance. Facebook use a “priority algorithm” called EdgeRank. You can also choose your views on the flow (between “Most Recent” and “Top News”) and use a filtering applications, such as Tweetdeck or Seesmic, to apply queries to your flow and generate multiple specialized views. Some (geek) people even have a dedicated second screen to watch all the day their social network flow filtered on different rules.
In email, you can find also this kind of “filtering specialized views” with Gmail Priority Inbox, Gmail People Widget and Xobni (not an exhaustive list !).
- Gmail Priority inbox shows a subset of your messages flow with a priorization algorithm I imagine to be based on similar parameters used by the EdgeRank.
- Priority inbox is not a replacement inbox, it is a specialized view of your inbox.
- Priority inbox is not 100% reliable. So, you cannot use it as a main inbox because you can miss something obviously important in classic chronological messages list and sometime you have irrelevant items. You always need to go through your regular inbox in a 2 phases processing.
- People widget, and Xobni are displayed on a pane on side of the main inbox and show additional informations about contacts involved in the exchange (list of last emails exchanged, other contacts involved in conversations, attachements send, Linkedin profile, Twitter feeds, etc…).They are complementary specialized views and do not replace the standard inbox view. They give you all the context of the relationship, a kind of explicit EdgeRank. Because relationship actions are not automatically priorized at the contrary of the messages in the messages flow, this view only gives information and actions are only driven by human analysis and appreciation.
- More and more we have multiple different “client” inboxes for each of our messaging account (and we can have multiple messaging accounts too). These different inboxes can be considered as “specialized views” of our messages flow. For example, we can have :
- A working inbox (traditional local mail client with advanced functionalities)
- A mobile inbox
- A replicated messages flow on a cloud based email
- We usually consider all these inboxes as the same view of the same inbox but with specialized “client” or “devices”.
- In fact, it is not. They rather “specialize your attention”. And we don’t perform the same processing on each of these inboxes :
- Local inbox is for advanced daily processing
- Mobile inbox is for quick & short response
- Cloud inbox is for storage, retrieval and post processing.
In fact, for an attention based priorization approach, it is even worse because there are other additional dimensions of diversity in email processing.
These dimensions of diversity are :
- Multiples « behaviours processing » :
« Behaviour processing » is the way you process your inbox. I consider there are 3 maturity levels :
- Clean desk policy : delete all message processed , keep your inbox clear of all message.
- Folder / Tag policy : Move message into folder when processed or tag it or mark it as done.
GTD & forget policy : “Getting Things Done” (most used methodology to manage a flow of tasks), forget emails non priorized & non processed, use search to manage specific topic/task (kind of “retrieval view”)
I have the example of a power user who uses a “clean desk policy” on his working mail and retrieves, catches back and reprocesses messages if necessary on his storage repository mail (the 2 inboxes are local client on different software).
- Multiple views :
I have mentioned the weekly / monthly / quaterly view of the inbox (could be based on a mix of frequency + source + additional key word), but many other “specialized views” based on specific user needs could be listed such as :
- Thread Follow up : ( a mix of inbox / outbox + not responded send message)
- Activity Report : (digest of my communication activity based on people + company contacted)
- Relationship : status of the relationship of people I am in contact with (mix of contacts sort by frequency)
- Etc….
- Multiple roles :
You should have different sets of views for each user role such as sale representative, biz development, project manager, CEO, marketing guy, technical support, etc…
You will obtain multiple “attention parterns” and a single attention based priorization approach seems difficult to achieve.
To sum up the Personal CRM approach for email :
- Keep the messages flow in the classic chronological inbox
- Add specialized views
- Customize set of specialized views by role
It is the same approach as CRM. All transactions must be captured and categorized and after exploited into specialized analytics views :
- Every single message must be categorized in database : contact, frequency, thread, related contacts, etc…
- In a CRM, there is no lost clients, even bad clients are categorized and processed. It must be the same for message.
- What is important is not only client record but client record + client history and all related element. It must be the same for message.
- Contact and conversation and more important than message as in CRM : we manage client relationship and not client.
- Email processing must be specialized as in CRM : we do not process high value client as standard client, mass market client as business client. So do not process claim message like marketing message or hierachical message.
- Everybody do not use the system the same way : as in CRM, where there are so many CRM
(Once again) Social is not the real point in email.
The focus must be Kept on relationship management and we have just to consider how people interact collectively to share information.
- “Open space” “Coffee machine” “Monday meeting” direct contact & human self management are the usual norm.
- "Put them all into the CRM" : When I was in a big company we had a Sales Force Automation tools and we had sometime “Siebel curation campaign” to clean and update contacts database. But it is not the good way to work.
- We have the same with Marketing organizing events or sending commercial letters "Give me contact" and after "Invite your contacts”
In my mind, the first level of “social” in email is to transfer and get back informations from and into the email to other Enterprise Processes and Systems, such as marketing mailing list management & CRM.
- Sharing contacts among a small group of homogeneous users could be a next social level for email (for example a group of sales representatives).
- You will continue to process your personal messages flow by yourself but you will give delegation of processing to Enterprise Process.
- You will “send” and “have a return” of your contacts from Enterprise Process in order to update with your email "personal CRM" database.
- The “views” to send contacts and messages is a kind of “social specialized inbox”
- And if you can enlarge the base of "mail/social network" you can mine it, even with reduced and delegated element it's far more better because you could use all the force of "weak relation" of Granothever (informations are very near from you. Contacts from your inbox or from and extended view of your inbox have the information very near from you).
- Email is a high privacy topic. You cannot share your email without control mechanism. I believe that the solution is shown by Facebook with delegation mechanism such as those used with facebook applications.
Do not hesitate to contact me if you want to continue the debate or consider any collaboration at [email protected]
Rédigé à 17:46 dans Knowledge workers efficiency, Next Generation Mail, Social Personal CRM | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
J'ai réalisé une session de présentation du financement participatif à "L'Ecole des Banquiers" pour la practice Finance d'OCTO (le 28/07) . Cette présentation est consultable sur slideshare. Cela m'a donné l'opportunité de formaliser ma vision du positionnement des différents acteurs et des différents modèles sous-jacents avec le retour d'expérience de FriendsClear et du suivi du marché sur plusieurs années.
Ma constatation principale est que le financement participatif :
Cette remarque peut paraitre triviale mais les produits financiers traditionnels font abstraction de la psychologie des utilisateurs et se restreignent à une logique financière évacuant en “externalités” toutes autres composantes de décision (notamment des critères de développement durable, de socialement responsable, d’éthique ou de philanthropie considérés comme “marketing” par les financiers).
Dans le financement participatif, un lien direct est établi entre le financement accordé et le projet (ou l'actif sous jacent) financé. Ce "produit" permet donc une implication plus forte de l'utilisateur qui peut jouer à deux niveaux :
L'implication projet repose sur le choix du projet (ou l'actif sous jacent) pour ses caractéristiques propres indépendamment de toute considération financière. Cela peut reposer sur la localisation (région, ville), le secteur d'activité, le profil du porteur de projet (jeune, femme, personne en réorientation professionnelle,…), le type du projet (développement durable, solidaire, innovation, culturel,…), le projet lui-même dans son unicité, son potentiel de développement, une empathie pour le porteur de projet, etc… Cette possibilité de choix au niveau le plus fin de granularité est n'est offerte que par le "produit financier" financement participatif.
L'implication financière repose sur le choix du projet (ou l'actif sous jacent) pour ses caractéristiques financières (risque, rendement) mais là encore à un niveau de granularité supérieur à tous autres produits financiers. L'utilisateur a la possibilité d'exercer son choix afin de se constituer un portefeuille de projets (d'actifs) ayant les caractéristiques financières (risque, rendement) recherchées. Il peut exercer ses facultés pour identifier et exploiter les critères qui lui permettront de sélectionner les actifs aux meilleures performances.
A travers ce critère d'implication projet et financière, une première catégorie oppose les modèles "non basés sur le profit" (implication projet forte et implication financière faible) des modèles basés sur le profit (implication projet forte ou faible et implication financière forte).
La catégorie "non basés sur le profit" regroupe plusieurs modèles :
L'implication projet repose sur un mécanisme psychologique d'adhésion à une "cause" similaire à celui des souscriptions publiques utilisées notamment dans la presse (qui s'appuyait en cela dans son pouvoir de mobilisation de masse).
On retrouve la même notion d'un montant du ticket minimum de financement faible afin de le rendre accessible au plus grand nombre et de valider l'opportunité du projet par cette adhésion de masse.
Cette logique d'adhésion de masse conduit néanmoins à limiter la récurrence des financements apportés par chaque utilisateur (qui ne retrouvera pas forcement d'autres projets à "adhérer" ou sera satisfait d’une seule “cause”) ainsi que le montant unitaires de chaque financement apporté et au final le montant moyen du ticket moyen (annuel) par utilisateur est faible. Le problème de ce modèle est donc de se rentabiliser avec beaucoup de transactions unitaires de faible montant et des besoins constants d'acquisition de nouveaux utilisateurs.
L'implication financière est faible car ce n'est pas le critère de choix et, eu égard aux montants limités de chaque utilisateur, il n'est pas possible d'y appliquer une logique financière (pour une mise de 25€, 100% de rendement ne rapportera au final que 50€).
A l'opposé de ce premier modèle, le modèle basé sur le profit repose sur l'implication financière des utilisateurs et cela les conduit à engager des montants moyens (annuel) par utilisateur beaucoup plus important. Les montants unitaires minimum des tickets peuvent être aussi à des niveaux faibles (bien que supérieur), il s'agit là surtout d'une logique d’adoption "try & buy" pour proposer un ticket d'entrée faible avec une logique d'augmentation des tickets unitaires et de récurrence des financements sur la période.
A partir de là, trois modèles distincts doivent être, à mon avis, différenciés en fonction de l'implication projet des utilisateurs :
Le modèle "activiste" est logiquement celui des "business angel" participatif qui interviennent en capital comme le fait Wiseed (et comme le faisaient FaisonsAffaires et Investigo aujourd'hui arrêtés). C'est aussi le modèle de FriendsClear où les utilisateurs choisissent les projets et touchent la quote part correspondante des échéances (capital + intérêt) des financements mis en place sous forme de prêt. C'est aussi le modèle de certains utilisateurs de My Major Company qui ont une logique et un comportement financier et qui y financent des montants importants dans une perspective de gain et non de "sponsoring" (les 2 types de comportement “sponsoring” ou “financier” sont possibles chez My Major Company).
Le modèle de portefeuille est celui mis en œuvre par les acteurs américains leaders historiques du P2P Lending (financement participatif sous forme de prêts souvent –incorrectement – traduit en “prêts entre particuliers) comme Lending Club (15M$ prêts/mois, lancé en 2007) et Prosper (4M$ prêts/mois, lancé en 2006). C'est aussi ce modèle que les analystes de la Deutsch Bank considèrent comme l'avenir du P2P Lending du fait de ses possibilités d’automatisation ("Welcome to the machine" est le titre de leur étude) et permettant une plus grande démocratisation du modèle.
Le modèle de fonds est celui initié par Zopa en Angleterre et qui lui réussit bien (8M$ prêts/mois, lancé en 2005). C'est le modèle le moins "participatif" qui se rapproche plus d'un modèle "Désintermédié low cost" pour offrir des actifs de prêts personnels à haut rendement à des investisseurs.
Le tableau ci-dessous reprend ces éléments :
Ces catégories d'usage qui viennent d’être listées ne recouvrent pas du tout les catégories définies par la règlementation et notamment les distinctions entre :
- Investissement en capital ou en prêt, voire contrat de coproduction s’assimilant à une commandite pour My Major Company
- Titrisation, détention en direct, financement adossé
- Avances remboursables, don, créance
- Financement, refinancement.
Pourquoi ?
Parce que ces catégories règlementaires ne recouvrent pas la manière dont les gens appréhendent le financement participatif :
Pourquoi cela peut-il poser problème ?
Parce que les catégories règlementaires sont censées apporter un cadre de compréhension des mécanismes financiers à destination du public. Par exemple :
De ce “cadre de compréhension” découlent la manière dont la règlementation traite chaque catégorie :
Le tableau suivant reprend ces points :
Caractéristiques | Contraintes de collecte des fonds | Contraintes de mise en œuvre du financement du projet | Contraintes de contrôle de l'utilisation | |
Capital | Risque fort | Fortes | Fortes | Faibles |
Rendement fort | ||||
Prêt | Risque faible | Faibles | Faibles | Fortes |
Rendement fort | ||||
Coproduction | Risque très fort | Faibles | Faibles | Faibles |
Rendement très fort |
Il se manifeste là une incohérence entre le “cadre de compréhension” traditionnel et les nouveaux modèles de financement, par exemples :
- Les fonds de microfinance sont interdits en France car les actifs qu’ils financent en prêt sont considérés comme trop risqués
- Les financements collectés en capital par des institutions telles que Terre de Lien ne présentent pas le caractère d’actifs risqués à haut rendement associé au processus d’investissement en capital
- Les financements en microcrédit (-25.000€ selon la définition européenne) effectués en prêts sont bien des financements risqués mais en toute connaissance de cause de ceux qui les financent.
Le problème principal des nouveaux modèles de financement est donc celui de leur adoption et notamment par rapport au “cadre de compréhension” traditionnel (mais ça, on le savait déja !).
Rédigé à 23:59 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance, Pret participatif, Microfinance, P2P Lending | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Je viens juste d'écrire un billet sur ce sujet mais après avoir échangé avec différents interlocuteurs, je me suis aperçu que beaucoup de points méritaient des précisions. Remettons donc le billet sur l'ouvrage !
Notamment je ne voudrais pas passer pour le Don Quichotte de l'email face aux réseaux sociaux d'entreprise alors qu'il y a un consensus (voir cette table ronde Télécom ParisTech) sur le fait :
Le problème fondamental est celui de la productivité de "knowledge workers". Les activités traditionnelles de production et de services (distribution, transport, entretien,…) s'insèrent bien dans le modèle de productivité taylorien (formalisation, spécialisation, instrumentation,..) . Il n'en n'est pas de même des activités de prestation ou de support intellectuelles qui échappent largement à la rationalisation taylorienne du fait de caractéristiques de diversité, d'évolutivité, de "contextualisation", de variabilité, etc.
Dans le modèle de maturité des connaissances de Nonaka, ces activités restent essentiellement à l'étape initiale de connaissance tacite :
source : http://informationr.net/ir/8-1/paper142.html / Nonaka I., 1994, A dynamic theory of organizational knowledge creation, Organization Science, vol 5, n°1, february 1994
Les niveaux de maturités du modèle correspondent assez bien avec les niveaux de "l'activité collaborative" :
Connaissance tacite | Connaissance explicite | Connaissance intégrée / internalisée ("Embedded" or "Embodied") |
Personne, interpersonnel | Groupe, Communauté | Entreprise |
Activité non structuré | Processus semi-structuré | Processus structuré d'entreprise |
Diversité de pratiques | Standardisation | "One best practice" |
Non prescriptif | Faiblement prescriptif | Fortement prescriptif |
Non managé | Managé (indicateurs, modèles) | Managé intégré |
Non spécialisé | Spécialisé | Fortement spécialisé |
Non formalisé | Formalisé | Fortement formalisé |
Réseau social d'entreprise, Collaboration et partage documentaire | Solution de processus d'entreprise (ERP, CRM, Gestion documentaire, Gestion du cycle de vie produit,…) |
Quelles conclusions en tirer ?
De quels usages parle t-on ?
Les entreprises développent de nouvelles pratiques de gestion, les nouveaux usages grand public fertilisent les entreprises, et les scénario d'usage à développer sont déjà là :
Le cycle de maturité est-il la seule grille de lecture de l'évolution de l'email et du collaboratif ?
Non car il s'agit d'un vision très "centrée entreprise" où chaque niveau (utilisateur, communauté, entreprise) est vu comme des activités à piloter par l'entreprise pour garantir sa performance.
En réalité ces différents niveaux (personnel, communauté) présentent une autonomie propre indépendamment de l'entreprise. Ce sont des "fournisseurs" de l'entreprise et, en tant que tel, ils ne peuvent être gérés totalement dans le système d'information de leur "client" (l'entreprise) - car cela les contraindrait trop dans une logique qui n'est pas forcement la leur -.
Un utilisateur personnel a besoin de pouvoir gérer sa "sphère relationnelle et d'information personnelle" indépendamment de l'entreprise, de développer des activités qui ne seront peut être jamais contributive de l'entreprise ou qui le seront un jour mais sans que l'on n'ai pu déterminer comment au moment ou elles ont été initiée. Il en est de même d'une communauté. Se développer soi-même et contribuer à l'entreprise peuvent être des logiques non exclusivement jointes (elles ne doivent néanmoins pas être totalement disjointes). Passer du temps à échanger à la machine à café peut profiter à l'entreprise...ou ne pas lui profiter.
A l'inverse, cela ne veut pas dire que ces activités personnelles ou communautaires doivent échapper à toute rationalisation, à toute mutualisation ou à toute possibilité de mobilisation par l'entreprise (ce qui était la position traditionnelle du management : je ne gère pas ce que je ne sais pas gérer, je ne fais que spécifier des résultats attendus).
Il y a donc une logique de rationalisation via le cycle de maturité mais se superpose à cette logique une autre d'autonomie de développement et de "contribution" entre les différents niveaux.
Il existe même à mon avis un autre niveau : le groupe implicite entre la personne et le groupe constitué / communauté. C'est-à-dire le groupe qui se forme et s'entretient autour d'une relation implicite sans jamais se constituer comme tel. Ce sont des groupes instantanés non pas basés sur une déclaration explicite d'appartenance mais l'acquisition du statut de membre à travers l'activité réalisée. Cette notion de groupe implicite est développée par de nouvelles startups comme Path, Frid.ge, Color, Instagram.
Sur le concept de graphes sociaux implicites voir :
Les RSE et les infrastructures collaboratives et solutions d'entreprise (CRM, Gestion documentaire, Gestion cycle de vie produit,…) n'ont pas les mêmes fonctions. Les 1er sont centrés sur les contacts et les liens tissés entre ces contacts, les seconds sur des "objets" gérés par l'entreprise (client, document, produit,…). Il est tout à fait possible de rajouter une couche "sociale" sur des infrastructures collaboratives et solutions d'entreprise mais l'approche restera différentes.
En fait, ce que nous apprend l'échec de la gestion des connaissances, c'est que l'on ne gère pas et que l'on accède pas directement aux connaissances comme des objets (hors connaissances techniques ou modélisées). Ce sont des personnes qui gèrent et donnent accès aux connaissances (voir ce premier et ce second article). Ce sont donc elles qu'ils faut rechercher et à qui il faut donner les moyens de favoriser leur "visibilité" et leur "accessibilité".
Dans les années 2000, j'ai vu quantité d'intranet géant avec une très grande profondeur d'information mais dans lesquels...on ne trouvait jamais rien de pertinent ! Il n'y a pas de raison que cela ait fondamentalement changé y compris avec l'introduction de technologie plus performante de recherche car la masse d'information s'est accrue en parallèle (hors recherche spécialisée sur des corpus d'information spécialisés).
Les personnes sont la clé de l'accès aux connaissances : à partir d'une personne identifiée sur un sujet, il est possible d'obtenir les contributions liées et les autres personnes liées. Ce qui vaut pour la recherche vaut aussi pour "filtrer" le flux constant d'information que nous recevons.
Dans cette approche sociale, les RSE favorisent la mise en visibilité des personnes, la collecte de leurs contributions et la participation aux interactions interpersonnelles (les "conversations" au sens large).
A coté de cela, les infrastructures collaboratives et solutions d'entreprise manipulent les données utilisées dans les processus et les référentiels d'entreprises indépendamment de toute référence à des personnes.
Il faut plutôt voir chacune des familles d'outils comme des infrastructures de service qui peuvent être composées les unes avec les autres. Cette complémentarité est illustrée par le développement de l'intégration entre fournisseurs :
Rédigé à 17:44 dans Knowledge workers efficiency, Next Generation Mail, Social Personal CRM | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Le thème de la fin du mail est revenu sur le devant de la scène avec l'annonce de Thierry Breton de sa suppression programmée chez Atos dans les 3 ans remplacé par des outils collaboratifs et de Réseau Sociaux d'Entreprise (RSE).
C'est aussi l'accroche des fournisseurs de solution de collaboration et de socialisation d'entreprise qui proclament leur objectif de remplacer le mail (voir "L’e-mail est mort…quelle alternative aujourd’hui ?" selon Damien Douani de Blue Kiwi).
Il y certes des zones de substitution mais fondamentalement le mail et les solutions collaboratives et de socialisation d'entreprise sont de natures différentes.
A partir de là, certains constats s'imposent :
Il est ainsi très bénéfique que certains usages sortent du mail :
Même les éditeurs de solutions de collaboration et de socialisation prônent la conservation du mail pour certaines fonctionnalités, comme l'explique Damien Douani de Blue Kiwi :
Les autres aspects pour lesquels le mail conserve son importance apparaissent en creux par rapport aux insuffisances actuelles des outils de collaboration et de socialisation.
On s'aperçoit donc que la substitution ou l'extinction du mail n'est pas aussi simple que cela. Les études d'usage conduisent d'ailleurs plutôt à constater un empilement des outils et des usages ("la théorie du millefeuille" comme la décrit Michel Kalika).
Il faut donc considérer "l'architecture" globale de la productivité collaborative pour déterminer comment se positionnent les différents usages et outils.
A cette segmentation, on peut faire correspondre des outils :
La mise en correspondance entre les usages et les outils suit alors des règles comme suit :
Ce schéma très simple doit être aménagé et complété :
Au final, dans cette architecture de la productivité collaborative, le mail n'a pas vocation à disparaitre mais à s'intégrer dans une gamme de scénarios d'usage qui mixent à la fois le niveau de maturité du processus d'entreprise et les types de populations / situations d'utilisation.
L'objectif ne devrait donc pas être de tuer le mail mais de réarranger le millefeuille.
Il y a deux autres raisons sur lesquelles je vais revenir pour lesquelles le mail conserve une importance (ou que les solutions de collaboration et de socialisation d'entreprise sont encore insuffisantes selon le point de vue que l'on adopte) :
Ces points doivent être mis en relation avec :
L'estompement des frontières personnelle / entreprise prend des aspects traditionnels comme :
Mais elle prend aussi un autre aspect qui est l'implication et l'initiative laissée aux individus pour développer leur "valeur" et utiliser celle-ci dans l'intérêt de l'entreprise : s'informer, se former, développer son réseau relationnel dans et à l'extérieur de l'entreprise, représenter l'entreprise à l'extérieur, innover, contribuer, développer son expertise, etc… Il n'y a pas de modèle prescriptif de la performance ou de la productivité collaborative et l'entreprise ne peut qu'inciter ses employés la développer par eux-mêmes. Cela nécessite d'abord un travail personnel de développement de son capital informationnel et relationnel.
La conservation et la récupération de ce capital informationnel et relationnel de la personne n'est pas pris en compte par les outils de collaboration et de socialisation : Que se passe t-il quand une personne quitte l'entreprise ? Il abandonne son capital relationnel et intellectuel ? Y compris lorsqu'il s'agit de contact ou d'éléments externes à l'entreprise ?
C'est pour ces raisons que lorsque l'on parle de réseaux sociaux en entreprise, on parle souvent plutôt de l'utilisation des réseaux sociaux externes (Linkedin, Facebook, Quora,…) en entreprise que du réseau social de l'entreprise (RSS) (cf article de Bertrand Duperrin)
L'estompement des frontières entre interne / externe de l'entreprise est tiré par plusieurs phénomènes :
Les outils de collaboration et de socialisation sont encore très centrés sur l'entreprise, voire étendue à un extranet, mais ne gèrent qu'imparfaitement l'interpénétration d'acteurs externes.
Pour répondre à ces besoins, soit les réseaux sociaux globaux comme Linkedin ouvrent des groupes privés d'entreprise (comme Yammer l'a fait pour Twitter), soit les réseaux sociaux d'entreprise ouvrent des ponts (des APIs) vers les services externes (Linkedin, Quora).
Et tout deux devront continuer à progresser sur la maitrise des données personnelles ("privacy", domaine dans lequel Facebook confronté aux challenges les plus importants a beaucoup progressé) et à l'accessibilité des données (là encore Facebook avec oAuth et FaceBook Connect montre la voie).
Le plus intéressant à observer à mon avis est néanmoins ce que peut faire un acteur comme Salesforce qui possède à la fois les couches d'application d'entreprise avec la base des utilisateurs, de réseau social d'entreprise (Chatter), de base de contacts partagés (Jigsaw), d'intégration de la messagerie (intégration Gmail). Il ne lui manque plus que d'ouvrir un réseau social ouvert (type Linkedin) qui pré-référencerait l'ensemble des utilisateurs Salesforces pour obtenir une architecture presque complète et intégrée.
Rédigé à 15:46 dans Knowledge workers efficiency, Next Generation Mail, Social Personal CRM | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
J'ai participé à une table ronde organisée par Stéphane Py d'Altares-D&B sur "Contact Management : Enjeux et perspectives". Le sujet portait d'abord sur les moyens d'acquisition des contacts pour les entreprises.
Cette question a pris une nouvelle importance avec l'augmentation du taux de renouvellement des contacts. Selon le représentant de Dell présent, 55% des contacts changent chaque année (changement d'entreprise ou de poste).
Habituellement on distingue deux logiques :
Cette distinction est en train de s'estomper :
La discussion a beaucoup porté sur les réseaux sociaux comme nouveau moyen d'acquisition de contact :
Sur ce dernier point, une récente enquête montrait que seules 16% des entreprises exploitaient leurs contacts internes pour des opérations marketing (14% pour la collecte directe sur les réseaux sociaux).
A quoi tient cet état de fait ?
Comment faire alors ?
Si vous avez connaissance d'initiatives ou de réalisation dans ce domaine, n'hésitez pas à m'en faire part.
Rédigé à 00:16 dans Knowledge workers efficiency, Next Generation Mail, Social Personal CRM | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
J’ai proposé un article pour le NextMail Workshop of 2011 IEEE/WIC/ACM (International Conference on Web Intelligence and Intelligent Agent Technology, 22 - 27 August 2011, Campus Scientifique de la Doua, Lyon, France) dont le texte est repris ci-dessous (en français).
Il fait partie d’une série de billets sur le futur du mail dont le premier traite des protocoles et les autres sont encore à venir et il fait suite à mes précédents billets sur le sujet : La banqueroute du mail, A quoi pourrait ressembler le futur du mail ?, Productivité du mail, Important mais non urgent.
N’hésitez pas à me contacter, à me faire des remarques ou me poser une question (mon mail et un formulaire sont sur le lien contact en haut à droite) notamment si vous avez des projets, des idées ou des problèmes dans le domaine.
Le mail reste l'outil de communication le plus diffusé et le plus utilisé au monde malgré le développement d'autres canaux de communication (messagerie instantanée, messagerie directe Facebook).
Il détient les données les plus larges et les plus riches sur les échanges et les relations de son détenteur :
Le mail est un outil essentiel de l'activité professionnelle. Il est souvent considéré maintenant comme une application critique en entreprise. Le temps passé à l'utiliser est souvent considérable (d’où le "mail overload") malgré le développement des applications collaboratives censés le décharger (documents, calendrier, tâches, plannings partagés).
Quelques liens sur le sujet :
C'est un outil universel aux utilisations multiples (http://gigaom.com/2009/04/24/why-email-clients-need-to-change/) :
Le mail est aussi un outil relationnel fondamental qui renferme le référentiel le plus complet de ses relations personnelles :
Le mail a connu une croissance très importante en volume (même retraitée du spam et même avec les phénomènes de substitution vers la messagerie instantanée et les messageries directes des réseaux sociaux qui se manifestent très largement chez les jeunes générations).
Cette croissance a généré de nombreuses pathologies décrites comme "mail overload", surcharge cognitive, stress….
Malgré cela les comportements des utilisateurs se sont adaptés et ces problèmes n'ont pas atteint un niveau "stratégique" dans les entreprises :
Cette "résilience" de l'organisation à l'augmentation des volumes de mail a conduit :
Certaines startups se sont focalisées sur l'aspect "social" et "relationnel" de la messagerie organisée autour des contacts et non des messages, tel que :
Elle s'inscrivent dans une perspective de transformation du mail pour en faire un outil de "Social Personal CRM" qui gèrera, et non pas simplement opèrera, les communications de l'individu. Et cela dans une perspective d'intégration des flux des autres canaux de communications (Facebook, Twitter, Linkedin,…) en un outil unificateur de communication.
La gestion du mail sur mobile et son intégration sociale constituent aussi un champ émergent de prédilection pour les startups du fait du développement de nouveaux scénarios d'usage.
Je précise que ces applications se positionnent comme des outils complémentaires du mail et non substitutif. Il ne s'agit pas de refaire un outil de messagerie, dont la complexité technique sous-jacente est élevée, mais de le compléter avec une couche applicative complémentaire.
Ces startups ont montré une traction certaine du marché sur le sujet, ne serait-ce que parce qu'elles se sont faites racheter ou copier par des acteurs de premier plan (Xobni par Microsoft). Elles ont montré une adoption importante montrant l'existence d'un besoin ressenti par les utilisateurs. Elles doivent maintenant transformer et étendre ce besoin à une base plus large.
Pour réussir cette étape, ces nouveaux outils font face à un problème d'adoption spécifique posé par le mail dans le sens ou sa très grande facilité d'usage conduit :
Il faut alors transformer la population des "early adopters" en utilisateurs réguliers et pousser l'adoption auprès de la masse des utilisateurs "génériques".
Le "Social Personal CRM", déjà évoqué, me semble être au centre des évolutions futures du mail.
D'abord dans le déplacement du centre de gravité du mail du message vers le contact. Un message ne s'apprécie plus de manière autonome mais au sein d'un échange (le mode conversationnel initié par Gmail) et surtout par rapport à une personne et à l'historique des échanges que l'on a avec lui.
L'intégration d'autres données sur la situation de l'individu (Linkedin, Viadeo,…) et d'autres flux de communication (Facebook, Twitter, Quora…) enrichissent et étayent cette approche car l'individu et son historique de relation constitue le meilleur critère de priorisation et celui-ci est d'autant plus pertinent que les flux sont nombreux et il a d'autant plus d'utilité que les flux sont nombreux.
On voit ici une convergence ou une complémentarité avec les outils de gestion des flux (Facebook, Twitter,…) comme Seemic ou TweetDeck. Ce qui est assez normal car il est facile de faire croitre son nombre de contacts Facebook ou de "followés" Twitter et cela peut générer rapidement un volume de flux très important où la priorisation et le filtrage deviennent indispensable.
Ces outils de gestion de flux amènent une approche nouvelle du filtrage :
La gestion relationnelle est la suite logique de la refocalisation sur le contact. Il ne s'agit plus seulement de gérer le flux mais d'être prédictif et pro-actif sur ce flux.
Un troisième point clé est la notion de délégation des contacts.
Rédigé à 17:44 dans Next Generation Mail, Social Personal CRM | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Il m'est souvent arrivé de discuter du futur de la banque avec de nombreuses personnes (avec une variante : comment la banque peut-elle innover ?). Je ne citerai que Sylvain Fagnent d'Octo et Raffa Elhafi d'Ananké Partners (aussi auteur d'un article dans la Expansion Management Review) qui ont partagé leurs visions respectives dans leurs blogs. Et j'ai voulu aussi me livrer à l'exercice.
Sur le domaine, je vous recommande aussi les blogs de SIA, Insiden, TekFin et C'est pas mon idée.
Qu'est-ce qui caractérise la banque de détail ? :
Commençons par la distribution. Même si on a l'impression que les agences bancaires sont restées les mêmes, celles-ci ont significativement évolué. Dans un marché de nécessité (il n'est pas possible de se passer d'une banque) et de faible différenciation sur les produits (un compte bancaire reste un compte bancaire), la dynamique concurrentielle a d'abord porté sur le passage d'une logique administrative (les clients sont obligés de venir) à une logique de maximisation de la proximité et de l'exposition aux clients. Des statistiques ont montré que la pratique religieuse était directement corrélée à la proximité géographique d'une église. C'est la même chose pour les banques qui ont suivi la même dynamique concurrentielle que les opérateurs telecom lors de l'ouverture du marché :
Les agences se sont aussi débarrassées des activités transactionnelles (demande de solde, remise de chèque, retrait d'argent,…) au profit d'espaces libre-service au sein des agences et à distance, notamment sur internet. Cette approche commence aussi à être développé dans l'information ou la pré-qualification commerciale avec les dispositifs d'interactivité et de "tactilité".
Du coté des usines, la transformation a aussi été très profonde :
Concernant la règlementation, on dit souvent que l'innovation bancaire vient de la règlementation. Le suivi et la mise en conformité avec la règlementation représentent, en effet, une part significative des efforts d'évolution des banques et le secteur en est très appétant (loi Lagarde sur le crédit, récapitulatif des frais bancaires, réforme de l'assurance-vie à venir,…).
Les évolutions les plus structurantes portent sur :
La règlementation regorge d'autres sujets intéressants. Par exemple, l'introduction du fichier positif qui porte en potentiel la transparence et la comparabilité des conditions de crédit, c'est-à-dire de la concurrence et, contrairement à ce que l'on laisse penser, pas seulement sur la prévention du surendettement.
La règlementation est-elle à l'origine d'innovations produit majeures ?
Difficile de trouver des illustrations à cette question. Il faut dire que comme la règlementation s'applique uniformément à toutes les banques, il est difficile d'en faire un levier de différenciation.
Si l'on regarde sur les dernières années ce sur quoi les banques ont le plus communiqué en terme d'innovation produit, c'est...le livret A ! (lors de sa généralisation à toutes les banques - une innovation règlementaire). SEPA porte aussi en germe des éléments de désintermédiation bancaire (voir ci-après).
D'ailleurs, y a-t-il des innovations majeures (de rupture) dans la banque ?
Si vous posez cette question à un banquier, il vous parlera probablement de la Carte Bancaire, des DAB (Distributeurs Automatiques de Billets) ou de la souscription des crédits sur le lieu de vente (débutée avec le minitel) - exemples réels et effectivement de rupture mais datant un peu -.
Y a-t-il eu alors d'autres innovations radicales sur le marché ?
La banque sur internet n'a pas été en France une innovation radicale car les "pur players" qui s'y sont lancés à la fin des années 90 ("Ze Bank" et "Banque Directe") ont échoué. Ce qui n'a pas été le cas dans tous les pays, Egg (lancé en 1998) a ainsi conquis 2 millions de clients en Grande Bretagne (Ze Bank avait quand même conquis 92.000 clients en 9 mois d'activité en 2001). Et aujourd'hui toutes les banques disposent d'une présence complète sur internet.
Les courtiers en ligne tant en bourse (Selftrade, Boursorama, Fortuneo) que immobilier (meilleurtaux, Empruntis) lancés à la même époque ont eu un impact plus significatif sur le marché car ils ont conquis de 10% (bourse)(source : ACSEL 2010) à 20% du marché (immobilier). Et cela se poursuit et s'étend avec le développement du courtage d'assurance (LeLynx.fr,…). Par comparaison, le taux de courtage aux USA et en Grande-Bretagne pour les crédits immobiliers est de 68% et 64% (Rapport_annuel_2007 MeilleurTaux).
Les courtiers en ligne ont progressivement étendu leurs offres à l'ensemble des produits bancaires notamment d'épargne et ont donné naissance à de nouveaux acteurs "supermarchés de la finance".
Ils ont été au cœur d'un changement radical dans la banque en France : la multi-bancarisation.
Traditionnellement, les français sont très mono-banque. Il est perçu comme difficile de changer de banque avec des bénéfices faibles, ou à tout le moins aléatoires. Il y a toujours un attrait du "low cost" mais il ne constitue pas un argument suffisant au-delà du noyau de population dont c'est le critère clé (l'argument est, par contre, très utilisé comme produit d'appel).
Plus fondamentalement, cette évolution vers la multibancarisation est à mettre en rapport avec les limites de la distribution bancaire actuelle :
Dans ce contexte, comme le dit Sylvain Fagnent "La bataille est déjà perdue" sur les CSP+ (Catégories Socio Professionnelles Supérieures) . Ceux-ci en savent souvent plus que les conseillers en agence et préfèrent s'informer, comparer et se décider sur internet. Ils apprécient d'avoir accès à une large palette de produits et pas seulement les offres "maison". Ce sont eux qui ont alimenté la croissance des nouveaux acteurs internet (Boursorama, Fortuneo, Monabanq, BforBank, ING Direct,…et l'ancêtre Cortal) - tous rachetés ou rattachés à des banques traditionnelles soit dit en passant- et qui ont fait progresser la multibancarisation en France : 30% des clients ont plusieurs comptes courants (dans plusieurs banques) et cela passe à 50% quand on considère tous les produits financiers.
Face à cette situation, les agences cherchent à réinventer leur approche commerciale en développant la dimension de "conseil", en s'organisant avec des "spécialistes" ou des "experts" en support et en se dotant d'outil d'échanges plus sophistiqués (interactifs et tactiles).
A l'image, de l'évolution déjà entamées depuis des années par d'autres industries (voir l'exemplaire transformation d'IBM), la banque doit passer d'un rôle de "fournisseur de produits" à rôle de "fournisseur de solutions". Comme le dit Raffi Elhafi, elle doit "Mettre en scène ses produits et services", de "Remettre l'argent au centre des projets de vie des clients et non pas exclusivement au cœur des enjeux de croissance du PNB de la banque".
Il est intéressant sur ce point de comparer le secteur de la banque avec celui des opérateurs de telecom comme nous l'avons vu avec le réseau de distribution.
Les opérateurs telecom ont en effet été confrontés au même chalenge de l'émergence des services. Ils ont été rétrogradés dans la chaine de valeur par les fournisseurs de contenu comme YouTube, de services comme Google ou d'application avec les Appstores au premier rand desquels celui d'Apple.
Les opérateurs ont néanmoins compris qu'ils ne pourraient pas répliquer la logique intégrée qu'ils avaient auparavant et que seuls des acteurs externes avaient la capacité à développer la multitude des nouveaux services et à leur donner la transversalité nécessaire pour les rentabiliser. Cela les a conduit à donner accès à leurs services de réseaux afin que ceux-ci soient intégrés dans des services à destination du client final développés et commercialisés par des acteurs tiers. J'avais fait une présentation en 2007 lors d'une conférence de la Revue Banque et Microsoft sur ce sujet (disponible ici sur slideshare).
Les banques sont dans la même situation :
Cela conduit à compléter le modèle intégré traditionnel par un modèle plus ouvert reposant sur des acteurs tiers pour des services plus segmentés. Perspective dans laquelle s'intégré par exemple le prêt entre particuliers tel que nous l'opérons avec FriendsClear.
Mais quels sont ces nouveaux services ? car, comme le faisait remarquer une de mes étudiantes de mon cours "Banque 2.0" "on peut déjà tout faire avec les produits bancaires existants" ?
Une bonne illustration des besoins insatisfaits est apporté par les nouveaux opérateurs de paiement. Le compte bancaire complété de la carte bancaire (contrôlé par le GIE Carte Bancaire qui regroupe toutes les banques de la place)règne en maitre dans ce domaine.
Qu'est-ce que l'on ne peut pas faire avec un compte et une carte bancaire ?
Il faut se rendre compte à quel point collecter de l'argent pour faire un cadeau (comme le fait Leetchi) ou collecter de l'argent auprès de tiers sur un compte épargne (comme le fait Smartypig aux USA) peuvent constituer des scénarios d'usage d'une très haute complexité de technique bancaire très mal couvert à l'heure actuelle.
La banque et le paiement sur mobile ne constituent dans cette perspective, que des cas d'usage parmi d'autres et non pas un sujet central. Dans les pays en développement, privé d'infrastructure bancaire, la banque sur mobile a connu une croissance extrêmement importante. Mais le contexte est tout autre dans les pays développés qui n'ont pas les mêmes incitations à l'adoption. Il faudra probablement attendre que les banques "ré-electrifient" la carte bancaire avec le NFC sur mobile pour avoir une dynamique d'adoption globale incluant les opérateurs mobiles et les commerçants.
Pour se projeter plus loin dans ce modèle, il faut aller voir ce que fait Bank Simple aux USA. Bank Simple est une startup dont l'objectif est de réinventer la banque du coté client (du coté usine, elle s'appuie sur une banque existante). Bank Simple n'est pas encore opérationnelle mais devrait ouvrir sur une population pilote très bientôt (voir cet article).
Trois orientations fortes la caractérisent :
Yann Ranchère de TekFin a listé, à titre illustratif, des exemples de service tiers :
Les banques ne me semblent pas avoir pris conscience de l'émergence des modèles "data-driven" temps réels, pleinement exploités par Facebook et Twitter. Et cela alors qu'elles sont assises sur un tas d'or en terme de données puisqu'il n'y a aucune ou très peu de données qui soient aussi précises et porteuses de valeur que les données bancaires.
La consultation des comptes bancaires constitue la 1er audience des banques sur internet. Le simple fait de rendre plus attractif, plus ludique et plus incitatif vers d'autres contenus, le compte bancaire se justifie d'un simple point de vue de marketing d'audience.
Mais au-delà, c'est aussi une opportunité :
Effectivement, cela implique des impacts importants :
He oui, la banque, comme les telecom, c'est aussi un des secteurs les plus intensif en technologie de l'information !
Rédigé à 03:44 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (6) | TrackBack (0)
Ce billet est le 1er d’une série sur le futur du mail qui prendra, selon mon opinion, la forme d’un “Personal Social CRM”.
J'ai discuté dans des billets précédents le sujet de l'évolution futur du mail. Sujet qui revient régulièrement à la une.
Qu'est-ce qui mérite de s'intéresser au sujet aujourd'hui ?
Par ailleurs, un des Projets Web Innovants retenu dans l'appel à projet du Secrétariat d'Etat à l'Economie Numérique porte sur "Demain Le Mail" centré sur le mail sémantique http://blog.dlm30.com/.
Pour l'actualité, le PDG d'Atos, Thierry Breton, a annoncé son ambition de réussir à supprimer les mails d'ici trois ans en le substituant par des applications dédiées permettant une meilleure communication ainsi que les nouveaux outils de collaboration et les réseaux sociaux. Les problèmes du mail (surcharge informationnelle,…) sont bien connus et ce n'est pas la première fois que l'on annonce la mort du mail aussi il faudra voir quelles en sont les concrétisations.
Le mail n’est pas un sujet aussi simple qu’il y parait à première vue. Repartons donc à la base : qu'est-ce que le mail ?
La question n'est pas seulement rhétorique car le mail recouvre trois éléments clairement distincts :
Comme on me fait régulièrement la remarque de la longueur de mes billets, je ne traiterai, dans un soucis de lisibilité, dans celui-ci que le protocole (et dans les autres la suite).
Le protocole, c'est la norme de communication utilisée pour échanger des messages entre les serveurs de messagerie (POP, IMAP,…).
Le service, c'est le serveur de messagerie qui peut être d'entreprise (Exchange, Notes) ou grand public de type webmail (Hotmail, Gmail).
Le client, c'est le logiciel ou l'interface web qui est utilisée pour consulter et traiter ses mails et les éléments associés (Outlook ou Windows Live Mail sur PC , Apple Mail ou Entourage sur Mac, les interfaces webmail de Hotmail ou Gmail dans un navigateur).
La caractéristique clé du protocole de mail qui a fait son succès, c'est son universalité. Tout serveur de messagerie peut fonctionner avec tous les autres. Une adresse mail est totalement pervasive. C'est pour cela que toute inscription à n'importe quel service sur internet commence toujours par vous demander votre adresse mail (y compris Facebook - vous ne pouvez pas vous inscrire sur Facebook sans adresse mail).
SMTP (Simple Mail Transfer Protocol) est le protocole d'envoi de courrier entre serveurs partagés par toutes les messageries.
POP et IMAP sont les protocoles de relève de courrier. IMAP est le protocole de référence qui permet d'accéder à une boite mail à partir de différents clients (PC, mobile, webmail), de faire des relèves sélectives de mails ou de les déplacer dans des dossiers. Il est très puissant et a remplacé le protocole POP3 aux fonctionnalités dépassées. Il est généralisé à la plupart des serveurs de messagerie d'entreprise et des services de webmail (les services de mail les plus anciens étant resté à POP3 et Hotmail faisant aussi de la résistance d'arrière garde sur ce point - les webmails pouvant aussi communiquer de manière propriétaire avec leur interface web).
Il faut aussi citer XMPP Extensible Messaging and Presence Protocol qui est un protocole de présence et de messagerie instantanée pour la collaboration en quasi-temps-réel avec partage de fichiers et d'applications.
Les problèmes du mail viendraient-ils de son protocole et des principes de fonctionnement qui en sont sous-jacent ? Comment devrait-on alors le faire évoluer ?
Il y a trois écoles sur la question :
La première position est celle de Facebook notamment à travers son nouveau webmail et de manière plus générale par les réseaux sociaux qui cherchent à préempter le territoire d'usage du mail à la suite de l'adhésion des populations jeunes comme outil principal de communication. Leur vision est de faire converger le mail vers les messageries internes en en supprimant les éléments “inutiles” (titre, personnes en copie, etc..) héritées de la lettre papier, en les agrégeant avec toutes les autres formes de communication en les centrant sur les personnes (et non plus les messages ou les conversations).
Gabor Csell (Xobni puis ReMail racheté par Google) a décrit les principales caractéristiques d'un tel protocole (je traduis son article en français) :
L'objectif est de faire du mail un service aussi facilement accessible et manipulable que le sont les services web actuel comme Twitter ou Flickr et non une usine à gaz comme IMAP, MIME ou Outlook Object Model and MAPI.
A l'opposé, un protocole de collaboration sophistiqué existe aussi. Il s'agit de Wave qui été développé par Google.
Google Wave est constitué de deux parties :
L'application web Wave n'a pas connu l'adoption attendue par Google du fait de la trop grande complexité de son usage et Google a annoncé son arrêt. Le protocole a été publié en open source sous licence Apache.
Ce type de protocole et l'interopérabilité qu'il offre constitue ce qui manque aux logiciels actuels de collaborations de type Social Entreprise Management (Blue Kiwi, Socialtext, Jive, etc….).
Ceux-ci sont l'inverse du mail : très puissants en terme de collaboration mais très fermés sur leur communauté de déploiement et incapable d'intégrer des échanges avec des systèmes tiers externes. C'est à ceux-ci que Thierry Breton fait référence quand il parle de "applications dédiées permettant une meilleure communication ainsi que les nouveaux outils de collaboration et les réseaux sociaux". Un protocole commun, ouvert et supportant des modes de collaboration sophistiqués comme l'est Wave Federation Protocol permettrait de “mettre en réseau” ces “réseaux privés”.
Similairement, les réseaux sociaux professionnels de type Linkedin, Viadeo, Palaxo ou Xing ne peuvent pas devenir des "services externes outsourcés de collaboration d'entreprise" pour la même raison : on ne peut pas y collaborer avec des services tiers. Ils contribuent à ce que "les référentiels sortent de l'entreprise" mais un référentiel n'est pas une application.
Un autre point d’extension intéressant du mail qui vient à la suite du “mode conversation” serait d’intégrer des notions “d’étape” afin de pouvoir gérer nativement dans son mail des workflows. Cela couvrirait alors un autre grand sujet de discussion : quel est le meilleur outil pour supporter les processus d’entreprise, le mail répandu et adopté mais peu structuré ou un outil spécialisé de workflow, adapté mais difficile à faire adopter en dehors des processus métier cœur.
Rédigé à 02:21 dans Next Generation Mail, Social Personal CRM | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Après le 7 Km, le 20 Km, le 42,2 Km, voici le 15 Km effectué lors de l’édition 2011 des Foulées Charentonnaises avec un temps de 1 h 06 mn 59 s.
Distance hybride car c’est à la fois du fond et de la vitesse. J’avais déjà fait la distance lors du Paris-Versailles mais c’est différent car c’est plutôt une course de côte.
Belle brochette à l’arrivée avec Yann (1:05:36), Vincent (1:07:45) et Giao (1:08:20) qui a fait la course en tête jusqu’au 5e Km et manifeste là la progression très marquante de son entrainement intensif !
La suite en perspectives…
Rédigé à 14:36 | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
J'étais à Finovate Europe 2011, la conférence des services financier innovants, à Londres le 1er février 2011 avec FriendsClear. Finovate existe depuis 2007 aux USA et il s'agissait de la première édition européenne. Organisation sans faille, bien rodée avec un format efficace de présentation de 7 minutes par société sur la base de la démonstration d'un service innovant sans powerpoint et sans possibilité de déborder du temps imparti. 35 démonstrations sur une seule journée en 4 sessions séparées par des "networking sessions" de pause au cours desquelles les sociétés présentant disposaient de petits stands pour être abordés par les participants.
Félicitations à Chris Skinner pour l'évènement (son blog : the finanser) !
L'évènement a aussi été couvert par différents blogeurs : tekfin (Yann Ranchère), Visible Banking (Christophe Langlois), Digital Money (Dave Birtch), et NetBanker (Jim Bruene) qui reprend notamment son flux twitter des démos (ce qu’il y a de plus complet) et propose le téléchargement du booklet des entreprises de cette session de Finovate.
FriendsClear a présenté à Finovate Europe 2011 son futur "Tableau de bord prêteur" ainsi que son système de badges prêteurs qui seront mis en place très prochainement en février-mars.
Le tableau de bord prêteur permet de savoir à tout moment quelle est la répartition de l'argent du prêteur entre ses liquidités, les prêts auxquels il participe, les intérêts qu'il accumule, les engagements qu'il a pris sur des projets en cours de cycle de financement et les remboursements qu'il va recevoir. Il procure une visualisation synthétique de l'évolution dans le temps de ces positions et la possibilité d'obtenir le détail chiffré à n'importe quelle échéance.
La mise à disposition de ce tableau de bord nous est apparue indispensable car :
Nous avons aussi montré un nouveau système qui permet d'attribuer des "badges" aux prêteurs à la manière de Foursquare. Pourquoi des badges ? Parce que les prêteurs constituent une communauté et qu'ils ont tendance à regarder ce que font et dans quoi ont investi les autres prêteurs pour orienter leurs propres actions. Les badges permettent de rechercher et répérer rapidement et visuellement des caractéristiques clés des prêteurs dans la communauté : Qui est prêteur récurrent ? Qui a déjà investi plus de 1000 euros ? Qui se positionne sur les projets les plus innovants ? Etc…
J'ai discuté avec Giles Andrews le CEO de Zopa la veille au BarCampBankLondon4, la "non conférence" sur les innovations émergentes dans le domaine de la banque.
Ce que j'en retiens :
A titre de comparaison, Lending Club et Prosper ont respectivement franchis les 219 M$ et 218 M$ de prêts émis (au 7/02/2011 – les liens donnent des statistiques étant en temps réel (contrairement aux autres institutions financières) et ils évoluent dans le temps).
Revenons à Finovate. Les grandes thématiques traitées étaient les suivantes (en nombre de démos) :
PFM (Personal Finance Management) | 11 |
Mobile banking | 7 |
Identité et sécurité | 6 |
Communauté d'investisseurs | 4 |
P2P Lending (FriendsClear) | 1 |
Banque 2.0 | 1 |
Conseiller financier sur iPad | 1 |
Autres (solutions B2B) | 4 |
La tendance majeure y était le PFM (Personal Finance Mangement) avec profusion d'acteurs. Le PFM regroupe les outils pour analyser ses dépenses personnelles généralement à partir des données de son compte bancaire. Il permet de catégoriser les dépenses, de consolider plusieurs comptes pour avoir une vision unique de ses dépenses, de les visualiser sous une forme graphique et d'en tirer des recommandations.
Les points clés :
Il faut noter qu’existent aussi des sites qui sont uniquement orientés vers la comparaison de dépense avec la communauté sans une réelle dimension PFM mais avec beaucoup d’éléments communs comme Blippy et Swipely (basés sur les données de carte de crédit). En France, la startup Qeiru s’est lancé sur ce domaine.
La revue des acteurs présents à Finovate Europe 2011 :
- Lodo Software : un logiciel de PFM et de planification financière personnel pour les banques (OurCashFlow) incluant une dimension “social media” et surtout un outil très complet de gestion de campagne marketing intégrable dans le système d’information bancaire. Le “business case du PFM” est disponible sur leur site.
- IND Group : un fournisseur de solutions logicielles pour les banques avec un PFM permettant une visualisation très complète de ses dépenses (par rapport au calendrier, par fournisseurs, sur une carte Google Maps,…)
- Strands : un acteur qui possède à la fois un service grand public (MoneyStrands) et un PFM pour les banques déja mise en oeuvre chez BBVA (“tu cuentas”) et Bank of Montréal avec une dimension communautaire / comparaison par rapport autres profils (similaire à Mint)
- Yodlee : l’acteur historique du PFM aux USA à travers son “middleware” d’accès aux données des banques (cf ci-avant) et aux données des logiciels de comptabilité personnelle– utilisé notamment par Mint –. Yodlee édite un PFM, MoneyCenter, à destination des banques (disponible en français, anglais et espagnol). Il offre un “finappstore” ouvert à des développeurs externes qui peuvent développer des applications diffusées dans MoneyCenter. Il possède aussi un système de stockage des documents importants liés à la relation bancaire.
- Xero : logiciel de comptabilité personnelle / petit professionnel avec une extension vers le PFM orientée réconciliation des comptes
- Figlo : PFM orienté planification financière avec des possibilités de simuler des scénario de manière très graphique (parfois exagérée) prenant en compte des objectifs, la situation de famille, une visualisation de la timeline, des simulations de retraite,…
- LoveMoney : PFM orienté comparaison et communauté, très social media de manière similaire à Mint / Wesabe
- Linxo : un des pionniers du PFM grand public ouvert en France (après Winancial et MoneyLib qui s’est réorienté vers la billeterie). Les aspects sécurité ont été particulièrement soignés. Des mini-applications widgets peuvent être associées aux fournisseurs correspondants aux lignes du compte bancaire pour procurer des services (couponing, programme de fidélité ou information,…).
- Meniga : un PFM développé ou adopté en commun par plusieurs banques islandaises, utilisé par 6% des clients du pays et qui est proposé en marque blanche. Solution très complète avec notamment des quizz mensuels sur son argent et des recommandations du type “Vous dépensez trop d’argent !”, à adapter à la culture locale.
Des acteurs qui ne sont pas des PFM mais qui sont dans la même mouvance et que j’ai classé dans la même catégorie :
- Cardlytics : un outil de publicité ciblée sur les lignes du compte bancaire (“Transaction based marketing”) permettant d’obtenir des coupons ou des réductions sur les fournisseurs correspondants. Apparemment, il est possible de faire apparaitre des publicités sur des lignes de dépense de ses concurrents. Toutes les promotions sont aussi consultables de manière plus traditionnelles sur une seule page récapitulative. Accompagné d’un outil de ciblage et de suivi de campagne pour les banques. Utilisé par Region Bank aux USA avec une augmentation de 20% du temps passé en ligne sur les comptes.
- HelpMyCash : un portail de conseil financier espagnol avec une logique de “mini-applications” correspondant à des outils de simulation pour répondre à une question particulière (par exemple : dois-je prendre une assurance de taux sur un prêt à taux variable ?). Derrière, il y a une logique “d’appstore” pour ces “widgets” qui peuvent être achetés par des clients (pour une question unique) ou intégrés dans le site d’un acteur financier pour aider au processus de vente.
La banque sur mobile a totalement explosé dans les pays en voie de développement combinant une faible pénétration de la banque traditionnelle et un déploiement important du mobile. Des nouveaux modèles très innovants y sont apparus. Le contexte est tout autre dans les pays développés qui n'ont pas les mêmes incitations à l'adoption. Pour qu'il y ait un vrai basculement dans les pays développés, il faudrait une incitation externe forte, par exemple que l'argent liquide soit supprimé (ce qui va arriver un jour c’est certain, on ne sait juste pas quand et c'est une autre histoire – n’oublions pas que les anglais vont déjà supprimer le chèque). La plupart des acteurs présents développent donc des services pour les pays en voie de développement ou des solutions pour les banques. Je vous renvoie vers le blog beaucoup plus complet Insiden sur ce sujet. Remarquons qu’il y a un acteur français très actif dans ce domaine Lemonway mais qu’il n’était pas présent à Finovate. Par extension, j’y ai aussi intégré les nouveaux acteurs de paiement qui se trouvent dans une situation similaire face à la reine Carte Bancaire dans les pays développés.
La revue des acteurs présents :
- Voice Commerce : une solution de validation de transaction financière par signature vocale. Le service rappelle le client et celui-ci dit par téléphone son numéro de mobile.
- Mpower : une solution de paiement sans liquide pour les populations non bancarisée reposant sur une carte bancaire pré-payée rechargeable pour les clients et un lecteur de piste magnétique (Rev coin) peu couteux (15-20$) combiné à un smartphone comme terminal de paiement. Le ticket est envoyée par SMS à l’acheteur.
- Liqpay : une solution de transfert d’argent par téléphone utilisée par 1,3 M de clients en Ukraine avec des composants pour l’intégrer facilement dans des sites de e-commerce, voire créer sa boutique Facebook en quelques clics.
- eWise Payo : une solution de paiement chez un marchand par prélèvement direct sur son compte bancaire et non sa carte de crédit (le site bancaire est appelé lors de la transaction comme un site de paiement carte bleu).
- Ixaris : une plateforme de paiement et d’application construite au dessus de SWIFT
- BOKU une solution de paiement par mobile
- Tagit : une solution d’infrastructure d’application pour mobile
Il n'y a pas d'identité, ni de sécurité native sur internet et cela constitue un vrai problème pour les activités qui ne peuvent s'exercer sans comme les banques, les services publics ou la santé. Contrairement à un site de e-commerce classique, les banques sont astreintes à une obligation de connaitre leur client avant de réaliser toute transaction avec lui. C'est le principe “KYC” (Know Your Customer). Les banques françaises en ont bien pris conscience du problème de sécurité mais elles y apportent chacune une solution différente contribuant à la balkanisation de l'internet.
Il y avait de nombreuses solutions intéressantes à Finovate mais aucune n'adressait le vrai problème : la normalisation (parce qu'une carte d'identité française plastique, je peux aussi m'en servir dans un bar à New York, ce qui n'est pas le cas des solutions électroniques actuelles d’identité).
Secure key : la solution de sécurisation nationale mise en place au Canada qui déporte la validation d’une transaction sur un dispositif basée sur une carte bancaire NFC et une clé USB NFC pour la reconnaitre.
SolidPass : une solution de sécurité de connexion. Lors de la transaction de paiement le site marchand affiche un tag qui doit être photographié par une application smartphone qui demande confirmation par saisi du code PIN et affiche un code de confirmation à saisir sur le site. A la fin de la transaction de paiement un tag est affiché qui permet à l’application de lire le code de confirmation de la banque et de confirmer la transaction sur l’application smartphone pour le client. Il y a mutuelle confirmation.
Silver Tail Systems : fondés par des anciens de Ebay, Paypal et Google. Il s’agit d’une solution de monitoring des transactions qui détecte des comportements potentiellement frauduleux : IP étrangères, clics “robotiques”, séquence type de fraude (double login, login + virement enchainés rapides, etc…) et notamment l’attaque “man in the middle”. Il y a aussi la “wikileak attack” dont on se demande quelle est la nature (pédagogique probablement).
Business Forensics : une solution de gestion des risques, fraudes et suivi de la conformité
Miidcard : une solution de certification d’identité avec un référentiel d’éléments d’identité en ligne (comme le fait MyID.is en France). Un chiffre, le coût du processus de contrôle KYC est de 20-80£ par client dans une banque
Striata : une solution de sécurisation de diffusion de document électronique
La communauté d’investisseurs c’est le “low hanging fruits” (les fruits qui pendent bas) d’une stratégie bancaire de communauté car c’est une communauté qui partage un intérêt commun avec des individus actifs et avec une appétence forte à échanger sur le sujet (mais pas forcement des comportements toujours très collaboratifs quand on a "le bon tuyau").
- StockTwits : le twitter de la bourse. C’est simple mais très bien fait et très complet (Chart.ly, StockTwits TV, blog Crossing Wall Street, Marketplace,…) et la complexité est dans l’exécution c’est bien connu.
- eToro : le Facebook de l’investisseur avec profil public, vue par pays, etc…
- Hopee de Cortal Consors : le réseau social de l’investisseur à la Facebook avec son positionnement par rapport à la communauté en terme de performance et celui de la communauté par rapport aux indices de performance du marché, inclus une animation de la communauté (un jeu “play the monkey”).
- Unience : un réseau social orienté conseillers financiers (en Espagne)
2 acteurs constituant leur catégorie à eux seuls :
Fidor pour la Banque 2.0 : Fidor est une banque lancée depuis 3 ans et ayant réussi à attirer 20.000 membres sur une proposition uniquement orientée vers l’innovation en ligne et notamment l’interaction sociale avec la banque et la communauté des clients. Elle présentait plusieurs innovations directement intégrées dans son compte bancaire :
- Du prêt entre particuliers de gré à gré entre amis (similaire au service FriendsClear Family) avec leur service de paiement / portefeuille électronique (fidorpay)
- La possibilité d’acheter et de stocker des monnaies virtuelles sur son compte notamment pour les services de jeux
- L’achat et la conservation d’or dans son compte
Une banque différente est-elle possible ? Peut-elle attirer suffisamment de clients pour être rentable ? C'est la question posée par les Boursorama, Fortuneo Banque, Monabanq ou Axa Banque en France qui sont en conquête en France (avec des arguments d’innovation très “feutrés”). Il est intéressant de voir que des modèles atypiques de banque se développent aussi dans d’autres pays comme Umpquabank aux USA (pointé par le blog C’est pas mon idée).
Finantix, le conseiller financier sur iPad : c’est vrai, cela semble un peu “gadget”, comme si ce n’était que le portage de l’existant sur iPad mais en fait le “format” iPad transforme significativement l’acte commercial. La démonstration était très convaincante sur l’usage : la suppression de l’abondante documentation papier souvent associée au premier contact avec un conseiller financier, la modification du déroulé de la séquence client, la possibilité de simuler immédiatement et visuellement, etc…
Capital Access Network : de l’information crédit pour les banques
NCore Systems : une plateforme de banque électronique
Accept email : un système de facturation B2B
Backbase : un logiciel de portail bancaire
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Je fais, pour la deuxième année consécutive, un cours intitulé “Social Banking et Financement participatif” à l’Université Paris-Dauphine.
Vous le trouverez en partage sur Slideshare.
Ce cours explore les différents modèles du “Social Banking” (Personal Finance Management, Social Media, Epargne participative,..) et plus particulièrement du Financement participatif et du Prêt participatif.
Il décrit les modèles pré-existants de la Finance participative (gré à gré, tontine, mutualisme, micro-finance, finance solidaire) et apporte une grille de lecture pour positionner les différents modèles de la finance participative pour répondre à des questions telles que :
Ce cours est une itération et il va continuer à évoluer avec l’expérience de l’activité et du développement de FriendsClear et les échanges avec la communauté (n’hésitez pas à me faire des retours en direct ou via ce formulaire).
Pour aller plus loin, je vous recommande :
Et bien sur toujours le blog “Avis d’expert” de FriendsClear et le blog de FriendsClear
Rédigé à 23:04 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance, Pret participatif, Microfinance, P2P Lending | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Le 1er février 2011 se tient à Londres la première édition européenne de la conférence FINOVATE, rendez-vous mondial des entreprises les plus innovantes en matière de finances 2.0. Seule entreprise française ayant l’honneur d’être sélectionnée, FriendsClear y présentera sa toute dernière innovation en matière de finance participative sur internet.
“Finovate is the celebration of finance and money from the Silicon Valley perspective”
Orchestré par Jim Bruene, l’éditeur du Online Banking Report, FINOVATE est un cycle biannuel de conférences qui se tient depuis 2007 à San Francisco et à New York. FINOVATE est l’occasion unique pour le monde de la finance et des investisseurs, cabinets de conseils et de prospective, experts et journalistes, de découvrir et évaluer les applications les plus récentes des entreprises les plus créatives dans le domaine de la « finance sur internet » pour les particuliers et les entreprises.
C’est Londres qui accueillera la première édition hors du territoire américain, lors d’une journée marathon de présentations et de rencontres. Chris Skinner, président du Financial Services Club, club anglo-saxon de prospective dans le domaine financier, sera l’hôte de cet évènement.
Jean-Christophe Capelli, Co-Fondateur de FriendsClear, a proposé la candidature de FriendsClear auprès du FINOVATE dont il a suivi l’ensemble des travaux depuis la création. Un dossier particulièrement simple et innovant qui a été remarqué puis sélectionné pour prendre part au cycle de présentations de cette première. FriendsClear fera part de nouvelles fonctionnalités liées au crédit de particulier à particulier avec, notamment, une nouvelle version de son « lender dashboard », le tableau de bord internet destiné aux prêteurs en ligne.
Chaque entreprise se présente sur scène sous forme de démo. Elle a 7 minutes pour convaincre l’auditoire de la pertinence de son modèle et de son caractère disruptif. Au public d’élire les trois meilleures présentations.
Aux côtés de FriendsClear, 29 entreprises spécialisées dans les domaines suivants : paiement et micro paiement, sécurité, authentification, identité numérique, bourse et banque en ligne, comparatifs, gestion de finances personnelles, comptabilité, fidélisation et acquisition de clientèle,via des applis internet et mobile. Originaires des Pays-Bas, USA, Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne, Suède, Australie, Singapour, Hongrie et Russie. Toutes peuvent attendre de leur participation au FINOVATE EUROPE 2011 un rayonnement international exceptionnel.
http://finovate.com/europe2011/presenters.html
FINOVATE est aujourd’hui l’observatoire des tendances en matière d’usages et de solutions pour l’ensemble de l’industrie
http://finovate.com/europe2011/about.html
FriendsClear est le premier site internet français de prêts directs d’argent entre particuliers.
FriendsClear met en relation et accompagne, via internet, les particuliers qui ont des besoins de financement (de 3 000 à 25 000 €) pour leurs projets professionnels avec des particuliers qui leur prêtent de l’argent.
Lancée en octobre 2008 par cinq anciens dirigeants du Web Studio d’Arthur Andersen, FriendsClear est une société française indépendante, détenue par ses cinq fondateurs, trois business angels et des investisseurs particuliers. Pour les opérations bancaires de prêts et de placements, FriendsClear bénéficie du partenariat technique du Crédit Agricole. L’entreprise compte aujourd’hui 10 collaborateurs, expérimentés dans les domaines des services financiers innovants, du marketing web et de l’animation de communautés d’internautes.
Plus d’informations :
http://twitter.com/friendsclear
Contact : Jean-Christophe Capelli / [email protected] / 06 14 73 23 46
Contact Presse : Catherine Wendell / [email protected] / 06 64 38 47 64
Communiqué de presse (PDF) : http://www.friendsclear.com/?q=system/files/FriendsClear_Comm%20Presse_Finovate_Fev2011.pdf
Espace Presse : http://www.friendsclear.com/dossier-de-presse-0#node-43805
Revue de Presse : http://www.friendsclear.com/revue-de-presse
Rédigé à 15:35 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Aujourd'hui toutes les banques sont sur internet. Mais peut-on y réaliser toutes les opérations bancaires en se passant totalement d’un contact “physique” (y compris à distance par courrier ou téléphone) ?
Toutes les banques ont développé le canal internet à coté de leurs canaux traditionnels et y ont rendu possible progressivement une large palette de leur opérations. Cela a notamment du sens pour l'information marketing et les opérations transactionnelles (consultation de compte, virements, opérations courantes,…) dont la productivité est grandement améliorée sur le canal internet. Mais il ne s'agit là que d'un transfert portant sur une clientèle préexistante et une palette d'opérations qui n'est pas exhaustive. Les sites des banques ont beau avoir des audiences gigantesques (12 M de Visiteurs Uniques pour le Crédit Agricole en octobre 2010 selon Médiamétrie, 11 M pour La Poste, 8 M pour la Société Générale), on considère généralement que cela ne concerne que la moitié du nombre total de clients pour essentiellement des opérations courantes.
Existe-t-il alors des banques qui ne sont présentes que sur le canal internet et y réalisent la totalité de leurs opérations ?
Historiquement la banque sur internet a été en France un échec pour les "pur players" qui se sont lancés à la fin des années 90 (ce qui n'a pas été le cas dans tous les pays). "Ze bank" a sombré et Banque Directe a été rachetée et est devenue AXA Banque, respécialisée comme la filiale bancaire d'AXA. La bancassurance a généré deux autres acteurs bancaire internet "pur" mais plutôt par contrainte que par choix car provenant de réseaux d'assurance (Banque AGF, Groupama Banque).
Les "pur players" actuels, à ma connaissance, sont en faible nombre : Boursorama (courtier en ligne à l'origine racheté par Société Générale) , Fortuneo (courtier en ligne à l'origine racheté par Crédit Mutuel), Monabanq (détenu par 3Suisses et Crédit Mutuel), ainsi que la "Net Agence" de BNP Paribas (positionné sur ce créneau du "tout en ligne" mais dont l’ouverture est toute récente). Il y aussi des acteurs plus spécialisés sur certains créneaux tel l’épargne : ING Direct (qui dispose aussi d’une gamme complète) ou BfoBank du Crédit Agricole par exemple.
Qu'est-on censé faire de plus chez un acteur "tout en ligne" par rapport à une banque traditionnelle sur internet ?
Avant tout l'ouverture de compte et la souscription de produit en ligne. Car, comme vous ne l'avez peut être pas remarqué, lorsque vous voulez ouvrir un compte dans une banque traditionnelle sur internet, vous tombez invariablement sur un outil pour "trouver l'agence la plus proche de chez vous", ou "prendre rendez-vous avec un conseiller" ou encore "préparer votre dossier pour être recontacté".
Qu'est-ce qui rend ces opérations compliquées à réaliser sur internet ?
Deux facteurs de difficulté, générales à toutes les activités mais aggravées pour le secteur bancaire, se conjuguent sur internet :
L'obligation de connaissance client est imposée par la règlementation bancaire et notamment la règlementation anti-blanchiment (3e Directive Européenne). L'ouverture d'un compte bancaire est la porte d'entrée vers la possibilité de réaliser un grand nombre d'opérations et de souscrire de nombreux autres produits financiers. Les contrôles y sont donc renforcés.
La non opposabilité juridique de la transaction est l'inverse de l'obligation de connaissance client. Elle est destinée à sécuriser la banque contre les possibilités d'usurpation ou de rétractation que voudrait s'octroyer le client. Cela est d'autant plus important que la règlementation est très protectrice du consommateur et lui ménage des possibilités élargies de rétractation et d'opposabilité (vu des banques cela correspond à un risque accru de fraudes et d'usurpation).
La source du problème, c'est l'absence d'identité sur internet.
Il existe une multitudes d'identités sur internet, la plupart déclaratives, certaines réutilisables, certaines certifiées mais aucune universelle. C'est le sens de la maxime « Sur l'Internet, personne ne sait que tu es un chien » (« On the Internet, nobody knows you're a dog ») - parfois aussi déclinée en "personne ne sait que tu es un robot".
C'est aussi le sens de la remarque d'Eric Schmidt, le PDG de Google, sur la nécessité de la fin de l'anonymat qui devient un frein au développement d'Internet.
Le deuxième problème, c'est la valeur juridique des transactions effectuées sur internet. Cette question a déjà commencé à trouver des réponses mais les transactions financières mettent le problème à un autre niveau.
Commençons par le sujet de l'identité.
Comment savent-ils dans une agence bancaire physique qu'ils ne sont pas en train d'ouvrir un compte à un chien ou à un robot ? Facile direz-vous, ça se voit quand on l'a en face de soi. Cela se voit d'autant plus lorsque l'on confronte une pièce d'identité avec une photo avec l'individu en question (il serait surprenant qu’un chien ou un robot puisse disposer d’une pièce d’identité).
Dans le cas d'un simple identification "visuelle" (sur éléments déclaratifs) ce contrôle n'a que très peu de valeur.
Je vais faire une petite digression sur ce point car certaines professions règlementées s'appuient sur cet argument pour essayer d'en limiter l'exercice dans un reflexe de protection catégoriel. C'est notamment le cas des avocats - coutumier du fait sur la répression de l'exercice illégal de la profession d'avocat par exemple à l'encontre des experts comptables ou des agents immobiliers - qui pour empêcher l'exercice "intermédié" de la profession professent qu'il doivent effectuer un contrôle visuel du client en préalable à toute consultation juridique . Cela a notamment pour objectif d'entraver l'exercice de la profession sur internet. Le contrôle visuel des chiens et des robots est ici encore d'actualité. Souvenez-vous, il y a eu une époque où les commissaires-priseurs professaient qu’il était illégal de faire des enchères sur internet.
Revenons à l'agence bancaire. Le chargé de clientèle a récupéré ou réalisé une copie d'une pièce d'identité certifiée (carte d'identité, passeport, permis de conduire ou carte de séjour toutes émises par l'Etat), l'a comparé au porteur de la carte et à vérifié la cohérence des informations par rapport au formulaire qu'il a fait remplir. Cela vaut contrôle de l'identité. Par ailleurs, un justificatif de domicile, voire des justificatifs complémentaires (revenu,…) sont aussi demandés qui permettent des vérifications croisées des informations.
En quoi est-ce différent en ligne ?
Comme les risques de fraude sont bien sur considérés comme accru en ligne, le niveau des contrôles l'est aussi et il est nécessaire de présenter :
La possibilité de confronter deux pièces d'identité est intéressante mais nous verrons par la suite que le problème se situe au niveau de la falsifiabilité des pièces et qu'en présenter deux plutôt qu'une n'apporte aucune sécurité supplémentaire. Par contre, elle complique significativement les choses pour les clients car, je le rappelle, il n'est pas obligatoire de se faire établir et disposer d'une pièces d'identité en France. En réalité, c'est une obligation intrinsèque à toute personne voulant avoir une vie sociale. Exiger deux pièces d'identité revient à compliquer sérieusement les choses car si l'on n'a pas le permis de conduire, ni voyagé à l'étranger, on ne dispose d'aucune autres pièces à présenter. D’un point de vue légal, il est possible de présenter un carnet de famille ou un certificat de naissance pour attester de son identité mais, comme ce n’est généralement pas prévu dans les procédures, rien n’est garanti.
Comme il n'existe pas de version électronique (normalisée, certifiée, sécurisée) de ces documents, ceux-ci sont généralement envoyés par courrier pour une ouverture "manuelle" "en différé" et...il y a rupture du canal internet.
Si l’on veut rester sur internet, il existe néanmoins des solutions, comme Quicksign qui permettent une certification de la transaction électronique avec un archivage auprès d'un tiers de confiance. Cela permet :
Cette procédure pose néanmoins un problème de fond qui touche tout autant le canal agence que le canal internet, c'est celui de la falsifiabilité.
Il faut comprendre qu'il s'agit d'une logique de conformité. Tant que les informations sont cohérentes, tant que les documents justificatifs sont là, tant qu'aucun élément objectif ne permet de s'opposer à l'ouverture, celle-ci sera effectuée. La banque cherche avant tout à satisfaire des critères de conformité par rapport à la régulation bancaire. Si les pièces d'identité sont falsifiées, c'est le problème des services de l'Etat. Les banques n'ont aucun problème à ouvrir des comptes bancaires à des chiens ou des robots, surtout s'ils sont rentables, tant qu'ils satisfont les critères de conformité de la règlementation (je ne parle pas ici d’opérations frauduleuses ou de blanchiment qui est un autre problème).
Hors, si autrefois il était difficile de contrefaire des documents d'identité (ou tous autres justificatifs), cette possibilité s'est très "démocratisée" avec les moyens numériques modernes de reproduction. De nouvelles méthodes de protection ont bien été développées par les services de l'Etat pour s'opposer à cette falsifiabilité (lecture numérique, données biométriques, base centralisée de contrôle) mais ces dispositifs sont strictement réservés aux services de l'état et sont totalement inaccessibles au chargé de clientèle.
Le soucis, c'est aussi que cette "démocratisation" "technique" est aussi "comportementale". Les demandes de justificatifs, à destination de la conformité bancaire, sont souvent peu compréhensibles par les clients finaux (je ne résiste pas à vous renvoyer vers un de mes billets "Problèmes de justificatifs ?" sur le blog de FriendsClear qui illustre bien ce point) et elles sont perçus comme de moins en moins justifiables et comme elles sont peu contrôlables...
Faut-il alors donner accès aux fichiers de Police aux chargés de clientèle pour vérifier les justificatifs d'identité ?
Poser le problème en ce sens, c'est ne pas tenir compte de l'état actuel des notions de l'identité numérique et du principe de délégation.
Il y a deux notions d'identité :
La délégation permet d'autoriser un service "délégué" à se faire transmettre certaines informations définies sans qu'il ait accès à l'identifiant utilisé (en donc en se préservant du risque de dissémination ou de réutilisation frauduleuse de l'identifiant).
Lorsque vous utilisez une carte bancaire chez un commerçant ou à un distributeur, il s'agit d'un service délégué : le service transmet au commerçant ou au distributeur la confirmation de la conformité du code mais il n'a a aucun moment connaissance du code.
Facebook Connect est le service de délégation le plus utilisé sur internet. Il permet à un internaute sur un site tiers d'y utiliser son login / mot de passe Facebook pour se connecter sans que celui-ci soit transmis au service tiers et il permet aussi de donner accès à des informations de Facebook (préférences, liste d'amis) à ce service tiers (avec la possibilité de récuser cette délégation à tout moment).
Transposé dans le contexte de l'agence bancaire, il ne s'agit donc pas de donner accès aux fichiers de Police aux chargés de clientèle pour vérifier les justificatifs d'identité selon une logique "à l'ancienne" de "tout ou rien" mais de permettre, a minima, la vérification de la non falsifiabilité de la pièce produite par "délégation" du service émetteur de l'Etat.
On peut envisager de saisir son empreinte digitale (un lecteur d'empreinte digitale existe sur de nombreux ordinateur) ou le numéro de la pièce d'identité en agence ou en ligne et se faire renvoyer en retour par une base centrale ("à la Facebook") une confirmation de l'existence de la pièce d'identité et du prénom, nom, adresse associés (la date de naissance est aussi très utilisée en matière bancaire).
On pourrait aussi disposer d'une carte d'identité électronique, stockée en ligne et/ou sur son mobile et/ou sur une carte bleue et/ou sur une carte lisible par un ordinateur et accessible via un login / mot de passe ou un code de confirmation sur téléphone mobile que l'on pourrait présenter par "délégation" à des services nécessitant une identité sur internet (typiquement une banque).
Ces technologies existent pour la plupart déjà. Qu'est-ce qui empêche donc la mise en place d'une carte d'identité électronique sur internet ?
La première étape réside dans la numérisation de la carte d'identité, même non utilisable sur internet. En France, la délivrance de passeport électronique (avec une puce intégrée) date de 2006 et l'intégration des données biométriques dans ce passeport de 2009 suite aux accords internationaux sur la sécurité des échanges de personnes et la constitution de l'espace intégré européen (Schengen).
L'étape suivante est de pouvoir utiliser cette carte, ou une version dématérialisée de cette carte, sur internet. Le projet INES (Identité Nationale Electronique Sécurisée) a été initié en France en 2005 mais sa concrétisation semble encore très lointaine du fait notamment des résistances qu'il a entrainé (le débat en reste souvent à une perspective “tout ou rien”).
D'autres pays, aidés par des déploiements plus réduits, ont été plus volontaristes sur la carte d'identité en ligne tel que la Belgique et l'Estonie.
Ces expériences de mises en œuvre concrètes mettent en lumière l'arbitrage à réaliser entre :
Il existe déjà un grand nombre de solutions techniques d'identité sur internet (Liberty Alliance, CardSpace, Shibboleth,…) dont certaines supportent des scénarios de haut niveau. Mais le vrai problème est que cela ne doit pas se faire au détriment de la facilité de mise en œuvre par des services tiers sur internet. C'est notamment le problème rencontré par Liberty Alliance dont la complexité d'implémentation, probablement héritée des opérateurs télécoms qui ont été à son origine, a limité la diffusion.
L'avantage de la carte d'identité physique est qu'elle est universellement utilisable à l'initiative de son porteur, tant auprès d'une administration, d'un commerçant (à la Poste, dans un bar) ou même d'un particulier (pour justifier de son âge). Cette universalité doit se retrouver sur internet. Cette ouverture et cette simplicité est probablement l'enjeu le plus difficile à satisfaire et celui qui freine le plus la mise en place de l'identité numérique.
Ce qui fait le succès de Facebook comme système d'identité délégué, c'est que celui-ci repose sur un protocole ouvert et facilement implémentable (oAuth) indépendant du service. Cela fait toute la différence avec les systèmes d'identité délégués d'autres grands fournisseurs internet tel que Google (Google ID), Microsoft (Live ID) , Yahoo (Yahoo ID) ou même Orange (Orange ID) qui bien que représentant des bases d'utilisateurs considérables n'ont connu qu'une adoption très restreinte auprès des services tiers.
Le même écueil ne doit pas frapper une future carte d'identité électronique. Il ne faut pas que celle-ci, forte d'une base utilisateurs (forcée) d'une population entière soit restreinte, du fait de la complexité de son implémentation, aux seuls services de l'Etat ou d'opérateurs de premier rang, seuls capables d'en payer le ticket d'entrée. De même, il ne faudrait pas que cette complexité en décourage l'implémentation au-delà de la zone initiale (il devrait être tout aussi possible de l'utiliser sur le web "étranger" qu'il est possible d'utiliser sa carte d'identité ou son permis de conduire national à l'étranger).
Malheureusement, l'Etat français n'a pas montré jusqu'à présent beaucoup de signe de l'existence d'une conscience technologique préférant souvent les cathédrales technologiques nationales.
Une étape intermédiaire de l'identité est celle de la certification via un contact physique d'une identité ouverte en ligne. La Poste allemande a ouvert un service de ce type : Postident.
Il s'agit d'une forme de "sous-traitance mutualisée" de la fonction de contrôle d'identité et connaissance client effectuée par le chargé de clientèle bancaire. Il est notamment utilisé par un des services de prêt participatif allemand Smava.
La Poste française développe un service similaire avec la startup MyID.is dans le cadre du projet IDENTIC. Ce service va être lancé prochainement en phase d'expérimentation et nous allons y participer en le mettant en place sur FriendsClear, notre service de prêt participatif.
Considérons maintenant que ce problème d'identification initiale est résolu, que ce soit à travers une future carte d'identité numérique sur internet ou via un circuit décroché d'échange documentaire de justificatifs par courrier.
L'autre point crucial dans une transaction électronique c'est la non opposabilité juridique de la transaction.
N'est-ce pas la même chose ? Une transaction dans laquelle on a certifié son identité n'a-t-elle pas force probante ?
Pas du tout : ce n'est pas parce qu'un commerçant vous a demandé votre carte d'identité et a relevé son numéro qu'il peut se prévaloir que vous lui avez acheté quelque chose. C'est d'autant plus important en matière de produit financier que la vente est conditionnée par la règlementation à une information et à un engagement éclairé du client (censé être plus difficile à atteindre en matière de produit financier que pour des produits classiques) avec des possibilités étendues de rétractation et d'annulation de la transaction réalisée.
Là encore, s'il y a eu "décrochage" vers un circuit physique, il est plus adéquat et plus facile d'y effectuer les formalités juridiques (signer un contrat ou un bon de commande) plutôt que de faire revenir le client sur internet.
On évoque souvent dans ce cas le terme de "signature électronique".
Il faut néanmoins distinguer :
Une fois le client identifié, l'intérêt de la signature électronique réside dans la rapidité et la sécurité de l'engagement de la transaction. Répétons-le encore, la signature électronique n' a aucun intérêt lorsque l'on ne connait pas le client. A moins que l'on veuille rattacher l'achat d'un produit a posteriori à un client que l'on aura identifié dans un second temps.
La signature électronique au sens strict est un dispositif technique complexe peu adapté à une transaction financière et d'autant plus si c'est une opération de vente. Elle nécessite en préalable une diffusion auprès des clients des "clés publiques" et du mécanisme de signature. Le fisc avait utilisé un tel dispositif pour le paiement en ligne de l'impôt. Il y a finalement renoncé (ou l'a rendu facultatif) devant la complexité du support de l'ensemble des configurations techniques et surtout son inutilité relative (une transaction par an avec des personnes pré-identifiées par leur numéro d'identification fiscal).
Internet n'est plus un espace de "non droit" mais il n'est pas non plus un espace de sécurité juridique totale car il pose des problèmes de preuve et de non réfutabilité :
C'est notamment le cas des transactions de paiement par Carte Bancaire sur internet qui, du fait de l'absence de saisie du code de confirmation, sont toujours contestables.
C'est aussi le cas de toute souscription ou opération effectuée sur un site bancaire si celui-ci n'a pas opéré un minimum de diligence pour ne pas exposer ses clients à des possibilités d'usurpation ou de fraude.
Les sites marchands sur internet s’accommodent de cette situation car l’identité de leurs acheteurs ne les préoccupent pas et en cas de transactions frauduleuses, ils peuvent toujours tracer les produits envoyés.
Cela préoccupe, par contre, beaucoup plus les banques qui ont donc développé tout un ensemble de dispositifs visant à se décharger de la responsabilité juridique des actes réalisés vers leurs clients.
C'est notamment ce que réalise le dispositif de contrôle 3D Secure (un système de validation par code – plus d’info ici) dont les difficultés de mise en place illustrent le problème d’adoption utilisateur d’un dispositif nécessitant l’intégration à la fois des banques, des cartes bancaires et des sites marchands internet.
Ce principe est aussi appliqué pour la souscription de produits financiers en ligne (pour favoriser l'engagement du client et éviter qu'il se rétracte par la suite).
La sécurisation juridique peut alors passer :
Le code, l'empreinte vocale, comme le numéro de mobile constituent des éléments très personnels permettant de se dégager de l'usurpation et de l'opposabilité.
Ces dispositifs ne sont pas du reconnus et organisés par la loi. Ils sont plutôt de nature jurisprudentielle, c'est-à-dire qu'ils apportent des éléments de preuve difficiles à contester et ils procurent une sécurité juridique en terme de positionnement de la responsabilité.
Il est par conséquent difficile de déterminer si toutes les transactions peuvent être dématérialisées de manière juridiquement satisfaisante. Il est par exemple difficile de se prononcer sur la prise de caution, qui est pourtant une opération très commune et très utile en matière bancaire. A ma connaissance, il n’existe ainsi aucun dispositif de prise de caution en ligne.
L'introduction du mandat électronique (mandat dans le sens d'autorisation d'opération) avec la mise en place de SEPA (Single European Payment Area) est en la matière une innovation très intéressante introduite par la règlementation européenne (la France est en retard dans sa transposition concrète). Elle impose de se doter de la capacité à gérer un mandat électronique, elle étend le champs des scénarios à couvrir et unifie les systèmes et jurisprudences forcement divergents des différents pays européens.
Quelles conclusions en tirer par rapport à la question initiale ?
Rédigé à 13:04 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Je profite des remarques que m'a adressé Françoise Fondadouze du (très bon mais non indexable) blog http://rachatcredit.blog.capital.fr sur les articles que j'ai précédemment écrit sur le fichier positif (le fichier positif et le registre national) pour passer en revue et répondre aux principaux arguments avancés contre le fichier positif.
Ces arguments sont les suivants :
Je rappelle que les bénéfices attendus du fichier positif sont :
Les risques du fichier positif sont :
Il y a environ 750.000 personnes en situation de surendettement en 2010 et 125.000 nouveaux dossiers déposés en 2010.
Il faut distinguer 2 formes de surendettement (sources : Banque de France et Cour des Comptes) :
Il ne s'agit là que des statistiques de ceux qui sont entrés dans le dispositif de traitement du surendettement et non pas ceux en amont qui sont en train de glisser vers le surendettement (puisque justement aucun dispositif ne permet de les repérer). On peut donc considérer que les vrais chiffres sont plus importants et, en tout cas de l'ordre du million de personnes.
Le fichier positif doit permettre :
Certains commentateurs considèrent que c'est un problème mineur au regard du faible pourcentage de personnes touchées par rapport au coût du dispositif. Je ne suis pas d'accord car on est, quand même, en train de parler de quelque chose de l'ordre du million de personnes !
Le débat français est très focalisé sur le surendettement mais le fichier positif procure d'autres bénéfices et les populations concernées sont, là aussi, très significatives :
Il faut distinguer ici l'exploitation par les acteurs du financement et les autres acteurs (bailleurs, grands facturiers,…)
La CNIL est logiquement contre pour les points de fonds exposés ci-dessus mais elle est aussi logiquement contre pour des points de forme lié à sa doctrine actuelle :
On manque un peu d'élément sur le "business case" du dispositif, limitons-nous à des remarques générales :
Extraits : Cela va freiner les crédits (les établissements prêteront moins car ils auront plus d'information pour refuser) ou augmenter l'endettement des ménages (car il sera plus facile d'attribuer des crédits du fait de la meilleure appréciation de la solvabilité). Ce qui va nuire à la consommation, à la croissance et à l'emploi en France voire mener les ménages à la crise financière. D'ailleurs, c'est ce que montrent les comparaisons internationales.
Sur tous ces arguments, je vais peut être briser des idées reçues mais au niveau macro-économique, il y a des facteurs qui sont bien plus déterminants tels que les politiques d'allocation de ressources des banques (qui elles même sont très déterminées par les normes internationales tel Bâle III) et les comportements d'anticipation des acteurs économiques (leur confiance dans le futur qui les fait emprunter et leur capacité à réaliser leurs anticipations) et cela dépend de tout un ensemble de facteurs institutionnels et culturels dans lesquels l'amélioration de l'information de solvabilité n'est qu'un facteur parmi d'autres.
Rédigé à 01:12 dans Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Je reprends une partie d’un billet déjà publié où cette question était traitée mais noyée parmi d’autres points (SEO quand tu nous tiens !).
Microsoft a souvent été un innovateur en amont. On lui doit notamment :
- Le premier véritable smartphone, le SPV développé pour Orange par Qtek (aujourd’hui HTC) a été basé sur la première version de Windows Mobile (en 2002).
- Ajax qui motorise les sites web2.0 introduit en 2001 sur Internet Explorer 5 et Outlook Web Access.
- Le Tablet PC mis sur le marché en 2001 et que Microsoft a continument fait évoluer.
- Windows Mobile, l’OS mobile probablement le plus abouti…mais pour les directions informatiques pas pour les utilisateurs !
- Active Desktop, la 1er technologie de widgets intégrée sur le PC (en 1997). Pour l’anecdote, Microsoft a aussi sorti une infrastructure Marketplace de déploiement d’applications “widget” avec la Windows Gadget Sidebar.
- Hailstorm (2001), l’infrastructure de partage de son “réseau personnel”. Finalement c’est le couple Facebook et Oauth qui le réaliseront bien plus tard. 2 remarques :
- Windows Media Center, lancé depuis 2002, est probablement la préfiguration de ce que fera Apple avec la iTV.
Microsoft est aussi l’acteur qui investit le plus dans la recherche fondamentale et dans les technologies de programmation et d’infrastructure informatique (voir ici la liste des champs de recherche), qui consacre proportionnellement (en % du CA et en valeur absolue) le plus à la recherche et met très fortement l’accent en interne sur l’innovation.
Alors ? Force est de constater que Microsoft ne s’est pas caractérisé jusqu’à présent comme un innovateur produit.
Ce qui caractérise plus fondamentalement l’innovation pour Microsoft c’est la démocratisation de l’innovation. Microsoft n’est pas le premier mais c’est celui qui va rendre l’innovation la plus accessible en l’intégrant en standard dans ses produits. Un petit coup d’œil sur la liste des fonctionnalités actuelles de Windows Server l’illustre (sans compter tous les à cotés). Et cela est similaire avec les produits grand public dont notamment Windows.
L’effort de R&D permet par ailleurs de couvrir les champs d’innovation (notamment en terme de brevets) et de disposer de ressources pour réagir à des innovations externes. Je dirai que c’est le prix que Microsoft considère qu’il est prêt à payer pour conserver sa position concurrentielle (et a contrario les détracteurs pensent que c’est un gaspillage de ressources et un manque de focalisation).
Cette couverture extensive se retrouve au niveau des produits. Microsoft est la seule firme de technologie qui soit présente aussi bien sur les marchés consommateurs et entreprises, dans les logiciels, les consoles de jeux, les moteurs de recherche, les portails et services en ligne, les accessoires (souris, clavier,…), les baladeurs (Zune), les téléphones mobiles, les medias centers, les navigateurs, le cloud computing, les outils de développements, et j’en passe.
Cette couverture extensive est aussi bien un inconvénient comme un avantage. Apple et Google ne se posent pas trop de questions sur leur stratégie. Apple vend des devices et tout le reste ne sert qu’à concourir à en vendre plus. Google vend de la publicité et tout le reste ne sert qu’à concourir à en vendre plus. Microsoft vend des logiciels..oui mais pas que cela. Et il est difficile de déterminer quelles sont les synergies à exploiter et dans quel sens elles doivent être actionné. Les logiciels doivent-il promouvoir les services en ligne ou les services en ligne doivent-il promouvoir les logiciels ? Ce n’est pas du tout la même chose dans les faits. Et comme chaque activité possède son compte de résultat, c’est encore moins simple car chacun défend ses positions.
Et l’innovation pose à toutes les grandes entreprises le même problème : elle ne produit que rarement un business de 1 Milliard $ de CA la première année (voire de plusieurs centaines de millions de dollars). Le même problème se pose aussi dans la banque. C’est pour cela qu’il est souvent préférable de racheter des startups qui ont accompli cette phase, ont validé leur modèle et sont en pleine expansion. Microsoft est, là encore, une des seules firmes à se donner du temps et à investir dans la durée (“Keep pushing !” comme le répète Steve Ballmer) sur les activités qu’elle considère comme stratégique (le search, les services en ligne, le mobile, le media center et les technologie de video internet et de TV sur IP, les tablets,…).
Sur la culture d’entreprise et l’innovation, je vous recommande la série de billets d’Olivier Ezratty qui compare Microsoft, Apple et Google :
Culture d’entreprise et innovation 1/6 : les dirigeants
Culture d’entreprise et innovation 2/6 : la mission et la codification des valeurs
Culture d’entreprise et innovation 3/6 : les produits et le channel
Culture d’entreprise et innovation 4/6 : le long terme et la recherche
Culture d’entreprise et innovation 5/6 : le management, les ressources humaines, le recrutement, la géographie de la R&D
Culture d’entreprise et innovation 6/6 : les acquisitions, le bilan économique, conclusions
Rédigé à 12:18 dans Internet, Telecom & Media | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
J'ai rencontré récemment Jean-Pierre Gorges, député-maire de Chartres (je suis natif de cette ville) qui est à l'origine avec Jérôme Bignon de l'évolution de la législation sur le microcrédit incluse dans la loi sur le crédit qui a été votée en ce milieu d'année.
Nous discuté :
Quels sujets avons-nous évoqués ?
Le taux d'intérêt qui est appliqué à un prêt rémunère plusieurs éléments :
Si chacune de ces composantes représente un coût respectif de 1% alors le taux final appliqué doit être de 4%. Mais cette hypothèse est sous-estimée :
Le taux global obtenu est de 9,5% à 12%. A titre de comparaison, le taux légal maximum autorisé pour des prêts amortissables (non affectés) tels que nous les pratiquons sur FriendsClear notre service de prêt participatif est de 8,15% au 1er octobre 2010.
Le mode d'établissement actuel du taux légal maximum (pour le type de prêt que nous pratiquons dans notre activité) conduit donc à restreindre ceux qui pourraient en bénéficier.
A contrario, le rehaussement du plafond du taux de l'usure (toujours dans la catégorie de prêt de notre activité) permettrait donc de financer un plus grand nombre d'entrepreneurs.
Cette constatation n'est pas nouvelle. Elle découle d'un choix "implicite" qui oppose deux approches du crédit :
Quelques remarques sont nécessaires :
Précisons que le réaménagement du calcul du taux de l'usure est actuellement un sujet en cours de réflexion au sein du Ministère des Finances.
On parle beaucoup, voire exclusivement, du fichier positif dans le cadre de la prévention du surendettement, utilisation qui n'est pas "négative" mais à tout le moins "préventive" et pas du tout de son utilisation "positive" par le consommateur pour discuter avec son banquier.
Le fichier positif est une base de données qui centralise l'historique de l'ensemble des crédits accordés à chaque personne. J’en ai déjà discuté dans deux précédents billets (ici et ici) et FriendsClear fait partie de l'initiative en faveur du fichier positif (http://www.registrenationaldescredits.com/ et http://www.fichierpositif.com/ ). Il peut être utilisé pour prévenir le surendettement en détectant l'accumulation de crédits auprès de différents établissements ne communiquant pas entre eux. Mais il peut aussi être utilisé par le consommateur pour connaitre sa situation telle qu'elle est appréciée des établissements financiers et utiliser cette information dans ses discussions pour obtenir un crédit ou en négocier les modalités. Cela est parfaitement matérialisé dans les pays ayant adopté ce type de système car à chaque "classe" de risque du fichier positif correspond différents taux d'intérêt (cette comparaison est pratiquement impossible en France).
Pour illustration, les liens vers la table des taux de Lending Club aux USA (de 6,39% pour la catégorie A1 à 21,64% pour la catégorie G5) et celle de Smava en Allemagne (de 1,38% pour la catégorie A à 42,40% pour la catégorie M).
Pour obtenir un prêt participatif sur un service tel que le notre, l'entrepreneur doit "vendre" son projet et a intérêt à communiquer à ses prêteurs potentiels le maximum d'information et d'éléments "d'assurance" pour établir une relation de confiance. Le niveau de risque constitue typiquement un élément "d'assurance" permettant de renforcer la crédibilité de son projet. Il permet de capitaliser et de restituer son historique de crédit qui, sans ce dispositif, ne peut être ni rassemblé, ni validé, ni valorisé.
A la suite de la loi sur le crédit, la comité de préfiguration du fichier positif (dénommé "registre national") vient d'être constitué sous la présidence de Emmanuel Constans et doit conclure ses travaux d'ici à la mi 2011.
Il n'y a peu de chose qui m'énerve plus que lorsque la première question que l'on me pose sur le prêt participatif est "est-ce que l'on a une déduction fiscale ?". Cette question est très représentative de la situation pathologique de la France où la chasse à la carotte fiscale prime sur l'évaluation réelle du rendement du placement, voire où la rentabilité de ce dernier ne se fait que sur la partie fiscale. L'Inspection des Finances a montré dans un rapport récent l'incohérence de la fiscalité française, son incapacité à canaliser l'épargne puisque coexistent de multiples fléchages antagonistes et la captation répétée de l'intérêt fiscal par les intermédiaires.
Ce qui serait souhaitable, c'est une neutralité fiscale qui fasse que lorsqu'un particulier finance un entrepreneur individuel dans sa région, il ne soit pas plus mal traité que lorsqu'il souscrit à un produit financier traditionnel totalement opaque, dont il n'a aucun moyen d'orienter les choix et de contrôler qu’il ne contribuera pas à alimenter les produits exotiques vecteurs de la prochaine crise financière.
L'avis de Jean-Pierre Gorges serait plutôt de créer une fiscalité spécifique pour les placements de microfinance. Le grand soir fiscal n'étant pas pour demain, cette vision "sédimentaire" me parait néanmoins plus pragmatique.
J'ai décrit dans un billet précédent la problématique des "supports" de placement en microfinance ("les containeurs"). Le financement en direct tel qu'il est pratiqué sur notre service FriendsClear correspond au "modèle pur" du financement participatif. Cependant, il ne correspond pas forcement à ce que recherchent toutes les personnes voulant orienter leur argent vers la microfinance. Certains peuvent vouloir une implication moindre dans les choix des entrepreneurs, par exemple en abondant des projets déjà pré-sélectionnés. D'autres peuvent vouloir mutualiser et lisser les résultats de leurs placements au sein d'un portefeuille de projets. D'autres encore peuvent ne vouloir exposer qu'une part réduite de leur investissement (à l'image de la SICAV Danone Communities). Tout cela converge vers la nécessité de développer des supports d'investissement intermédiaires qui mutualiserait les investissements en microfinance avant de les réaffecter de manière plus granulaire vers les projets.
Jean-Pierre Gorges propose de créer des "Livrets Microfinance" à l'image des Livret A dont les produits sont affectés et qui disposent d'une fiscalité avantageuse. Cela me parait être une bonne idée mais il existe aussi de nombreux dispositifs, trop souvent méconnus, qui existent déjà au niveau de l'épargne solidaire et qui pourraient être déclinés ou élargis pour la microfinance. Pour une description plus complète de ces dispositifs de placement de la finance solidaire je vous renvoie à l’"Annexe VIII La finance solidaire - Le Microcrédit - Rapport de l'Inspection Générale des Finances - décembre 2009" (page 290).
Rédigé à 18:06 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance, Pret participatif, Microfinance, P2P Lending | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Après les précédents épisodes au marathon de Paris, au 20 Km de Paris et au Paris-Versailles, je continue de descendre dans la distance avec la course des Chasseurs de Temps (dimanche 19 sept) en relai 21 Km (3*7 Km) dans l’équipe des “Mousquetaires quarantenaires” en équipe avec Giao et Yann challengé par l’équipe des “Chasseurs de quarantenaires” composée de Xuoan, Gérald “Bonne Etoile” et “le Mr que j’ai pas retrouvé tagué dans Facebook” (la logique a été respectée : les chasseurs ont fini derrière leurs proies).
Course très sympathique car elle mélange coureurs individuels sur 7, 14 ou 21 Km et relais doubles sur 14 Km et triples sur 21 Km.
Pour les résultats sur nos 7 Km respectifs dans l’ordre d’apparition : Giao (32 mn 30 s), Yann (28 mn 24 s) et Nicolas (28 mn 49 s).
Rédigé à 17:02 dans Résultats des courses | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Une petite suite à mon billet précédent en réponse à certains échanges que j’ai eu sur le sujet.
Pourquoi le titre ?
Le texte du billet laisse plutôt à penser qu’Apple est très bien positionné pour capter l’essentiel du marché. Je n’ai, effectivement, pas développé les arguments auxquels je pensais en démarrant la rédaction de ce billet.
Je ne pense pas qu’Apple va dominer le marché des smartphones. Je connais peu (voire aucun) secteur d’activité dans lequel un acteur “haut de gamme” est dominant.
- D’abord parce que les phénomènes de “commodisation” sont inéluctables dans tous les secteurs notamment à forte intensité concurrentielle. Les consommateurs sont de moins en moins enclin à suivre l’escalade technologique et marketing des fabricants. Et au final le facteur prix sera ou redeviendra déterminant.
- Ensuite parce que les plus gros volumes sont à aller chercher dans les marchés de masse et que ceux-ci sont majoritairement maintenant dans les pays en voie de développement et que le facteur prix y est déterminant.
Apple ne peut que capter une part plus que proportionnelle de la valeur totale du marché (ce à quoi il excelle totalement en ce moment et qui ne peut que décroitre) mais il ne gagnera pas la guerre des smartphones. Et cela d’autant plus que sa domination ne peut qu’influer négativement sur sa perception par tous les acteurs de l’écosystème.
La question est plutôt : quel sera le tiercé gagnant (car ils seront moins nombreux qu’aujourd’hui – et Apple qui en fera partie ne sera pas le premier) ?
Microsoft sait-il innover ?
Comme je l’ai dit dans mon précédent billet, le premier véritable smartphone, le SPV développé pour Orange par Qtek (aujourd’hui HTC) a été basé sur la première version de Windows Mobile (en 2002).
Microsoft a souvent été un innovateur en amont. On lui doit notamment :
- Ajax qui motorise les sites web2.0 introduit en 2001 sur Internet Explorer 5 et Outlook Web Access.
- Le Tablet PC mis sur le marché en 2001 et que Microsoft a continument fait évoluer.
- Windows Mobile, l’OS mobile probablement le plus abouti…mais pour les directions informatiques pas pour les utilisateurs !
- Active Desktop, la 1er technologie de widgets intégrée sur le PC (en 1997). Pour l’anecdote, Microsoft a aussi sorti une infrastructure Marketplace de déploiement d’applications “widget” avec la Windows Gadget Sidebar.
- Hailstorm (2001), l’infrastructure de partage de son “réseau personnel”. Finalement c’est le couple Facebook et Oauth qui le réaliseront bien plus tard. 2 remarques :
- Windows Media Center, lancé depuis 2002, est probablement la préfiguration de ce que fera Apple avec la iTV.
Microsoft est aussi l’acteur qui investit le plus dans la recherche fondamentale et dans les technologies de programmation et d’infrastructure informatique (voir ici la liste des champs de recherche), qui consacre proportionnellement (en % du CA et en valeur absolue) le plus à la recherche et met très fortement l’accent en interne sur l’innovation.
Alors ? Force est de constater que Microsoft ne s’est pas caractérisé jusqu’à présent comme un innovateur produit.
Ce qui caractérise plus fondamentalement l’innovation pour Microsoft c’est la démocratisation de l’innovation. Microsoft n’est pas le premier mais c’est celui qui va rendre l’innovation la plus accessible en l’intégrant en standard dans ses produits. Un petit coup d’œil sur la liste des fonctionnalités actuelles de Windows Server l’illustre (sans compter tous les à cotés).
L’effort de R&D permet par ailleurs de couvrir les champs d’innovation (notamment en terme de brevets) et de disposer de ressources pour réagir à des innovations externes. Je dirai que c’est le prix que Microsoft considère qu’il est prêt à payer pour conserver sa position concurrentielle (et a contrario les détracteurs pensent que c’est un gaspillage de ressources et un manque de focalisation).
Sur la culture d’entreprise et l’innovation, je vous recommande la série de billets d’Olivier Ezratty qui compare Microsoft, Apple et Google :
Culture d’entreprise et innovation 1/6 : les dirigeants
Culture d’entreprise et innovation 2/6 : la mission et la codification des valeurs
Culture d’entreprise et innovation 3/6 : les produits et le channel
Culture d’entreprise et innovation 4/6 : le long terme et la recherche
Culture d’entreprise et innovation 5/6 : le management, les ressources humaines, le recrutement, la géographie de la R&D
Culture d’entreprise et innovation 6/6 : les acquisitions, le bilan économique, conclusions
Rédigé à 01:15 dans Internet, Telecom & Media, Personal considerations | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Cela devait finir par arriver. J'ai même résisté pendant longtemps. Je viens de remplacer mon "vieux" HTC Cruise sous Windows mobile par un iPhone 4. Rien de très original, même Mini-Microsoft, le célèbre bloggueur de Microsoft "canal historique" m'avait précédé sur ce point.
Ce qui est plus surprenant c'est que plus de 3 ans après la sortie du 1er iPhone (présenté le 9 janvier 2007 et commercialisé le 29 juin 2007 aux USA), la concurrence ne me propose aucune alternative réellement à niveau.
J'étais dans un magasin SFR "Le Studio" à la Madeleine à fin juillet avant le 1er weekend d'aout, j'aurai pu obtenir "le dernier iPhone du mois disponible sur Paris" (dixit) et une autre cliente derrière moi m'a proposé de racheter ma place dans la file d'attente ! Cela donne un aperçu de l'addiction des utilisateurs qui ne s'est pas émoussée après plus de 3 ans et 50 millions d'iPhones vendus (chiffre annoncé par Steve Jobs au lancement de l'iPhone 4 en avril 2010).
Si je reviens en arrière, sur ce que j'ai successivement possédé :
Aujourd'hui mon HTC Cruise qui faisait figure de bête de guerre apparait complètement dépassé :
Pourtant HTC avait fait un effort tout à fait louable en rajoutant une sur-interface "TouchFLO" (devenue “Sense” sur les versions suivantes) sur Windows Mobile pour piloter l’interface au doigt (le fait que le constructeur le plus impliqué avec Microsoft ait été obligé de développer une sur-interface était en soi un indicateur d'alerte du décrochage de Windows Mobile). Mais là encore la comparaison est sans appel : la fluidité et le perfectionnisme de l'ergonomie utilisateur sont inégalés chez Apple et cela d'autant plus si l'on considère l’intégration des services additionnels comme iTune ou l'AppStore.
Pour la petite histoire, tout n'est néanmoins pas parfait dans le meilleur des mondes car je suis parti en vacances sans prendre le temps d'initialiser mon iPhone, me disant que je pourrai faire cela en mode "always connected". Mais dans la réalité ce n'est pas tout à fait ça et j'ai du rechercher un hotspot wifi payant pour télécharger les 90 Mo du iTune 9.2 à 70 Ko/s, pré-requis obligatoire pour initialiser son iPhone, et ensuite j'en ai repris pour à peu près la même chose avec la mise à jour géante de sécurité de l'iOS4. Sans compter mes quelques autres soucis de récupération de données et de contacts...
Au final, au-delà du fait que l'iPhone est très beau produit qui a un attrait en propre, ce qui détermine mon choix ce sont les applications. Les (rares) applications que j'utilisais sur mon HTC Cruise sont bien meilleures à tous points de vue sur iPhone, d'autres applications comme Foursquare ou le client de notre CRM Highrise (développé par un tiers) n’étaient pas disponibles sur Windows Mobile et surtout je sais que toutes les applications dont j'aurai besoin dans le futur seront disponibles sur iPhone en priorité.
Pour revenir sur la concurrence ou plutôt sur l'étonnante absence de concurrence, il faut comprendre que l'iPhone n'est pas seulement un mobile et que ce n'est donc pas seulement une affaire de constructeur.
Si on considère Android, l'OS mobile de Google et le challenger n°1 de iOS, il réunit :
Android n'est pour le moment pas encore au niveau de l'iPhone en terme de fluidité ou d'intégration de l'interface mais je pense qu'avec le temps, il a tous les atouts pour le rattraper, voire le surpasser.
Si l'on regarde les autres compétiteurs avec ces critères (OS, écosystème, services), il n'y en a qu'un seul qui les réunisse tous : Microsoft (disclaimer : j'ai travaillé pour Microsoft en Business Development sur le secteur Telecom/Media mais je n'y suis plus depuis que j'ai lancé une startup FriendsClear). Malgré ces atouts, la partie n'est pas gagnée car Microsoft s'est fourvoyé sur Windows Mobile en sous-investissant l'interface utilisateur au détriment de fonctionnalités d'entreprise moins visibles (sécurité des connexions, gestion de parc, intégration au applications d'entreprise). Microsoft avait probablement le meilleur OS Mobile mais sur des points qui ne se sont pas révélés déterminant dans les choix utilisateur. Que vaut l'opinion du responsable de la sécurité informatique par rapport au PDG qui veut un mobile avec des applications qu'il peut enfin utiliser ? Microsoft a néanmoins compris la leçon, comme il l'avait compris précédemment sur les navigateurs contre Netscape. Windows Mobile 7 qui va sortir à l’automne 2010 a été reconçu pratiquement à partir de zéro avec le pari d'une interface utilisateur radicalement différente, tactile et contextuelle. Microsoft dispose aussi d'un énorme écosystème de développeurs et d'un infrastructure de service qu'il lui appartiendra de leverager autour de Windows Mobile 7. Si la décision se fait sur les applications, il ne faut pas oublier qu'il y a plusieurs dizaines de milliers de développeurs en interne chez Microsoft et que l’écosystème des développeurs d’applications Windows est le 1er du monde. Aucun constructeur ne dispose d'une telle capacité d'accélération sous le pied.
A coté, je ne vois guère que Nokia mais dont l'OS Symbian est d'une génération antérieure, qui bénéficie d'un écosystème et d'une plateforme de service OVI mais très en retrait avec les acteurs de tête. Et aussi sans stratégie réellement définie puisque Nokia se cherche aussi du coté des OS linux (avec Meego et Intel).
Blackberry est pour moi un cas à part. C'est un "category killer" qui s'est imposé comme le device puis le mobile du mail (vu les problèmes de paramétrage du mail que j'ai constamment rencontrés sur mes différents mobiles, je comprends qu'il y ait un marché pour une offre de ce type). Et qui, à mon avis, surfe aujourd'hui sur la transition des jeunes vers les échanges de type messagerie instantanée (vous ne vous êtes jamais demandé comment la moyenne mensuelle de SMS envoyé par personne s'établissait à plus de 100 SMS/mois ? C'est que les jeunes dialoguent couramment à raison de 100 SMS par jour au point de ne plus utiliser pratiquement la partie "voix" de leur forfait). Rien de mieux qu'un Blackberry pour écrire rapidement des SMS.
Je ne crois pas, à coté de cela, au développement des autres nouveaux OS mobiles (la plupart basés sur des noyaux linux similaires). Les fabricants de processeurs et de mobiles (comme Samsung avec Bada qui est sorti sur le Samsung Wave) savent peut-être développer des OS mais ne savent pas les faire évoluer et les intégrer dans une infrastructure et un écosystème d'applications et de services. Et au final, c'est de cela dont on parle et non pas d'une capacité à réaliser des interfaces ou à intégrer de beaux écrans. Ces OS "maison" auront surement une grande carrière pour les smartphones d'entrée de gamme quand tous les mobiles seront des smartphones mais dans le champ des applications, ils auront le plus grand mal à s'imposer.
Les fonctionnalités sexy ("tactiles") vont inévitablement se trouver banalisées et il ne restera plus comme facteur différenciant que les applications (les "fonctionnalités" d'usage : à quoi me sert mon mobile à part téléphoner ?).
Et il ne faut pas se dire qu'il y en a déjà assez avec 185.000 applications sur l’AppStore ou 90.000 chez Android Market. Nous n'en sommes qu'au début et il y a encore beaucoup de besoins à couvrir. Comme le dit Apple dans ses très pertinentes publicités "une fonction, une application". Il serait erronés de croire que les jeux sont faits. Beaucoup de nouveaux usages restent à développer avec les fonctions qui vont avec.
Parrot, un fabricant français de périphérique mobile, a sorti un hélicoptère miniature doté de capteur et que l'on pilote par iPhone. C'est la préfiguration des futures applications qui pourront interagir directement avec des devices physiques et dont le smartphone constituera l'écran unifié de pilotage (vieux rêve). Il y a aussi toutes les applications liées à la géolocalisation et à l'échange de données avec son environnement (autre vieux rêve du marketing et du CRM).
Il y a particulièrement deux applications que je rêverai d'avoir son mon smartphone :
Lorsque ce type d'équipement aura une interface ouverte, il est possible que les applications correspondantes soient réalisées par des tiers (cela serait même plutôt souhaitable). Il serait ainsi envisageable d'avoir plusieurs programmes concurrents de pilotage du chauffage. Mais toujours est-il qu'il me parait fort peu probable que chacune de ces applications soient déclinées sur chacun des OS de chaque constructeur de mobile (sans compter les autres "tablets"). Le régulateur de chauffage sur Bada ne me parait pas pour demain. Il y aura forcement une concentration des développements sur un nombre limité de plateformes vu le profil technologique des firmes qui développeront. Et c'est sur cette richesse d'applications proposées (de vrais choses qui sont vraiment utiles) que se détermineront les futurs consommateurs.
Rédigé à 23:38 dans Internet, Telecom & Media, Personal considerations | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Comme aime à le faire remarquer ma femme et un de mes meilleurs amis, qui sont tous deux docteurs, je ne suis qu'un autodidacte. J'ai en effet réalisé une thèse, je l'ai pré-soutenue mais je ne l'ai jamais soutenue.
Pourquoi ? Parce que ma thèse portait sur la gestion des connaissances, domaine émergent et porteur à l’époque où je l'ai entamée (en 1993) et que ma recherche m'a conduit à me dire qu'il fallait privilégier l'expérimentation à la théorie. Suite à mes travaux, j'ai eu l'opportunité d'entrer chez Arthur Andersen Business Consulting qui ouvrait une ligne de service "Gestion des Savoirs" et j'ai saisi cette opportunité. Il me manquait 6 mois pour finir ma thèse mais les 6 derniers mois sont souvent les plus intenses. J'ai continué de travailler dessus, de me réinscrire tant que cela a peu être possible (et même au-delà), de prendre des congés sans solde,... mais le temps n'est pas compressible….
A posteriori avec plusieurs années de recul, je pense que la gestion des connaissances a échoué dans son projet. Les connaissances ne sont pas des "objets" formalisables et gérables en tant que tel. Elles le sont dans certains cas, le savoir scientifique en premier lieu, mais aussi tous les savoirs techniques. Le pilotage d'une centrale nucléaire ou d'un haut fourneau en sont des illustrations (il s’agit de cas réels de modélisation des connaissances). Mais dans beaucoup d'autres cas, la collecte, la formalisation et la mise à disposition de connaissances "objectivées" sont illusoires, notamment dans des domaines tel que la gestion de la relation client, l’optimisation des processus, le management d'équipe, le service client, l'innovation, etc...
Je ne dis pas que l'on ne peut pas le faire. Certains y ont même réussi (Accenture et General Electric y ont notamment beaucoup travaillé). Ce que je dis c'est que ce n'est pas le bon chemin pour le faire et que l'efficacité ne sera généralement pas au rendez-vous. D’ailleurs, y a t-il un système de “gestion des connaissances” présent dans votre entreprise ? Dans chacun des trois grands groupes américains dans lesquels j'ai travaillé, il y avait des intranets géants structurés en de très nombreuses catégories et donnant accès à des dizaines, voire des centaines de milliers de documents, une forme de capitalisation des connaissances. Le problème dans ces bases géantes, c'est que l'on ne trouve jamais la réponse à la question que l'on se pose. J'ai déjà rédigé précédemment un billet sur ce sujet.
En deux points, je dirai que :
Pour ceux qui y portent intérêt et qui ont du temps, ma thèse est ici Elle date certes un peu mais rien n'a véritablement changé depuis. Il n'y a eu aucune révolution conceptuelle à ce que je sais. Ainsi est la connaissance, constamment “reconstruite”.
Rédigé à 09:44 dans Knowledge workers efficiency | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
L'évolution de la réglementation financière tourne à plein régime. Après le crédit à la consommation, c'est l'assurance-vie qui est dans le collimateur.
L'assurance-vie qui, rappelons-le, n'est ni une assurance, ni une assurance sur la vie (appelée assurance décès). c'est un produit d'épargne flexible permettant de se faire verser un capital ou des revenus avec des facilité de transmission en cas de succession. Précisons aussi que, contrairement à ce que l'on laisse parfois penser, ce n'est pas non plus un produit d'épargne retraite.
Le point principal porte sur une histoire déjà ancienne : l'affichage du taux de rendement (et notamment le "taux de rendement garanti").
Il faut dire que les acteurs de la finance utilisent maintenant les mêmes recettes marketing que les fournisseurs d'accès internet ou de bouquet TV et les taux affichés lors de la commercialisation sont les équivalents des "têtes de gondoles" promotionnelles décorrélés des taux réels servis.
Quel est le problème dans l'affichage du taux de rendement de l'assurance-vie ?
Le taux de rendement réel final va dépendre de trois facteurs :
L'assurance-vie est un produit long à horizon de 8 ans. On peut en sortir prématurément mais alors le rendement et l'avantage fiscal s'en trouvent fortement remis en cause. On peut aussi le conserver au-delà des 8 ans mais aucun avantage complémentaire n'est à en attendre.
L'horizon long de placement est censé permettre d'assurer un taux de rendement supérieur et c'est ce que vante le marketing de l'assurance-vie.
Cette règle traditionnelle de la finance a cependant été chahutée par les évolutions les plus récentes. Les taux d'intérêt à court terme ont surpassé les taux d'intérêt à long terme et les stratégie d’investissement assises sur des fondamentaux (actions, portefeuille de prêt à la consommation, créances d'entreprise,…) ont connu des évolutions erratiques.
Il est toujours possible dans ces conditions à un bon gestionnaire de maintenir un taux de rendement élevé et constant. Cependant, il est plus rationnel de considérer que, sur un horizon de 8 ans, l'environnement et les fondamentaux financiers peuvent évoluer et qu'au final il est difficile d'afficher un taux de rendement prédictif à 8 ans.
De manière générale, le taux de rendement n'est pas fixé et peut varier, à la hausse comme à la baisse, dans le temps. Le taux affiché est donc un taux de rendement historique constaté sur le support de placement sous-jacent de l'assurance-vie considérée. Comme l'indique la mention légale obligatoire, les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Il n’y a pas de secret : pour obtenir un rendement élevé, cela nécessite une exposition plus élevée au risque. Et sur une période de temps longue, qui voit alterner des phases d'expansion et de crise, une même stratégie d'investissement a toute les chances de ne pas produire des performances constantes. Il est donc tout à fait fondé de penser, comme l'indique la mention légale obligatoire encore une fois, que la performance affichée ne sera pas répliquée dans le futur.
Une manière d'afficher un taux de rendement performant est de constituer une grande variété de produits, reposant sur des supports de placement sous-jacents variés et de renouveler cette opération à différente intervalle. A une date donnée, cela permet d'afficher à la commercialisation celui qui aura ressorti le meilleur taux de rendement (alors qu'il peut s'agir d'un produit marginal).
Mais il y a beaucoup mieux à faire car la réglementation permet d'être très créatif.
Tout d'abord, il est possible de lisser les résultats afin de piloter le rendement servi. Une période de fort rendement compense alors une période de faible rendement (par exemple en cas de crise financière). Très bien me direz-vous…sauf pour ceux qui ont besoin de sortir en période de haut de cycle et à qui l’on sert le taux de rendement moyen ! En des termes plus choisis, on n'est pas forcé d'extérioriser les résultats au rythme auquel on les constate. On est ici dans l'interminable débat des règles comptables entre comptabilisation à la valeur de marché (qui force à extérioriser ses résultats) et à la valeur historique (qui permet de les garder en réserve). Si cela ne suffit pas, il est toujours possible de transférer des résultats par le biais de prises et de reprises de provisions, activité essentielle dans toute gestion de bilan d'un établissement financier. Au final, lorsque la conjoncture est très dégradée et que les taux de rendement réels le sont aussi, il est possible de maintenir le taux de rendement affiché en externalisant ces résultats thésaurisés.
Ensuite, il n'existe pas de principe de cantonnement des contrats. Les modes de répartition des revenus sont à ce point complexes qu’ils permettent de globaliser certaines composantes de revenus pour les réaffecter de telle manière à privilégier certains supports plutôt que certains autres. Cela aboutit ainsi à attribuer des rendements moins élevés aux anciens contrats ou aux contrats de compagnies rachetées par rapport aux contrats en cours de commercialisation (exemples cités dans l’article ici lié).
Il y a deux types de frais :
Les frais de souscription peuvent être prélevé en totalité sur les premiers versements du contrat ou tout au long des versements effectués. Par exemple des frais de souscription de 5% (pour un rendement de 4%) absorberont la totalité des versements de la première année et une partie de ceux de la 2e année. Prélevés sur des versements effectués sur 8 ans, il représenteront une diminution du taux de rendement annuel de 0,625%. Leur prise en compte est loin d’être négligeable dans le calcul du taux de rendement final du placement.
Sur l'avantage fiscal, j'avais en tête que l'assurance vie était exonérée d'impôt sur les rendements et bénéficiait par ailleurs aussi d'une exemption des droits de successions lorsqu'elle était transmise à un autre bénéficiaire. J'ai été surpris de constater qu'il n'en était rien (voir l'article de l'excellent site cBanque sur ce thème) et que ces avantages fiscaux avait maintenant été considérablement entamés.
Dans le firmament des produits financiers français, l'assurance-vie est celui qui brille le plus dans l'esprit des épargnants. Mais il vit maintenant pour une part croissante sur son image acquise.
L'évolution de la fiscalité de l'épargne va probablement privilégier à l’avenir les produits permettant de compléter (ou de compenser) les retraites et donc des produits à horizon plus long que les 8 ans de l'assurance-vie. Son avantage fiscal ne pourra que continuer à se réduire avec le temps.
La réforme s'attaque essentiellement aux taux garantis afin d'éviter d'afficher aux consommateurs des taux faciaux attractifs très éloignés des taux réels.
Les Echos en tracent les principaux point dans l’article ici lié :
Cela va dans le bon sens mais laisse de la marge pour de futures évolutions de la réglementation.
Difficile de toucher une icône surtout lorsqu'elle ressort de l'attachement des pratiquants plutôt que du domaine du rationnel.
Rédigé à 16:59 dans Banque, Finance, Assurance | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
La loi portant sur la réforme du crédit à la consommation et notamment sur un encadrement plus strict du crédit renouvelable ("revolving") vient d'être adoptée à l'Assemblée. La ministre de l'économie Christine Lagarde a promis une mise en application rapide de cette loi qui nécessitera pas moins de 14 décrets et 4 arrêtés qui seront publiés d'ici la fin de l'année pour une entrée en vigueur échelonnées jusqu'en mai 2011.
Cette loi institue aussi la mise en place d'un comité de préfiguration qui doit remettre, à horizon de 12 mois, un rapport sur la création d'un registre national des crédits.
Le sujet étant hautement polémique et les intérêts mis en jeu importants, ainsi que je l'ai décrit dans un précédent billet, il a été jugé qu'il serait mieux d'en changer la dénomination de "Fichier Positif de crédit" à "Registre National des crédits".
FriendsClear, la société de prêts participatifs pour des projets professionnels (et bientôt personnels) dont je suis un des fondateurs et le Directeur Général est associée à l'initiative en faveur du fichier positif avec Aqoba, Banque Accord Oney, Crésus, Empruntis.com, Experian et Prêt-Crédits.
Nous avons publié un communiqué commun sur le sujet.
L’association Crésus qui lutte contre le surendettement des ménages et fait partie de cette initiative a apporté des nouveaux éléments au débat à cette occasion qui complètent ceux présentés dans mon précédent billet sur le fichier positif. L'absence de fichier positif en France a ainsi un impact sur le montant moyen des dossiers de surendettement qui, privé de tout mécanisme de contrôle, s'établit à un niveau moyen très nettement supérieur aux autres pays européens dotés d'un tel dispositif.
Pays | Endettement par habitant (1) En Euro | Montant moyen du dossier de surendettement (2) en Euro | Ratio |
Pays-Bas | 25 600 | 22 000 | 86 % |
Allemagne* *Faillites civiles Allemagne** **Procédures de désendettement |
18 500 |
36 000 28.500 |
194 % 154% |
Belgique |
16 600 |
15 000 |
90 % |
France |
15 200 |
41 700 |
263 % |
(1) Inclus crédit immobilier et crédit à la consommation.
(2) Les définitions du surendettement sont similaires, mais pas absolument identiques entre les pays - cet élément n’affecte pas l’analyse qui apporte la démonstration accablante selon laquelle en l’absence d’un fichier positif en France, le traitement curatif du surendettement intervient trop tardivement alors même que l’accès au crédit des ménages s’avère largement inférieur aux moyennes européennes. (texte repris du schéma original)
Sources : DOC.FEDERATION CRESUS NOV.09 - Banques Centrales – *SCHUFA – BKR -**CARITAS
J'en profite pour rappeler que le fichier positif n'est pas le facteur déterminant du niveau et de la qualité de l'endettement (à l'inverse de ce que se laisse à dire certains de ses détracteurs). Sa mise en œuvre ne vise qu'à améliorer pragmatiquement certaines situations qui aujourd'hui sont (scandaleusement) négligées.
Vous trouverez plus d'information sur le site dédié de l'initiative : www.creditpositif.com qui va devenir www.registrenational.com
Rédigé à 11:32 dans Banque 2.0, Banque, Finance, Assurance, Pret participatif, Microfinance, P2P Lending | Lien permanent | Commentaires (5) | TrackBack (0)
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